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Dire kabyle, verbe universel

Archive. Ce fut il y a quelques années, salle Daquin à La Ricamarie, dans la Loire. Mais c’est toujours ainsi avec Idir, retrouvailles à jamais sincères et généreuses avec un lumineux artiste.

Idir (photo DR)

« Quand je suis sous le ciel de mon pays, je regarde une étoile qui ne brille pas plus qu’ailleurs. Elle brille simplement autrement ». Daquin comme un cocon. Comme une chaleureuse veillée où tous les voisins seraient venus se chauffer au coin de l’âtre. Serrés les uns contre les autres, solidaires, heureux d’être là à mutuellement s’enrichir. Idir est sur scène, lui et ses chansons, à chaque fois « trois minutes de voyages, de rêves et d’utilité si on y arrive ». Des chansons qui, à elles toutes, forment le chant majeur d’Idir, somme de simplicité et d’émotion, d’inspiration traditionnelle et de respirations. Qui nous restituent les joies et les peines, la vie quotidienne des femmes, les désirs frustrés, la calebasse saccadée qui rythme la tête et le cœur… Et ne nous parlent que de son pays. En tristesse belle, mais en tristesse quand même. Des chansons douces comme quand on berce un enfant, qu’on le console et qu’on lui donne la force d’affronter l’avenir…
Par lui le public, son «métal précieux», retrouve l’ambiance de là-bas, le sel de la fête, le sucre de la douceur. Et accompagne l’artiste par ses murmures modulés à l’unisson. A quelques titres près, les spectateurs connaissent tous tout le répertoire d’Idir : ça fait bien longtemps que, de villes en villes, il le diffuse comme le plus agréable des parfums d’Orient. C’est patrimoine commun. Son identité est la nôtre et nul n’est besoin d’être natif de Tizi-Ouzou pour vivre, le temps d’un concert, la fierté d’être kabyle, d’une culture minoritaire mais fière, qu’il s’emploie à frotter à d’autres vents, à mêler à d’autres racines, dans une rare évidence musicale : « Ça, c’est une flûte irlandaise. J’y fais de la musique kabyle dessus : c’est une forme d’intégration ». Hommage à Matoub Lounès, chanteur assassiné, fleur coupée devenue étoile. Les fleurs repoussent, la culture kabyle est toujours en terre. Idir, en jardinier enchanté, s’y emploie.
Une première partie pour «dire et communiquer» où Idir est tribune, formidable ode à la vie et à la tolérance ; une seconde plus enlevée parce que faire la fête est chose essentielle : le concert d’Idir fut encore un moment rare et important. L’artiste de rappeler, avant d’interpréter A vava inouva, que c’est par ce titre qu’il devient fortuitement chanteur. Que, foudroyant succès d’une chanson, une seule, il dut abandonner, bienheureux destin, son métier tout tracé d’ingénieur en forages pétrolifères pour celui de vedette. Et ma voisine d’alors de me souffler que « s’ils n’ont pas de pétrole, ils ont des Idir ». Idir le kabyle, chanteur à l’énergie renouvelable, l’idée ne manque effectivement pas de sens.

Une réponse à Dire kabyle, verbe universel

  1. Danièle Sala 18 février 2014 à 9 h 45 min

    Idir explique très clairement la difficulté d’imposer sa culture et son identité kabyle au sein de l’Algérie .
    https://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=yEZkfX9ssfg

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