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Orelsan sent (pas bon)

Orelsan (photo DR)

Oui, je comprends qu’on puisse se féliciter, si tant est qu’on y accorde de l’importance, des deux Victoires de la musique octroyées à Thiéfaine et, dans le même temps, s’offusquer des deux autres accordées à Orelsan.
Au lendemain de ses victoires, Orelsan était convoqué par la justice, au tribunal de Paris, devant la 17e chambre correctionnelle, poursuivi qu’il est pour « provocation au crime » par le mouvement Ni Putes Ni Soumises.
L’audience prévue ce 5 mars a été renvoyée au lundi 7 mai.
Aurélien Cotentin, dit Orelsan, à été l’heureux récipiendaire de deux Victoires cette année : celle de la « révélation du public » et celle de l’ « album des musiques urbaines » (pour « Le chant des sirènes » paru chez Wagram). Belle récompense après avoir provoqué, en 2009, une réelle indignation pour sa chanson « Sale pute », qui décrit en termes pour le moins crus la colère d’un jeune homme trompé, menaçant sa compagne des pires outrages et violences physiques.
Pour Ni Putes Ni Soumises, la chose est entendue : par cette chanson, Orelsan « incite à la haine des femmes » et ce « déballage de haine sauvage n’a rien à voir avec la liberté d’expression. » L’association voit en cette chanson « une incitation à la violence la plus ignoble qui met en scène le désir de viol, de violence, de torture et d’assassinat et exprime le mépris le plus profond pour toutes les femmes. »
Méprise totale pour Orelsan qui explique, lui, qu’il s’agit d’une « oeuvre de fiction sur la façon dont une pulsion peut transformer un homme en monstre », et non d’une apologie de la violence conjugale.
Le tribunal jugera. Reste que les Victoires se sont entretemps immiscées dans le débat judiciaire, donnant à Orelsan deux médailles et la reconnaissance médiatique, bel atout pour son avocat à la barre. Est-ce serein pour la justice qui doit ensuite se prononcer ? Les patrons des Victoires qui nominent et les « professionnels de la profession » qui récompensent n’auraient-ils pas dû s’abstenir, laissant la justice suivre normalement son cours ? Notre époque est décidément compliquée où on voit des ministres de la République exercer malgré des mises en examens, où on voit un tel chanteur pour le moins sulfureux être couvert de louanges malgré, lui-aussi, une convocation en justice.

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18 Réponses à Orelsan sent (pas bon)

  1. Norbert Gabriel 6 mars 2012 à 14 h 36 min

    Méprise totale, dit Orelsan, mais dans des forums sur le sujet « sale pute » il y a eu pas mal de commentaires rigolards disant en gros, « c’est normal en banlieue » … pour une petite partie de décérébrés, faut pas généraliser non plus. Mais tout de même, lors du procès de Sohane Benziane, brûlée vive, il y avait une noria de jeunes qui chantaient près du tribunal « NONO Pyromane.. » et la plaque commémo a été cassée plusieurs fois…
    Alors, Orelsan, tu devrais réfléchir un peu avant de vomir tes insanités. Quant à ceux qui te récompensent, c’est un de ces mystères qui me laissent pantois. Ce sont les mêmes qui ont toujours oublié Leprest…

    Et cet après midi, à Marseille, c’est le dernier adieu à Dominique Bouzon, la très belle flûtiste qui accompagnait Bïa, et qui a fait quelques belles pages de Black and Blue avec Alain Gerber. Salut l’artiste.. Tu aurais dû rester encore un peu, comme disait Jean d’Antraigues…

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  2. Vivi 6 mars 2012 à 14 h 58 min

    comment peut-on avoir décerné des prix à ce mec! Les responsables sont-ils sourds! C’est honteux;

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  3. Sylvain Adeline 6 mars 2012 à 15 h 10 min

    Ce qui est honteux c’est qu’on criait au génie quand il s’agissait d’un morceau porno de Gainsbarre et qu’on s’offusque quand Orelsan romance la réaction d’un mec qui surprend sa nana en train de le tromper… Ce qui change : l’époque, le goût de l’ordre moral et le conformisme en plus. L’Art meurt si on ne lui laisse pas la liberté de tout dire. On aime ou n’aime pas le morceau, mais il a le droit d’être… Juste parce qu’Orelsan est rappeur, on cristallise ce vrai problème de société sur son nom et continue la stigmatisation du gars de quartier. Rien à voir avec Aurélien, l’homme, qui me semble bien moins « méchant » que ce qu’on tente de faire croire… Les sectes du penser juste font seulement le jeu des extrémismes et scindent encore plus la société. Et sur ce point, je rejoins Orelsan dans son texte « Suicide social »… Voyez le second degrés, voyez la profondeur d’un texte, cherchez la compréhension plus que la conclusion hâtive. Le morceau était sorti seulement sur internet quand il a été pris à partie et cela redonnait un peu de peps à la carrière de Buffet et de Royal de s’attaquer au jeune macho !!! Quand je l’ai entendu la première fois, le morceau m’a même touché… Demandez à ma nana si je suis un macho pour autant ! C’est dire si le jugement est facile et hors de propos d’après moi !
    Continuons-donc à promulguer des lois contre le niqab pour 1000 personnes en France et à laisser des photos porno sur les devantures de PMU partout ailleurs, la condition des femmes va évoluer, c’est sûr ! (ironie amère).
    Pas de pro-islamisme dans mon propos, je suis totalement athée, juste un dégoût pour les moralistes et les censeurs. On se ferme à l’humour, à l’esprit… Le rap est truffé de ce qu’on appelle des punchlines. Des phrases chocs, comiques, parfois dures mais souvent drôles. Aujourd’hui, Brassens, Coluche ou Desproges seraient relégués aux bars et seraient peut-être censurés aussi… Je me suis trompé d’époque je crois. Voilà, j’avais besoin de réagir à cette annonce. On se trompe de cible !

    Réponse : Rap ou pas rap, je m’en fous. Le rap n’est pour moi qu’une subdivision de la chanson. Et là ne me semble pas être le problème. Convenez au moins d’une chose, Sylvain : que la sagesse des membres de l’Académie des Victoires et des votants aurait été d’attendre avec sérénité la décision de justice, quitte à reporter ces Victoires à Orelsan pour un de ses futurs albums. On a l’impression de se substituer à la justice en médaillant par avance l’accusé. Que le showbiz est supérieur à toute justice, qu’une fois de plus l’argent est supérieur à toute morale. Et ça fait mauvais effet… MK

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  4. Beline 6 mars 2012 à 15 h 36 min

    J’ai du mal à comprendre, Sylvain, ce qui vous a touché… Je ne connaissais pas, j’ai écouté, je me suis sentie mal à l’aise et assez écoeurée… La condition des femmes recule, beaucoup le savent, j’ai comme l’intuition que cette chanson ne va pas aider à améliorer les choses, pour Benziane et toutes les autres.

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  5. Norbert Gabriel 6 mars 2012 à 16 h 16 min

    Cher Sylvain , la « romance » du mec trompé qui va avorter son ex à l’Opinel, admettons, chacun ses fantasmes… Le morceau porno de Gainsbarre, c’est quand même pas un appel au meurtre.
    Que quelques gus trouvent amusant et assez banal dans le propos des banlieues, les promesses à la « sale pute », ça me gêne. Beaucoup.
    D’autant qu’après « sale pute » il y a un autre hum-chanson dont les promesses de violences s’exercent dans un autre registre. Là; on est dans la récidive. Ou la pathologie lourde.
    La liberté de tout dire, pourquoi pas ? Orelsan est une petite crapule ordinaire qui a écrit « suicide social », c’est ma liberté de dire … Dans le même genre de débat, il y a Céline le génie qui a écrit « Voyage au bout de la nuit » et quelques livres immondes, et géniaux ??
    Je suis une sorte d’handicapé mental, puisque je suis incapable de trier dans le génie ce qui est sublime et ce qui est immonde quand ça vient d’un même génie. Mais j’essaie de me soigner… quand même.
    Toutefois ayant entendu Orelsan dans une émission de Didier Varrod se mettre au niveau de Ferrat, (Nuit et brouillard) Ferré et quelques autres censurés de haut vol, je trouve qu’il y a une confusion regrettable dans la hiérarchie des valeurs. Ou une hypertrophie de l’ego assez préoccupante pour l’intéressé.

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  6. Danièle Sala 6 mars 2012 à 16 h 54 min

    C’est la première fois( et la dernière) que j’écoute cette chanson, d’une violence inouïe et je suis écoeurée , Pour me remettre de ces insanités, je retourne à la flûte magique de Dominique Bouzon …
    Evidemment, je suis d’accord avec vous, il n’aurait pas dû avoir ces victoires, c’est une insulte à la justice et aux femmes .

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  7. Danièle Sala 6 mars 2012 à 16 h 59 min

    C’est la première fois (et la dernière) que j’écoute cette chanson d’une violence inouïe, et je suis écoeurée. Pour me remettre de ces insanités, je retourne à la flûte enchantée de Dominique Bouzon. Et bien sûr je suis d’accord avec vous, les deux victoires que cet individu vient de recevoir sont une insulte faite à la justice et aux femmes .

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  8. henri 6 mars 2012 à 18 h 46 min

    Cette « chanson » est tout simplement ignoble. Le deuxieme degre est extremement commode pour faire passer des trucs crades. Mais c’est dans l’air du temps: il y a des choses un peu semblables dans l’Art contemporain, quoique pas si violentes que les paroles de ce rap. Si il s’agit de peindre les etats d’ame d’un mec frustre/trompe, ca m’inquiete sur le nombre de quidams dans cette stuation qui seraient pousses a reagir ainsi. Quelqu’un evoquait les banlieues: dans un reportage, j’ai vu des jeunes gars de 17/19 ans qui repondaient sans sourciller que si une nana ne filait pas droit, et bien c’etait « la lame ». Et ils n’avaient pas l’air de faire du « 2eme degre »…Alors ce monsieur devrait peut-etre reflechir un peu a ce qu’il lance sur Internet.

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  9. Mélanie 6 mars 2012 à 19 h 42 min

    Merci à Sylvain d’avoir un commentaire intelligent.
    Messieurs dame, est-ce qu’NTM méritait d’être condamné pour haine de la police? est-ce que les mêmes NTM étaient responsables des émeutes en banlieues parce que 5 années auparavant ils écrivaient ce titre « qu’est-ce qu’on attend pour mettre le feu »? (et ne les croyez vous pas capable d’utiliser cette phrase au sens figuré?)….vous croyez vraiment que le rap incite à un certain comportement? vous n’imaginez pas qu’il en soit le reflet plutôt?……vous avez peut-être pas remarqué, mais le rap c’est violent (et si on pousse un peu la reflexion, on peut comprendre pourquoi et d’où ça vient) et c’est en effet bien loin de vos cartes postales de la chanson française.

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  10. Mélanie 6 mars 2012 à 19 h 54 min

    …en revanche on peut trouver discutable d’écriture de cette chanson !!!

    et je voulais ajouter une chose : en matière de dégueulasserie à l’égard des femmes, je vous conseille de revoir les interviews de Ferré quand il cause de nous.

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  11. FESTIV'ART 6 mars 2012 à 19 h 54 min

    Pardon de ne prendre aucune hauteur dans mon propos, de ne me soucier en rien des considérations sur la liberté de l’artiste… ici, en Ariège, une jeune femme vient de mourir sous les coups de couteau de son compagnon, sa petite fille couchée dans la chambre d’à côté. Et cette nouvelle m’a terrassée… Je ne peux pas écouter cette chanson, quand bien même on parviendrait à me convaincre qu’elle a un second degré ! Vraiment, ça suffit toutes ces violences faites aux femmes ! Jeudi, nous serons le 8 Mars et l’on ne manquera pas de rappeler les chiffres épouvantables qui en témoignent douloureusement !

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  12. henri 6 mars 2012 à 20 h 23 min

    Pour Melanie:
    Je ne sais pas s’il fallait ou non condamner NTM. Ma tendance est plutot anti -condamnation, mais cela dit, il n’est pas innocent de balancer n’importe quoi sur les ondes ou sur Internet. Ce qui est etonnant tout de meme, c’est ce droit qu’aurait certains au nom de l’Art ou de la libre expression de ne jamais penser aux consequences possibles de ce qu’ils vehiculent. Si quelqu’un lance dans une chanson des trucs foncierement antisemites, anti arabes, anti black, on ne va pas lui cirer les pompes. Personne n’ecrira que c’est du 2eme degre. Le texte du rap de Orelsan est un catalogue de violences particulierement explicites, physiques et verbales dirige contre une femme par un mec qu’elle a delaisse. Une femme, juste une « meuf », quoi .Le mec en question, des le debut du texte lui dit qu’il la croyait « differente des autres petasses ».Differente, mais petasse quand meme… Ce qui m’interpelle la-dedans, c’est que quelqu’un puisse en arriver la par depit amoureux. Et il ne se limite pas a « salope. je vais te defoncer la tete », il faut aussi que l’enfant eventuel de cette femme en prenne un peu pour son grade. La violence du rap peut avoir des explications, ce n’est pas pour ca qu’il faut en rajouter. Un type, qui dans la realite fonctionnerait comme celui de ce texte devrait etre mis a l’abri, le temps de le calmer un peu, de proteger les alentours, et d’essayer de trouver pourquoi il a pete un plomb comme ca. Pas lui faire subir ce qu’il decrit. « J’veux qu’tu tombes enceinte et qu’tu perdes l’enfant » .Tres interessantes aussi les allusions au viol anal.. Il faut oser commettre un truc pareil.Je me demande si monsieur Orelsan accepterait d’etre traite sur ce mode -la s’il trompait quelqu’un.
    Le rap est le reflet de quoi? De la violence de la societe face aux rapers?
    Quest-ce que la culture rap, reflete quand on en arrive la? La societe, ou sa propre violence?
    Le paradoxe, c’est que ce texte qui suinte la haine est bien construit. Pas une carte postale?Il est assez agreable de recevboir des cartes postales de temps a autres, pour se changer des horreurs quotidiennes, et garder un peu de raison.

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  13. sarclo(ret) 6 mars 2012 à 21 h 05 min

    moi je peux dire une chose: j’ai passé deux heures dans un bus avec derrière moi MC Solaar qui disait des bêtises machistes. Orelsan tient la même couche et il est pas plus drôle. J’ai pas réussi à en écouter beaucoup, de ses chansons, mais aligner autant de maladresses lourdingues et en faire un genre, je trouve pas ça super intéressant, mais ça fait le buzz et c’est un travail de communication. Les Victoires de la musique comme aboutissement de ce travail de lobbying pour la connerie, pourquoi pas…

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  14. cpierredon 6 mars 2012 à 22 h 53 min

    Marre d’entendre, de voir, de lire des gens qui trouvent toujours une excuse à la plus abjecte des bêtises humaines. La liberté d’expression, grand mot qu’on vous balance à la gueule chaque fois qu’un imbécile sort son couplet de haine. Remarque, en ces temps électoraux, ils ont toujours de beaux modèles de « liberté d’expression » tenus par quelques zom politiks, qui ne font que mettre de l’huile sur le feu dans l’espoir de gagner des élections. Nous sommes dans le même monde, non celui de l’art, celui de la communication. Celui des lobbys, de l’argent roi, des footballeurs milliardaires qui se demandent si ils vont rester Français si on leur pique trop d’impôts. Ces artistes n’en sont simplement pas, se sont des marchands. Si demain la biguine devenaient à la mode, ils se présenteraient sur scène avec des robes en fleurs et les pieds nus. L’art, ce n’est pas crier sa haine de façon brutale, ce n’est pas chercher la provocation, c’est bien plus profond que ça. Et si l’art se fait brutal parfois, ce n’est pas par un calcul d’audience, mais parce que la vie est brutale parfois. Ici, tout est soigneusement calculé, à la manière d’un lepen durafour, la même technique pour le même effet, engendrer des polémiques, créer le buzz comme on dit de nos jours…

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  15. Kart Ine Martine Cloetens 7 mars 2012 à 9 h 08 min

    Je crois qu’il y a des lignes à ne pas dépasser, qu’il soit primé me choque même si je suis une fervente défenderesse de la liberté d’expression…

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  16. Henri 7 mars 2012 à 13 h 54 min

    Oui Malanie, je suis d’accord avec vous la-dessus: Ferre a ecrit de belles chansons, et s’est fendu de reflexions parfaitement nulles a propos des femmes, comme Gainsbourg d’ailleurs.Comme quoi on peut etre doue, et un peu con aussi a ses heures…

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  17. Jérôme Raynard 7 mars 2012 à 23 h 27 min

    Je suis de passage ici, tombé par hasard en cherchant des petites choses sur Lavilliers… et puis j’ai vu ce billet… je ferai court mais il convient de préciser qu’ Orelsan lui même, conscient de la violence de ce morceau, ne le joue pas sur scène et ne l’a pas sorti
    On emmerde un artiste pour un titre vengeur, violent et de bas étage certes… mais combien on ressenti cette violence dans d’autres situations sans exutoire pour l’exprimer ?
    La musique et l’écriture, quoi qu’on en dise, ça peut aussi servir de défouloir.
    Voila pour la petite précision

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  18. HUMPHREY 10 mars 2012 à 18 h 05 min

    « Déconner, déconner, on peut pas toujours déconner. »

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