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Le pari Jazz de Georgette Lemaire

Georgette Lemaire album Paris-Jazz 22 titresSi elle sort un disque, vous ne trouverez que peu de journalistes pour en faire sinon chronique, au moins mention. Mais si elle menace de se faire jeter de son appartement pour cause d’impayés et se retrouve à la rue, même (et surtout les télés) se rueront sur l’événement : une ancienne gloire de la chanson frappée de misère, ça fait vendre. Grandeur et décadence du showbizz ! C’est ainsi qu’il y a peu, on a reparlé de Georgette Lemaire, 71 ans… Et, dans la foulée, quitte à faire, de ce nouvel album dans lequel elle revisite un Paris-Jazz, fait de reprises.

Retour en arrière : encouragée par sa mère, la jeune Georgette Lemaire s’inscrit en 1965 au Jeu de la chance, le télé-crochet alors en vogue qui se cherche la nouvelle Piaf. Georgette tiendra cinq semaines, plébiscitée par les téléspectateurs. Elle finira deuxième, derrière Mireille Mathieu, la demoiselle d’Avignon. Philips lui signe un contrat ; Charles Dumont lui écrit ses premières chansons. Suivent quinze années de succès. Puis son nom s’estompe peu à peu, désormais rangé au rang des vieilleries. C’est dommage. Chaque tentative de relance sera sanctionnée par un échec. Ainsi, il y a cinq ans, son dernier album de pure création, Inoubliable, qui ne déméritait pas, loin s’en faut. Mais consacrer un article à Georgette Lemaire, c’est passer pour une ringard aux yeux de la profession.

Georgette Lemaire sort donc un nouvel album, fait de reprises, toutes teintées jazz (le trio de musiciens est composé de Bob Sellers, Laurent Chavois et Eric Perez), qui toutes nous content Paris. 22 chansons sans passion dans l’interprétation, d’une tonalité égale, mais pas sans âme.

Lemaire qui, à ses débuts, s’est fait connaître comme possible nouvelle Piaf, la chante ici sur quatre titres (J’m'en fous pas mal, Sous le ciel de Paris, A quoi ça sert l’amour, L’accordéoniste). Une sélection sur trois décennies (des années trente aux années cinquante) et un titre, un seul, plus récent : le Banlieue de Karim Kacel, comme un point d’honneur de Lemaire pour cette banlieue où elle vit désormais après avoir dû quitter la Capitale. Autre clin d’oeil à son propre destin, le J’m'en fous pas mal qui nous semble parler d’elle à présent.

Rien que du très classique dans le choix (bien d’autres chansons plus récentes nous parlent de Paris, qui, c’est vrai, est une source intarissable d’inspiration) : Piaf déjà citée, Trenet (La romance de Paris, Coin de rue), Lucienne Delyle (Mon amant de Saint-Jean), Cora Vocaire (La complainte de la Butte), Boris Vian (La complainte de Mackie), Jacqueline François (Mademoiselle de Paris), Yves Montand (Grands boulevards), etc. Et Aznavour, que Georgette Lemaire tient pour LE jazman français, avec La bohème et Paris au mois de mai. Pas de faute de goût dans cette sélection-là.

On a l’impression, vu l’étrange pochette où une typographie envahissante masque le visage de la chanteuse, que ce disque est surtout fait pour les touristes de passage à Paris plus que pour un désormais improbable public de la chanteuse. N’empêche : ce disque mérite le détour, anthologie particulière car pleine de trouvailles musicales, jazz il va de soi, orientalisantes parfois (Le dénicheur, L’accordéoniste)

Seul reproche, d’importance : les chansons ne sont ni millésimées ni crédités, comme si elles n’avaient ni auteur ni compositeur, ni créateur ni date de création. C’est assez incompréhensible et pour tout dire vulgaire de la part du producteur.

Georgette Lemaire, Paris Jazz, Marianne mélodie/Balablan music 2014. Le site de Georgette Lemaire, c’est ici. Sur Youtube vous trouverez quinze courtes séquences sur l’enregistrement de cet album. Ici le deuxième épisode : Image de prévisualisation YouTube

 

8 Réponses à Le pari Jazz de Georgette Lemaire

  1. Norbert Gabriel 12 mai 2014 à 10 h 41 min

    C’est un peu inattendu, mais pourquoi pas? On ne l’attendait pas dans cet exercice, je la voyais plus en blues, mais bon .. L’extrait n’est pas extraordinairement jazzy, c’est plus du jazz homéopathique, mais c’est un extrait… slow and cosy … Bon, je vais aller voir et écouter ça de près, on n’est jamais à l’abri d’une bonne nouvelle…

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  2. Danièle Sala 12 mai 2014 à 11 h 13 min

    Elle n’a pas eu de chance, Georgette Lemaire , pourtant sa voix et son authenticité auraient pu faire d’elle une grande chanteuse populaire . Les extraits de chansons , sur son site, sont trop courts pour se faire une idée, mais je suis curieuse de découvrir cet album .

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  3. Grante 12 mai 2014 à 18 h 49 min

    Dans votre article, concernant le choix des chansons dans le dernier CD de Georgette Lemaire : vous y citez « la Complainte de Mackie » en l’attribuant à Boris Vian, or à ma connaissance, il est seulement auteur des paroles françaises de cette chanson de Bertolt Brecht dans « l’Opéra de Quat’Sous » de Kurt Weill. :)

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  4. Grante 12 mai 2014 à 18 h 54 min

    Je suis totalement d’accord avec vous au sujet de Varrod et Manoukian, les apôtres grandiloquents de la médiocrité ambiante, qui n’a d’égale que leur prétention poétique !!! ;(

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    • Norbert Gabriel 12 mai 2014 à 19 h 52 min

      Qu’est-ce que Varrod et Manoukian ont à voir avec Georgette Lemaire ? Pour Didier Varrod, je ne me souviens pas que dans les nombreuses années Pollen quelqu’un ait eu l’occasion de noter « la médiocrité ambiante » de ses choix, Jeanne Cherhal, Olivia Ruiz, Véronique Sanson, Manset, Barbara, Camille, Bashung, Higelin, Arthur H, Chamfort, Lavilliers Jane Birkin, Thiéfaine, Balavoine, Maissiat, Emily Loizeau et quelques autres sans doute autant de médiocres qu’il a contribué à programmer régulièrement.
      Sinon pour avoir quelques uns de ses livres, j’aimerais bien avoir son talent de plume…. Mais ça, c’est chacun son goût…

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  5. Patrick Engel 19 juin 2014 à 17 h 04 min

    Alors que l’on était en droit de craindre le pire, la voix est loin d’être désagréable ma foi, surtout si l’on songe à certains de ses confrères chanteurs de son âge qui s’entêtent à continuer à se produire sur scène, à l’instar par exemple de….. Ah, zut, plus d’encre !

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  6. Carraro 28 octobre 2014 à 11 h 08 min

    Je suis cette grande chanteuse depuis ses debuts. Il n’est pas utile de dire qu’elle aurait pu faire ceci ou cela, elle a vecu sa vie d’artiste tres honnetement vis a vis de son public, je n’en demandais pas plus. J »adore son VD Paris Jazz il est tres agreable a ecouter je le passe presque tous les jours. La simplicie souligne le talent, elle n’en manque pas. Bravo
    Alan Carraro

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  7. hedin 11 mai 2017 à 15 h 07 min

    je me souviens de ce dimanche après midi ou Georgette est apparue sur la scène du « jeu de la chance ».J’ai reçu sa voix en plein coeur.Je suis devenue une fan.J’ai acheté tous ses disques et assisté à ses concerts.Elle ne m’a jamais déçue.Sa voix est extraordinaire elle est intemporelle elle traverse le temps sans prendre une seule ride..Quand reviendra t_elle sur scène.Pourquoi pas l ‘Olympia mrs les organisateurs

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