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Georges Berthoud, de la fraicheur de ses appâts

beee10_540bae9e9757492ea35bb863a3d3c801.png_srz_p_270_184_75_22_0.50_1.20_0Il se dit être un espoir de la chanson française… « depuis cinquante ans. » C’est à l’École normale que Georges Berthoud découvre la guitare. Il écrit ses premières chansons « sur la mineur et mi7, deux accords qui ne me quitteront plus » même s’il en découvrent d’autres par la suite. « Se goinfre de Brassens, de Lapointe, de Brel et de Ferré » et débute dans la circuit des MJC, Maisons de la culture et universités. Tente d’épater les filles par la trompette, le trombone à coulisse, le contrepoint et la fugue : l’efficacité est toute relative. Il se retrouve d’abord enseignant, normal. Puis aborde d’autres professions. Et, chaque fois qu’il en a un peu le temps, redevient chanteur, à écrire des chansons et les travailler à la guitare : « J’ai fini par comprendre que, plutôt qu’au paradis, c’est dans la musique qu’était le salut de mon âme. Sauvé ! »

Car, sur le tard, il revient à son idée de départ, se lance dans le spectacle et finit, « nonobstant un dédain affiché pour la chose », par commettre un CD offrant treize de ses quelques cent chansons.

Donc, artiste en émergence dans un art où tout est déjà bien en place, sans doute depuis longtemps. La précision des mots, leur juste place. Pas un de trop, très belle écriture qui s’applique depuis des lustres aux pleins et aux déliés, calligraphie sûre qui ne sent ni la gomme ni le buvard. Perce l’influence des anciens, notamment du sétois tant dans la confection des vers que dans l’intonation, dans la malice aussi : « C’est pas que j’ai peur de mourir / Mais ça m’embête / Mais ça m’emmerde. » Ça nous parle évidemment d’amour (notamment par un emprunt à l’abbé de Lattaignant sur Le mot et la chose), tendre et parfois coquin, du temps qui passe, de mélancolie. Pas de bilan ici, mais la marque d’un vécu, d’un qui sait pourquoi et de quoi il chante : jeune artiste certes mais avec l’expérience derrière lui et la sagesse pour acquis.

On va d’un sentiment l’autre. De cette chanson où il rend hommage à ses parents (« Je vous au rêvés de cent façons / C’est dir’ comme vous m’avez manqué / Maman… Papa… ») à cette autre, course contre la montre de celle à qui la Camarde donne pour délai deux jours à la vieille pour qu’elle me meure pas pucelle… Celles-là comme les autres : toutes ces chansons que voici que voilà sont d’importance.

Trois guitares (dont celle, très présente, de son ami Jean Duino), flûte, violoncelle et harpe, portées classiques et classieuses, gracieuses : ce disque que personne n’attendait, d’un artiste que personne ne connaît, est une belle surprise qui vous tombe du ciel, plus sûrement vous arrive dans la boite aux lettres, et se laisse écouter, se laisse pénétrer. C’est parent avec certains coutumiers de nos platines mais c’est autre et nouvel ami encore.

Bon, ça c’est pour ce disque. Mais la scène ? Laissons-le répondre : « Se sentant comme chez lui sur la scène, il y prend ses aises, s’y raconte, s’y met à nu, et aime ça. Malgré un caractère ombrageux, est tout à fait disposé à se produire si l’on veut où l’on veut quand on veut, seul ou accompagné. » Si des organisateurs nous lisent…

Georges Berthoud, Le parfum des buis, autoproduit 2015. Le site de Georges Berthoud, c’est ici.

3 Réponses à Georges Berthoud, de la fraicheur de ses appâts

  1. Danièle Sala 28 juin 2015 à 22 h 27 min

    Une mise en bouche très prometteuse ! dommage qu’on ait pas un échantillon de ce parfum de buis …

    Répondre
  2. marc gicquel 12 août 2015 à 21 h 10 min

    humm, quand Michel Kemper écrit ainsi, on sent à la fois l’intérêt et l’affection pour un auteur qui est un artisan peu connu de la belle chanson…ça donne envie

    Répondre
  3. Georges Berthoud 2 septembre 2015 à 21 h 22 min

    Merci à Michel Kemper pour ce sensible et délicat commentaire.
    Danièle Sala..? « Ma » (si talentueuse flûtiste s’appelle Claire Sala… de Montpellier…
    Parente..?
    Il y a des extraits de chansons sur mon site :
    http://www.georges-berthoud.com
    Et j’envoie le CD à prix d’ami aux visiteurs de NosEnchanteurs.

    Répondre

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