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Les Naufragés, marins de mers intérieures

Les Naufragés (photo DR)

Les Naufragés (photo DR)

Les Naufragés et Dandy, 10 février 2017, Gare du Clapier à Saint-Étienne,

 

C’est – ce fut – une gare. D’importance. Chaque jour, des milliers de mineurs l’empruntaient pour aller au charbon, y descendre même. A quelques dizaines de mètres de cette gare du Clapier, la silhouette imposante du puits Couriot, devenu depuis musée de la Mine. La gare abandonnée s’est muée depuis peu en un lieu de concerts amplifiés. Un peu trop amplifiés même : le son envahit vite l’espace, les basses font vite garde-barrière aux mots qui tenteraient de franchir la voie.

Va-t-on savoir pourquoi, Saint-Étienne aime Les Naufragés, faux Bretons et marins de mers intérieures, de flots suggérés. Chaque fois que, depuis leur reprise d’activité il y a quelques années, ils viennent par ici, c’est blindé. Quatre cents personnes ce soir gare du Clapier et ce bandeau qui fièrement caracole au fronton : « concert complet ».

Entre les plus jeunes et les plus vieux, parmi le public, y’a bien quarante ans. Le folk et le rock, la chanson et la bière leur font cause et culture communes. Debout, serrés devant la scène ou au bar, à ne capter de ci de là que des bribes de mots, des vers plus lestes. Qu’il soit dit qu’à Saint-Étienne on aime les verts. Ah ! quand vous connaissez toutes les chansons par cœur, ça vous donne un bel avantage. Si je ne connais pas bien Les Naufragés, je suis en revanche incollable sur les marines, les chansons trads : à chacun ses classiques, Le grand coureur est un des miens : « Il est parti de Lorient, avec belle mer et bon vent / Il cinglait babord amure, naviguant comme un poisson / Un grain tombe sur sa mâture, v’là le corsaire en ponton / Allons les gars, gai, gai / Allons les gars, gaiement ! ». C’est vers chacun d’entre eux que l’adhésion du public monte plus encore. Que celui-ci fait chorus : « Il était un p’tit navire / Là-bas dans la mer lointaine / Les p’tits mat’lots bretons… / Ah c’qu’c'est triste / C’est bien malheureux ».

Copie conforme entre le disque en public et le concert d'hier au soir

Copie conforme entre le disque en public et le concert d’hier au soir

C’est une musique secouée comme par grosse mer, avec à bord de vieux loups qui savent mener leur barque : prestation exemplaire, plus que rodée. Devant de tels briscards, nous sommes passagers du vent, souffle épique chargé d’aventures. Le déroulé et le répertoire sont les mêmes que sur leur disque en public enregistré en octobre 2015 (bien pratique pour revivre le concert quand l’oreille n’a pu bien tout capter…). Du sans surprise, mais du solide. La scène est étroite comme un bureau de chef de gare, comme une dunette sur le gaillard arrière, mais chacun est à son poste et Jean-Michel, le chanteur, est Poisson dans l’eau, piranha sans doute tant il cannibalise son public. Guitare, guitare électrique, basse, batterie, accordéon, groupe classique pour une prestation qui l’est moins. Qui peut suggérer le tzigane, vous bluffer même, et prendre pied dans le baroque (le menuet du Merle moqueur, d’une grande actualité quant à la misère), à la manière du meilleur de Malicorne. Et le titre d’après vous tire de derrières les tonneaux (de rhum) un bon vieux Johnny qu’ils payent Cash.

Répertoire pour le moins éclectique, électrique aussi, dont le liant, le lien est l’énergie, le talent, l’aisance scénique. Quand on aime la chanson, il faut avoir vu Les Naufragés au moins une fois.

On dira la même chose, pour des raisons forcément différentes, de nos amis clermontois de Dandy, venus hier en première partie s’exposer pour la première fois au public stéphanois et chauffer la gare : mission réussie avec la difficulté d’un répertoire moins dansant, d’une thématique moins évidente, extrait de leur dernier album, Poteaux carrés. Des textes solides, bien charpentés, musicalement biens amenés, bien armés. Avec là aussi la difficulté (pourra-t-on la résoudre un jour, en cette salle comme ailleurs ?) de la transmission : entre l’émission et la réception, quelque chose la rend presque inaudible. Ce qui est quand même dommage.

 

Le site des Naufragés, c’est ici ; celui de Dandy, c’est là. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Dandy, c’est ici.

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Une réponse à Les Naufragés, marins de mers intérieures

  1. Lanatrix alain 11 février 2017 à 14 h 10 min

    Efficace et entraînant ! On peut embarquer sans crainte de s’enliser, y a du vent dans les voiles !

    Répondre

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