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Et Roucaute devint le Minotaure…

Gilles Roucaute

Gilles Roucaute (photo Thierry Lescant, pas facebook de Roucaute)

C’est rare, pour écouter un disque, d’en feuilleter les pages, avant pendant et après, qui plus est de si belles pages illustrées. Voici le dernier opus en date de Roucaute, un livre-disque mis en pages par sa compagne, Yag Van Licht, un « voyage aux confins du merveilleux et de l’intime » [sic].

« Allez viens, ma jolie, entre / Bienvenue ici dans mon antre / Tu pleures, tu tords tes mains, tu cries, tu mords / Mais tes cris ne font rien au Minotaure… » Certes on peut se limiter à la seule écoute des dix titres de l’album. Mais ce serait gâcher. L’album se feuillette lentement, les images se lisent, s’apprécient, s’admirent même, qui alternent la sombre et la lumière, l’inquiétant et le pas rassurant, le cauchemardesque d’un disque qui fait presque catalogue du pire : ce Minotaure qui aimerait tant partager se vie avec vous (« Allez, ma beauté, mouche / Ce nez qui veut couler sur ta bouche / Ce qui t’attend ici c’est pas la mort »), L’Appel de Bébé (« odeur abjecte, croûtes et vomi accumulés »), une chanson de Leprest où il n’se passe rien, l’identité sexuelle, la période électorale qui s’ouvre, l’homme qui dort dehors « couché dans un trou du décor » comme Ça commence à peine, chanson écrite dans les jours qui ont suivi l’horreur terroriste du 13 novembre 2015. Des chansons qui d’ailleurs ont pris leur source en des situations fort différentes, certaines lors d’ateliers d’écriture, peut-être pas celle sur Bébé…

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Malgré la « concurrence » (qui d’ailleurs n’en est pas) cet album (présenté dernièrement au Forum Léo-Ferré d’Ivry-sur-Seine, dans une de ces soirées que seul Roucaute sait organiser, avec un luxe de détails, de raffinements et de petites attentions qui font toute la différence) sort du lot des sorties de l’année. Par sa présentation qui ne relève pas du hasard (notons qu’on peut trouver ce disque en librairie et ce disque chez les disquaires qui existent encore) il va de soi, par son contenu aussi : ces vers qui, selon relatent ou suggèrent ; cette voix qui, toujours calme, pose l’action, crée l’ambiance, ménage la suspense. Une voix qu’une écoute superficielle pourrait croire sans relief, qui pourtant grave ses textes à la manière d’un poinçon, d’une taille douce immédiatement identifiable : une signature. Des textes aussi entêtants que leurs partitions (de Roucaute, Yadh Elyes et Matthieu Verguet) interprétées aussi sobrement qu’efficacement : oh, l’oud sur La Frontière !

C’est à l’ultime plage, Je pars (qui nous fait songer un peu à Nicolas Peyrac), que Roucaute rebat les cartes par cette chanson qui longtemps nous restera dans l’oreille :« Si vous n’avez rien à défendre / Plus qu’à aller plus loin me pendre / J’y vais et j’y vais de ce pas / Je pars, je pars / Allez j’me tire, salut j’me barre / Je pars, je pars / Me chacher loin de vos cauch’mars. »

Ce (beau) livre-disque peut facilement rentrer dans vos indispensables, il en a le statut. Et ferait, je crois, un fort beau cadeau à la Saint-Sylvestre : je dis ça, je dis rien…

 

Gilles Roucaute, Minotaure, livre-disque mis en images par Yag Van Licht, Les Frères de la Côte 2021. Le site de Gilles Roucaute, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

« Minotaure » : Image de prévisualisation YouTube

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