Vanessa Philippe « Combien d’efforts »

Vanessa Philippe

Paroles et Musique Vanessa Philippe. Extrait de l’album « Soudain les oiseaux » 2022

Depuis La fille sans qualités, 2011, Vanessa Philippe nous a habitués à nager entre deux eaux, avec l’humour des Seins  ou, plus noir, de Désintox « Je suis une baignoire blanche, je gis au fond de l’eau ». À l’abri du vent, en 2018 était déjà un album mélancolique et doux, et son dernier album Soudain les oiseaux (2022), sous une légèreté et une naïveté apparentes, exorcise une douleur plus grande encore, la perte en 2019 d’une sœur aînée aimée et admirée, écoutez Sister, insinuée, qui malgré son titre est majoritairement en français. Album que nous vous annoncions avec ce cri, Les maux, une des chansons de l’album où elle lâche prise. La pudeur qui habite sa souffrance semble la conduire à s’adresser en anglais à cette sœur dont elle ne supporte pas l’absence, à travers l’image du miroir au milieu de ce jardin d’Eden, Paradise.

Vanessa Philippe continue de mettre elle-même en vidéos les chansons de son album, dans des mises en scène et chorégraphies baroques et métaphoriques, dignes de contes de fées, où elle mêle ses deux symboles préférés l’air (les oiseaux) et l’eau (les poissons). La tonalité de l’album reste douce, un pop folk mêlée d’électro et une voix intime, presque murmurée, avec des envolées plus rock (Soudain les oiseaux : « Je suis comme sur un fil, je me lance dans le vent »).

De Suivre le soleil, « Je ne serai plus seule / Et je brillerai sous le ciel » mêlant ballade mélancolique et dissonances, à cette chanson qui abandonne le minimalisme juvénile tel une comptine de Si ce soir là pour se lancer dans un lyrisme fusionnel « Je danse en pantalon de soi / Et je tourne en manteau rose des bois / Je chante la musique parfois / Seule dans mon salon et dans le noir / Je mets un pantalon de soi / Une blouse au parfum de ta voix / Je m’habille avec ton sourire / Je m’imprègne de tes souvenirs / Et je danse je chante / Quand je danse avec toi », avant de se noyer dans Trop de larmes : « Au bord du miroir / Au pays des âmes / Mon âme sœur / Ton plumage / Me colle à la peau / Tu me manques / Je m’évade / Haut dans le ciel » .

Un album où fragilité et délicatesse peignent un tableau émouvant, où semble renaître, ténu, l’espoir de la vie, comme le bruissement d’un envol d’oiseaux.