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A la Comédie Française : Oh je voudrais tant que tu te souviennes

Au Studio Théâtre de la Comédie Française (photo Vincent Pontet / Comédie-Française)

Au Studio Théâtre de la Comédie Française (photo Vincent Pontet / Comédie-Française)

Pour la chanson Les Feuilles mortes, Prévert et Kosma ont trouvé les mots pour dire qu’à chaque musique, chaque chanson, correspond son lot d’émotions qui reviennent au plus intime. Un constat que valident, au passage, les scientifiques spécialistes du cerveau, comme récemment sur France-Inter Hervé Platel : « De nombreux moments où les périodes clés de notre existence sont rattachées à des musiques particulières. Des musiques qui constituent des jalons de notre mémoire autobiographique. Comme l’odorat, la musique détient le pouvoir extraordinaire de nous remémorer des émotions passées. » A chacune et chacun sa liste de chansons-émotions.

C’est à partir de ce qui s’apparenterait à l’aventure de nos vies en chansons qu’une partie de la troupe de la Comédie Française, sous la direction du metteur en scène Guillaume Barbot et de la direction musicale de son complice compositeur Pierre-Marie Braye-Weppe, enchante le studio situé dans la galerie du Carrousel du Louvre, à Paris. Ce spectacle-concert au titre sans appel, « Art majeur » comme l’est la chanson, répond à la question : « Une chanson peut-elle changer une vie ? ». La chanson art majeur? Les plus anciens d’entre nous se remémorent une fameuse séquence du magazine Apostrophes de décembre 1986 où Serge Gainsbourg affirmait au contraire, face à un Guy Béart sidéré tout comme nous, que la chanson était un art mineur, contrairement à la peinture, l’architecture ou la littérature. Séquence culte. C’est sur la scène du Studio où attendent nombre d’instruments de musique que la voix de Gainsbourg, par ailleurs fiévreux contributeur de la chanson, réveille les premiers souvenirs. Les comédiens entrent alors sur scène et s’accompagnent avec le titre sombre et existentiel Blizzard, du groupe Fauve, pour défier toutes les menaces.

Une vingtaine de chansons sont ainsi reprises, ponctuées par les textes courts de quatre romanciers et romancières centrés sur les premiers émois musicaux. Réels ou fictifs, ces textes (interprétés par les comédiens Thierry Hancisse, Véronique Vella, Léa Lopez et Axel Auriant) ont été écrits par Simon Johannin, Gilles Lery, Pauline Delabroy-Allard et Emmanuelle Fournier-Lorentz. Ce spectacle-album s’inscrit dans un décor où le bois domine le plateau, à la façon de l’intérieur d’un instrument. La couleur bleue avec des touches de noir se détache de l’ensemble, en écho à la chanson de Christophe Les Mots bleus. De quoi dessiner selon la costumière Aude Désigaux « un univers propice à la confidence à la fois rock et romantique. »

Les comédiens au diapason s’emparent de ces chansons récits d’une vie avec justesse. De Juliette Armanet (Imaginer l’amour) à Barbara (L’Amoureuse), de Gérard Manset (Il voyage en solitaire) à Jacques Higelin (Je ne peux plus dire je t’aime) en passant par Juliette Noureddine (La Boîte en fer blanc), le parcours suscite les souvenirs et émotions. A l’image du choeur final où, avec Nino Ferrer, l’on prend la direction du Sud rentré dans la légende. « Voilà l’occasion de se retrouver ensemble autour de nos chansons rituelles, nos chansons populaires, nos chansons secrètes, nos chansons oubliées, nos chansons de passage, nos chansons souvenirs, nos chansons de famille, nos chansons sourires » explique encore Guillaume Barbot. Avec un art majeur de  la synthèse, comme ces chansons qui nous rassemblent. En majorité.

 

« Art Majeur »,  Studio de la Comédie Française, jusqu’au 5 mai, du mercredi au dimanche à 18 h 30. Le site de La Comédie française, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit du Studio de la Comédie Française.  Pour aller plus loin : Discussion sur « Art Majeur ».  

Bande-annonce d’Art Majeur : Image de prévisualisation YouTube

2 Réponses à A la Comédie Française : Oh je voudrais tant que tu te souviennes

  1. Trihoreau 25 avril 2024 à 5 h 39 min

    Attention, il ne faut pas confondre le populaire faiseur de musiques Vladimir Cosma (né en 1940) qui n’a rien à voir avec le génial compositeur qu’était Joseph KOSMA (1905-1969).

    Le premier, d’origine roumaine, a fait des musiques commerciales pour le cinéma grand public. Certaines sont d’ailleurs assez belles.

    L’autre, d’origine hongroise, était un compositeur original et discret qui a mis en musique de nombreux poèmes de Prévert, mais aussi de Desnos (La fourmi), Sartre (La rue des Blancs-Manteaux), Queneau (Si tu t’imagines), Aragon (La belle jambe), etc.

    Plus encore que du talent, il avait du génie.

    Répondre
  2. ROGER 29 avril 2024 à 11 h 46 min

    Dommage pour nous…les réservations sont compètes mais c’est bien pour eux.

    Répondre

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