Spa 2025. Philippe Katerine, c’est gonflé !

Philippe Katerine à Spa (photos droits réservés NosEnchanteurs)

Francofolies de Spa, 20 juillet 2025,

Découvrir Philippe Katerine sur scène est une expérience revigorante. Un test ultime, qui vous fait mesurer vos limites et vous oblige à vous interroger sur ce que vous attendez d’un artiste. Un exercice pratique de surréalisme pour les nuls. Une catharsis collective pour faire remonter à la surface son âme d’enfant.

De grands mots pour le spectacle d’un clown (ce qu’il est fondamentalement) ? Pour avoir vécu le concert entouré de gens pas spécialement venus ce dimanche pour l’applaudir, je peux affirmer que les réactions de stupéfaction et de doute étaient nombreuses autour de moi. Beaucoup de réflexions du genre « Qu’est-ce que c’est que ce truc ? » ou « C’est un chanteur, ça ? », avec une conclusion définitive : « Il est complètement fou ». Des considérations émises par ailleurs avec bienveillance : je n’ai vu aucun départ fracassant de spectateurs indignés. C’est bien un large sourire que la prestation a fait naître sur les visages, et non une grimace offusquée.

Il faut dire qu’il commence fort, le Philippe. Apparaissant sur scène vêtu d’une énorme robe gonflable, coiffé d’un diadème rehaussé de plumes et une sorte de sceptre à la main, il chante sous nos yeux ébahis cette rengaine anarchique : Bonjour, je suis la reine d’Angleterre et je vous chie à la raie. Magnifique entrée en matière.

Sur sa lancée, alors que ses cinq musicien(ne)s l’encerclent pour l’ôter à nos regards, il quitte son inconfortable tenue pour nous réapparaître en très simple appareil : en string et pourvu d’une longue barbe descendant si bas qu’elle masque ses attributs, tel le célébrissime ermite du film des Monty Python La vie de Brian. Durant cette délicate opération de déshabillage est diffusé un florilège de commentaires courroucés (du style « J’avais honte d’être français »), que l’on devine émanant des réseaux sociaux, suite à son apparition dans la cérémonie d’ouverture des J.O. de Paris. Le chanteur peut donc alors entonner son hymne manifeste, Nu, montrant l’exemple en même temps que ses fesses.

Tout le concert est du même tonneau, mêlant chansons pop-rock-funk – courtes le plus souvent –, costumes extravagants et interventions loufoques. Pour la chanson du même nom, l’artiste fait monter sur scène un couple de spectateurs déguisé en banane et prénommés tous deux Philippe (comme d’ailleurs 90% du public, selon un sondage à main levée). Il nous interprète quelques nouvelles chansons, telle ce Zouzou en hommage à sa chienne, son Sous mon bob critique des apparences, ou cet autobiographique Total à l’ouest. Ses grands succès sont bien sûr de la partie, dont la corrosive Marine Le Pen ou le grinçant Blond, sans oublier son célébrissime Louxor j’adore, qui réjouit toujours autant le public (et le révolte lorsque le chanteur coupe le son).

Philippe Katerine est donc un vrai frappadingue. Qu’il est doux pourtant de le rejoindre dans son monde, où tout n’est que (auto)dérision, hédonisme et amour. Il nous rappelle avec justesse que le bonheur réside souvent dans de petites choses simples, comme manger une banane, se baigner nu, se promener à vélo dans Paris le soir, s’envoyer des bisous… Qui serait assez sot pour le désapprouver ? On ajoutera juste à sa liste de félicités : l’applaudir sur scène. Et comme il nous le chante au final : C’est un moment parfait, ne l’oubliez jamais !

Le facebook de Philippe Katerine, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là.

« Nu » : 

« Sous mon bob » :