CMS

Taparole est d’or…

vvvvvv (photos Norbert Gabriel)

Nos lecteurs trouveront-ils dans cette photo notre rédacteur vedette Patrick Engel parmi les fans des Cotons-tiges ? (photo Norbert Gabriel)

Un cirque.

Un putain de beau cirque déjanté, lumineux, accueillant, chaleureux, foutraque, voilà ce qu’est ce festival Taparole dont la treizième édition vient à nouveau de nous réjouir esgourdes et mirettes. Une représentation qui durerait trois jours, sans compter le off, et sans compter les numéros entre les numéros (je me comprends, c’est le principal…).

Un cirque vous dis-je, avec ses équilibristes (Garance et Tomislav), ses clowns (Manu Galure, Chouf, Florent Gourault, alias les Cotons-tiges), ses bateleurs (Fredo, des Ogres de Barback), ses jongleuses (Angélique Ionatos), ses lanceurs de couteaux (Les Yeux d’la tête), ses magiciens (Romain Didier), ses trapézistes (Loïc Lantoine) ou ses grands fauves (Debout sur le zinc), un cirque foutrement humain, un cirque mené à baguette (bienveillante) par une madame Loyale inflexible, Roxane Joseph herself, créatrice de ce beau barnum bariolé, et patronne par ailleurs du Centre de la Chanson et de la salle de la Menuiserie. Sans compter la myriade de bénévoles préparant les scènes, vendant les disques, ramassant le crottin d’éléphant, servant les bières ou débitant les crêpes au kilomètre au fond de ce jardin extraordinaire, de cette folle guinguette sous les lampions du ciel…

Sous le plus petit chapiteau du monde, Taparole est d’or. 

En plus, y’avait même pas de chapiteau, c’est une image, une licence poétique, quoi… Impossible de tout vous raconter, alors voici, de façon aléatoire et totalement injuste, quelques instantanés glanés des gradins ou de la sciure de la piste…

La touchante Garance tout d’abord, venu défendre avec brio son second album Les idées rock, accompagnée de Tomislav. En discret contrepoint avisé, celui-ci fait gémir sa guitare électrique en de longs feulements félins, griffant de caresses les mots sensibles de la belle.

Les deux comparses ont musclé le set avec l’emploi de boucles et d’un gros son à la belle pâte sonore électro (pâte sonore, si j’avais voulu écrire patte sonore, j’aurais écrit patte sonore…). Tout est pareil et tout a changé, ça envoie du bois, donne du relief, de la consistance et du volume à des titres qui n’en manquaient pourtant pas.                         Garance & the machines, en quelque sorte…

Dans un tout autre registre, Angélique Ionatos, label hellène, déploie dans toute l’intimité de sa formule guitare/voix les longues plaintes écorchées de sa sensibilité méditerranéenne. Une vraie présence !  Tout de rouge vêtue, elle dénude ses textes sur des rythmes volontiers alanguis, au fil d’un vagabondage âprement sensuel.   Sur un texte de Neruda, la guitare se fait flamenca, et lorsqu’elle reprend Ferré, c’est Cette blessure, forcément, et cela lui va fort bien.  Au détour d’un titre, elle s’amuse à définir les Grecs comme des orientaux désorientés… Ionatos, elle, s’empare des préjugés, et les nique (pardon, j’avais promis !).

Petit à petit, dans la grande cour commune, les guirlandes s’allument comme autant de petites lucioles lucides, donnant à l’ensemble un petit air de kermesse héroïque.

Romain Didier, qui sera tout le mois de juillet au Off d'Avignon (photo Norbert Gabriel)

Pour Norbert Gabriel, auteur de cette photo : « Romain Didier, sa belle écriture, son humour tendre ou féroce, et son piano qui voltige du jazz au classique, aérien ou tendu, avec de vrais morceaux de musique dedans, un régal… »

Ça papote, ça refait le monde plus beau qu’il n’est, autour d’un cubitenair verre de Borgognia, la fameuse spécialité locale à base de vin de fraise. Bref, toutes les conditions sont réunies pour accueillir dignement Fredo, des Ogres de Barback et son hommage à Renaud. J’aurais bien écrit que c’était hommage ET dessert, mais je ne m’abaisserais pas à ce style de jeu de mots déplorables que je laisserai à certains jeunes blogs musicaux que je ne citerais pas, mais qu’on aime bien quand même, à NosEnchanteurs ! Quoi qu’il en soit, le Fredo assure comme une bête, en marcel et gapette de marlou, gratte en pogne et piano du pauvre à ses côtés, lorsque son accordéoniste finit par le rejoindre en retard sur scène… Je ne les citerais pas tous, ces titres indémodables, ce soir c’est bal chez intemporel… Mais sur scène ou dans la salle, ils sont tous là, les enfants de l’hexagone de Gérard Lambert. Une grande tendresse avec de vrais morceaux de coups de gueule dedans, ce sont nos petites madeleines de Proust à nous tout seuls, et nous sommes pleins.  Putain, mais c’est qu’il nous manque, ce con ! Renaud reviens, ils sont devenus fous… Ou plutôt non, reste à tout jamais ce que tu as été pour nous, le Renard d’aujourd’hui chanterait-il sans broncher (ou alors du fond des bronches…) Société, tu m’auras pas ? Savamment intercalés, quelques titres des Ogres, puis le superbissime Au café du canal de Perret, et nous repartons avec le sourire aux lèvres et ces quelques mots inoubliables, forcément inoubliables : Elle a mis l’Bon Dieu / juste au d’ssus d’son paddock / elle y croit si tu veux / mais c’est pas réciproque…

Autre grand bonhomme, Romain Didier, seul au piano, vient nous compter de sa belle voix grave que c’est déjà le fond de la bouteille, et l’Allain n’est pas bien loin, bien moins aqueux sans doute que ledit piano, mais tout aussi noir… Les petits bijoux s’enchainent, tous plus finement ciselés les uns que les autres : Vie de femme, Les comptines, C’est une valse lente ou, justement, le très beau Dans ce piano noir. Chacun retenant son dernier souffle, l’émotion se fait prégnante dans le halo de lumière douce, sensible manifestation de nos sentiments confondus. Tous sensibles, tous sensibles, tous, touuuus ! Et grand merci, Monsieur.

[Une clause régalienne interne à NosEnchanteurs me pénalisant d’une caisse de Pommard à usage unique de Michel Kemper pour chaque paragraphe superfétatoire, je vais de ce pas vous priver d’une multitude de belles choses vues et entendues avant que ce dernier ne se voit obliger d’agrandir sa cave, pourtant aussi étendue que sa célèbre grande gueule faconde rabelaisienne].

Un dernier mot tout de même au sujet du concert de clôture, un tourbillon flamboyant offert par Debout sur le zinc, une magnifique communion païenne sur des rythmes échevelés, offerte à un public déchainé, pour lequel on avait pris la (sage) précaution d’enlever les sièges de la salle… Un vrai plaisir de retrouver les comparses à la revigorante complicité musicale : Simon (chant, violon, trompette), Romain (chant, clarinette, guitare) Olivier (banjo, mandole), Fred (accordéon), Cédric (batterie), auxquels sont venus se rajouter depuis peu deux nouveaux venus, Thomas (basse, contrebasse) et surtout Marie aux guitares, transfuge du groupe Face à la mer qui, une fois passé l’émotion des premiers titres, a littéralement marqué de sa présence lumineuse ce bouillonnant concert de clôture…

Une édition marquante de Taparole, de fabuleux moments de rencontres et d’échanges humains pour ce festival d’utilité publique que nous espérons retrouver très, très, très longtemps, en ces lieux ou dans d’autres.

Mais demain est un autre jour…

Frédo, C’est quand qu’on va où Image de prévisualisation YouTube

 

7 Réponses à Taparole est d’or…

  1. Danièle Sala 19 juin 2015 à 11 h 04 min

    Quel beau cirque ! Et comme c’est fichtrement bien raconté ! Oui, j’ai reconnu Patrick, à gauche, et « Tante Berthe » qui sourit au petit oiseau de Norbert à droite . Michel tu nous enquiquines avec tes clauses régaliennes qui nous privent d’un supplément de prose jubilatoire de Patrick !

    Répondre
    • Norbert Gabriel 19 juin 2015 à 16 h 43 min

      Un p’tit scoop sur la photo? Allez, je dévoile, on discutait gentiment avec Gérard Poli et Romain Didier, et les Cotons Tiges ont fait un de leurs numéros. J’ai simplement levé le bras assez haut pour passer au dessus des têtes, en vérifiant le cadrage global, sans voir qui était vraiment dans le cadre, à part les Cotons Tiges… C’est à la maison que j’ai vu Patrick Engel et Tante Berthe/La madonne des paumés, alias Michèle Brousse… C’est dire si le « talent » du photographe est très relatif parfois…

      Répondre
      • Michel Kemper 19 juin 2015 à 17 h 01 min

        Fais pas ta (Marie)Chantal, Norbert : on sait que tu as du talent !

        Répondre
  2. TaParole 19 juin 2015 à 11 h 57 min

    Merci beaucoup ! c’est beau !

    Répondre
  3. Patrick Engel 19 juin 2015 à 16 h 46 min

    Pas vu le petit oiseau de Norbert, tiens…

    Répondre
  4. Mick de toulouse 21 juin 2015 à 16 h 39 min

    Un petit rectificatif à ce bel article. Pour les Cotons Tiges c’est Hugo Gari et non pas Florent Gourault le troisième homme au côté de Manu Galure et Chouf. Florent Gourault joue dans un autre collectif avec Manu et Chouf : Les Fils de ta mère.

    Répondre
  5. Patrick Engel 23 juin 2015 à 9 h 46 min

    Au temps pour nous… Poètes, vos papiers !!!

    Répondre

Répondre à TaParole Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives