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L’Humagination au pouvoir ! [2/3]

Govrache à L'Huma (photo Vincent Capraro)

Govrache à L’Huma (photo Vincent Capraro)

Vous êtes encore là ? Bande de petits gourmands… Super, on y retourne !

Ce samedi, deuxième jour du festival, démarre sous un grand soleil radieux, lequel accompagne l’excellente nouvelle qui bruisse sur toutes les bouches : Balkany a dormi en tôle ! De ci de là, sur les stands, les promotions fleurissent pour fêter cela, et c’est à qui boira à la santé de la Santé… Son verdict, enfin un truc qu’il n’aura pas volé ! Autre rumeur persistante, celle qui annonce la dernière Fête de l’Huma en ces lieux, pour cause de bétonnage olympique dans les années à venir. Les uns annoncent Ivry comme future destination (ce qui serait cohérent, eu égard à l’historique de la ville), les autres Versailles (ce qui aurait comme un goût de délicieuse revanche, eu égard à l’historique de la ville, itou). Pour notre part, il est déjà 8h30 et nous sacrifions avec entrain aux huitres salvatrices, odes iodées idéales pour hydrater au muscadet nos pauvres petits corps meurtris par trop d’excès… À un jet de coquilles vides de là, le village du livre nous tend ses bras et ses bonnes feuilles, l’occasion de nous immerger un peu dans ses allées et de suivre au passage un chouette débat-rencontre autour de Daniel Mermet pour les 30 ans de l’émission « Là-bas si j’y suis… » Un bel échange brillant d’intelligence et d’espoir quant à la diffusion de la culture hors de sentiers battus, sujet qui nous est cher en ces lignes. La soupe est bonne, nous reviendrons demain en ces lieux !

Liesse au stand du PCF de Levallois (photo PE)

Liesse au stand du PCF de Levallois (photo PE)

Mais voici l’heure de l’indispensable grand-messe des non moins indispensables Sœurs de la Perpétuelle Indulgence, formidable association de prévention prônant une sexualité joyeuse, inclusive et décomplexée (mais en est-il seulement une autre ?). Maquillées comme des camionnettes vo(i)lées et toutes cornettes au vent, les sœurs se livrent à un play- back irrésistible sur une bande son mêlant Barbara aux grands tubes du disco et de la variété la plus éhontée. C’est follement drôle, follement engagé, follement nécessaire… Tirant les enseignements des éditions précédentes, les organisateurs de la Fête ont avec clairvoyance programmé la cérémonie sur la scène Zebrock, évitant ainsi qu’une grande partie des spectateurs reste aux portes d’un chapiteau bien trop petit. Allez, encore un effort, on vise la Grande Scène pour l’année prochaine ? C’est d’ailleurs à destination de ladite Grande Scène que s’ébranle (non, rien…) la toute première Marche des Fiertés que connaisse l’Huma, long cortège hétéro-gêne portant les revendications nécessaires, mais festives, de moult associations regroupées sous les chatoyantes couleurs des rainbow-flags. Gageons que quelques vieux militants en ont avalé leurs bobs Ricard de travers… 

Une fois nos forces reconstituées par la grâce de savoureux mets divers (mais en automne), nous voici d’attaque pour aller soutenir l’ami Govrache qui monte sur les planches pour mieux les enflammer de sa faconde inénarrable de slameur charmeur… Quelle évolution depuis ses tout débuts ! Très élégant en chemise aussi blanche que la nuit passée, il se présente à nous sous un grand soleil, uniquement accompagné d’un clavier et d’une contrebasse, une sobriété voulue qui sert son propos avec une belle acuité. Quel plus bel endroit pour ces textes emplis d’humanité. Ceux qui ne le connaissaient pas encore auront la chance de découvrir les titres de son nouvel opus baptisé Des murmures, et de constater qu’il est des murmures qui ont plus de force que des cris pour dénoncer, à l’instar de Mon Dieu à moi qui scotche littéralement l’assistance sous le charme… Mais déjà nous filons jusqu’à la scène Zebrock sans même nous désaltérer (quelle abnégation !) afin d’applaudir une autre jeune pousse des plus prometteuses en la personne d’Alysce. Fort bien accompagnée par son père à la guitare et son frère à la contrebasse, elle nous prouve bien vite que le talent peut aussi être une affaire de famille, et glisse une véritable sincérité dans ses textes taillés au cordeau, qu’ils prônent les désirs de révolte ou les amours ambiguës. Inutile de rappeler le niveau de son jeu de guitare, ainsi que sa voix, claire, fragile et puissante tout à la fois. Les chœurs familiaux s’invitent sur le très beau titre Daphné, avec une façon incroyable de se recréer une petite bulle d’intimité sur cette large scène un peu impersonnelle. Alysce, ou le goût de la lenteur, le goût aussi des instants arrêtés, incandescents et irradiants comme un secret encore trop bien gardé… Au hasard de nos pas, nous nous livrons ensuite à une agréable déambulation aux quatre coins de la mappemonde dans les allées tortueuses du Village du Monde, entre stand du Sinn Féin irlandais, musique chinoise et fumets exotiques de toutes obédiences culinaires les plus roboratives…

Shaka Ponk (archives Huma 2015 photo Vincent Caparo)

Shaka Ponk (archives Huma 2015 photo Vincent Caparo)

Venus fêter les 30 ans de leur mythique album Mlah, ce sont à présent les Négresses Vertes qui investissent la grande scène pour nous prouver de bien belle façon que l’on peut être et avoir l’été… Certes, il y a bien quelques cheveux grisonnants, certes, c’est un peu moins Noël sans Helno, mais après les deux/trois premiers titres, l’évidence est là et bien là : il sera toujours midi sous le soleil de Bodega ! Avis capté au vol dans la foule près de nous : « C’est vachement bien, quand même ! » La désormais ex-prairie est noire de monde, tous âges confondus, communiant sous les sautillants auspices de notre amie Zobi la mouche. De source sûre, un texte de chanson d’ores et déjà étudié en classe par des profs de français éclairés, c’est fou, non ? En céleste alchimiste, le soleil de plomb change les cœurs en or tandis que le speaker multiplie les mises en garde à propos de certaines petites pilules frelatées qui circuleraient sous le manteau t-shirt dans les allées de la fête. Mais faut-il vraiment croire tout ce que l’on veut nous faire gober ? Enfin, après de multiples péripéties culinaires qu’il serait fastidieux de vous narrer plus avant, nous vous laisserons sur votre faim jusqu’à la nuit tombée qui verra s’embraser la même grande scène pour un show apocalyptique de Shaka Ponk, de retour après leur performance de 2015. Et vous ne savez pas quoi, rincé comme je suis de ce moment d’anthologie, et pour ceux qui n’était pas là ou qui n’avaient pas écouté, je vous en remets une couche, même si le spectacle était entièrement renouvelé ! Frah, le chanteur charismatique et bachique est toujours flanqué de Sam, princesse afro sexy en diable, prêtresse funk d’un culte païen déjanté. En fond de scène, les effets spéciaux visuels sont époustouflants d’onirisme, entre jeu vidéo hyper réaliste et galaxies fantasmagoriques illustrant chacun des titres envoyés comme autant de marteaux pilons du genre à vous décoller les plombages… Au fil de ce déluge sonique déjanté et millimétré, le sol de la prairie tremble sous les coups de boutoirs des infrabasses déchainées, tandis que Frah marche littéralement SUR la foule déchainée, figure christique défroquée dans tous les sens du terme… En français, en anglais, en allemand, Shaka Ponk c’est du rock 2.0, ça se vit, ça se ressent dans les tripes et dans le cœur, spectacle total à la furieuse incandescence et à la flamboyance démesurée.

Heureusement que demain est un autre jour !

 

Lire le premier épisode de cette trilogie Humanesque, c’est ici. Et le troisième, c’est là.

Retrouvez les photos exclusives de Vincent Capraro à la Fête de L’Humanité : Soprano ; Shaka Ponk ; Govrache ; Marc Lavoine ; Delgres.

 

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