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Aloïse Sauvage, la vie à pleines dents

Aloïse Sauvage (photo de presse non créditée)

Aloïse Sauvage (photos de presse Julot Bandit)

Peut-être avez-vous découvert Aloïse Sauvage lors de la récente soirée des Victoires de la musique. Nommée dans la catégorie « Révélations scène », elle nous a offert une prestation inédite de chant mêlé de voltige, laissant ressurgir son passé de circassienne. Son interprétation à quelques mètres du sol lui a valu son quart d’heure de célébrité, tant, au-delà de la performance physique, la fougue, l’énergie et le culot dont elle a fait montre ont d’emblée suscité la sympathie.

La parution de son premier disque nous permet d’approfondir le sujet. 11 chansons pour 33 minutes, l’artiste va à l’essentiel, sans perdre de temps. Aloïse Sauvage tient la plume pour tous les morceaux, partageant les compositions avec divers comparses. De la chanson française moderne, qui emprunte aussi bien au rap qu’à l’électro-pop, à l’instar d’un Eddy De Pretto. C’est frais, dynamique, dansant. Une boule d’énergie qui porte bien son titre : Dévorantes.

Ce sont cependant les textes qui retiendront l’attention. S’ils ne vaudront certes pas à son auteure des premiers prix de poésie, l’urgence et la sincérité qui s’en dégagent ne peuvent qu’emporter les cœurs sensibles. La chanteuse de 27 ans s’y livre sans fard, sans tricherie, armée de ses certitudes et de sa volonté d’exister. Comme elle le clame dans la chanson-titre qui clôt l’album, elle a des envies dévorantes et entend bien les assouvir : « J’ai envie d’être engagée dans ce que je fais », « J’ai pas envie de dépérir en étant vivante », « J’ai envie d’être acceptée », « J’ai envie d’apaisement », « J’ai envie de dépasser les frontières »… Une sorte de résumé des 10 morceaux qui précèdent.

(pour commander ce disque, cliquez sur le visuel)

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La chanson Jimy, déjà paru sur un EP en 2019, a valu à Aloïse Sauvage – à égalité avec Pomme – de devenir le nouvel emblème de la communauté lesbienne. C’est l’histoire, bien tournée, d’un grand amour : Jimy divague / Pensant déjà à la belle bague / Qui ornerait le doigt de sa future femme. Classique ? Sauf que la fin du morceau nous apprend que Jimy est une femme. Jimy aime qui Jimy veut / Qui elle veut ! Aujourd’hui, elle persiste et signe avec Omowi, titre combattant et revendicatif, autant que pourvoyeur de fourmis dans les jambes : Les PD sont beaux, j’ai osé rêver / Que tout le monde enfin le voyait. Manifeste cinglant contre l’homophobie, qui proclame la volonté d’en finir avec la discrimination : Ils crachaient, maintenant on riposte / C’est pas en restant sans rien dire qu’on va changer la donne. Se laisser marcher sur les pieds ne fait pas partie des plans d’avenir de notre héroïne…

Les autres chansons abordent d’autres rivages plus intimes : le spleen qui l’habite (Et cette tristesse / Qui traîne, espèce / De petite peste), l’amour naissant (A l’horizontale / je propose qu’on / A l’horizontale / On pourrait peut-être / A l’horizontale / Puis on verra si), l’écriture et la scène vécues comme une libération (Donc j’écris pour moi au lieu de l’dire à l’intéressée / Puis je le chante devant vous sans qu’on m’y ait autorisée), la douleur de la rupture (J’ai du mal à accepter / Le fait d’accepter / Que nous ayons accédé / Au rang des excédés), l’absence du père…

Avec ce premier disque, Aloïse Sauvage fait son entrée en piste, dans la catégorie des écorchées vives. Ses chansons nous sont livrées brut, cash, sans fioriture excessive. Cette spontanéité qui fait leur charme en est aussi la limite : on ne peut qu’adhérer à la réjouissante liberté de ton qui traverse l’album, tout en regrettant parfois que l’écriture ne soit pas plus soutenue. Rien qu’une question de temps et de maturité, somme toute. Affaire à suivre. 

 

Aloïse Sauvage, Dévorantes, Initial Artist Services, 2020. Le site d’Aloïse Sauvage, c’est ici.

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