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En bonne compagnie avec Gaëtan Henrion

Gaëtan Henrion (photo Studio Laetigraph)

Gaëtan Henrion (photo Studio Laetigraph)

La chanson engagée ou contestataire est une tradition solidement ancrée, même si celle-ci ne squatte guère les grandes ondes et les petits écrans et peut sembler de prime abord en voie de disparition. Qui s’intéresse pourtant à cet art populaire qu’est la chanson sait que les voix de la colère ne se sont jamais tues, qu’elles s’expriment par le rap de banlieue ou la chanson plus traditionnelle.

Dernier spécimen parvenu à nos oreilles : l’auteur-compositeur-interprète Gaëtan Henrion. Premier album en solo, mais déjà une belle expérience scénique en tant que leader du groupe Simplecom’ entre 2011 et 2018. Son disque s’intitule Pas si seul. Comme une manière de nous dire que ce qu’il chante est partagé par nombre de gens ?

Il serait exagéré d’affirmer que ce qu’il nous propose est d’une originalité à tous crins. Les influences et parentés sont là, palpables, indéniables. Comme elles ont pour nom Renaud (d’ailleurs évoqué à deux reprises), Mano Solo, voire Brassens (la Cérémonie inutile de l’album est une revisite de la Non-demande en mariage de l’ancêtre), on ne s’en plaindra pas outre mesure et on laissera le temps décanter cela et permettre l’affirmation d’un talent singulier. Musicalement, cela rappelle les grandes heures du rock alternatif des années 90, avec un mélange de musette, valse, jazz manouche, hip hop, country-pop et rythmes tropicaux. Des orchestrations soignées pour une variété d’ambiances.

Pas-si-seulLes textes retiendront pourtant davantage l’attention de l’auditeur. Des chansons prônant l’anarchie et la révolution, avec excès parfois, dans la sincérité toujours. Des chansons visant à nous réveiller (Laissez-nous vivre la bohème, nous débarrasser de nos chaînes avant de mourir étouffés), à renverser le système (Y fallait pas voter, crois-moi, viens on casse tout, puis on r’commence), à dresser de tristes constats (Démocratie d’façade, médiatique manigance / On a vendu nos âmes pour l’ordre des finances). On y trouvera également un brûlot incendiaire promettant au Président un avenir des plus sombres (Je t’souhaite une rage de dents, puis de perdre la tête / Qu’elle roule sur les champs comme un ballon de basket), ainsi qu’un récit glaçant sur un migrant mexicain tentant de gagner la terre promise des USA..

Quelques morceaux laissent heureusement passer la lumière sur ces noirs tableaux, tel le sarcastique J’aime pas les gens aux couleurs de l’auto-dérision (J’aime pas les gens qui, comme moi, ont du mal avec tous les autres / Y’en a j’sais même pas pourquoi au fond je ne les aime pas, mais c’est sûrement d’leur faute), l’autoportrait de l’artiste la nuit (Moi j’ai sommeil dès que se pointe le soleil, j’préfère la nuit à son lendemain) ou la souriante tranche de vie de deux amoureux (Pas tous les jours dimanche, mais chaque jour mieux qu’hier).

Avec cet album, Gaëtan Henrion s’inscrit dans la lignée des chanteurs grande gueule, mêlant humour et colère, révolte et tendresse, rythme et réflexion, énergie et poésie. Comme un Béranger jadis, un Jamait aujourd’hui. Bien vrai qu’il n’est pas tout seul.

 

Gaëtan Henrion, Pas si seul, Uni Sons/L’Autre Distribution/Believe, 2021. Le site de Gaëtan Henrion, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

 

« Cérémonie inutile » : Image de prévisualisation YouTube

« Avant qu’on se réveille » : Image de prévisualisation YouTube

Une réponse à En bonne compagnie avec Gaëtan Henrion

  1. Bouquinet 30 novembre 2022 à 13 h 27 min

    Gaëtan Henrion est un chanteur compositeur interprète merveilleux et ses musiciens et sont excellents ! Humains, vrais, … mérite d’être connu à sa juste valeur ! Et de faire la 1ere partie de Renaud

    Répondre

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