Barcella, des voiles et du soleil
Sauvé dans L'Équipe, Lancer de disque, Pol De Groeve
Tags: Barcella, Nouvelles
Il existe certaines formules magiques aptes à redonner le sourire, à permettre l’oubli temporaire de ses soucis, à changer la neurasthénie latente en joie effrénée. Par exemple : « Y’a des frites à la cantoche ce midi », « Il paraît que Donald Trump est malade » ou « Et mes fesses comment tu les trouves, mes fesses ? ». A cette galerie de joyeuses sentences, ajoutons-en une : « Barcella sort un nouvel album. ».
Un disque de Barcella, quoi de mieux en effet pour retrouver la pêche ? Sa discographie regorge de titres enlevés, rythmés, ludiques et espiègles. Un maître des mots qui sait les tourner, les retourner ou les détourner, pour nous offrir une poésie revigorante, dont l’accessibilité ne se teinte pourtant jamais des couleurs de la facilité.
Son cinquième album ne fait pas exception. Doté d’un titre mystérieux, Mariposa (« papillon » en espagnol), il contient son lot de chansons ensoleillées, parsemeuses d’optimisme et de joie de vivre. Tel le premier extrait diffusé sur les ondes, Ton étoile, aux allures de route à suivre pour une vie meilleure : « Dévore la vie du bout des lèvres / À bout de souffle, à bout de rêve / Et ne laisse jamais les orages / Prendre ta douceur en otage / Crois en ton étoile, passé les nuages / Le soleil t’attend, mets les voiles… » On relève aussi, dans le même style, la chanson Donne et sa générosité proclamée (Donne / C’est là tout ce qui nous reste / Donne pour la beauté du geste / Donne aux rêveurs alentour / Touche les cœurs par amour) ou la leçon de vie du Mauvais élève, tandis que Grain de beauté chante tout en tendresse le charme de l’être aimé.
Pourtant, signe des temps et de l’époque tristounette, l’inspiration de notre troubadour s’avère nettement moins solaire qu’à l’accoutumée. C’est une impression tenace de mélancolie qui se dégage de l’album. L’homme a atteint la quarantaine et la vie est passée par là, avec son cortège de peine et de chagrin. Il sera donc question de deuil (De l’autre côté), de séparation (Tes larmes), de désillusion (Le cœur des hommes), de paternité compliquée (Bienvenue), de rêves brisés et de peur de l’avenir (Les jours de pluie) et de ce temps qui passe et qui efface le meilleur (Les fausses promesses)… Des titres moins enjoués, mais non moins prenants pour autant, juste une plongée plus profonde dans l’intimité de leur auteur.
On le sait, par sa spontanéité, l’art de la chanson est celui qui permet le mieux et le plus vite de capter l’air du temps. Mauvais présage alors que de constater combien même le regard positif de Barcella a du plomb dans l’aile. Sans résignation toutefois : « Nous formerons ces fleurs futures / Qui poussent aux cicatrices des murs ». Un artiste et un exemple à suivre.
Barcella, Mariposa, Charabia / L’Autre Distribution, 2023.
Le site de Barcella, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. En concert le 15 juillet 2023 à Gex et le 22 juillet à Châlons-en-Champagne.
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