Johnny Hallyday « Poème sur la 7e », de Philippe Labro

Elle a dû être très belle
Est-ce que son sable était blanc?
Est-ce qu’il y avait des fleurs jaunes
J’aurais bien aimé toucher du sable
Une seule fois entre mes doigts
Vous prétendez qu’elle était fraîche
Et descendait de la montagne?
Est-ce qu’il y avait des galets
Johnny Hallyday
Paroles Philippe Labro, Musique Ludwig Van Beethoven, arrangements Eddie Vartan. Extrait de l’album « Vie » 1970
Ici en concert à Bercy en 1992. À écouter aussi en version album, plus sobre et tout aussi émouvant.
Mais c’est surtout l’apparition de Philippe Labro qui écrit cinq des onze titres de l’album qui marque cet opus : Essayez incite à l’Amour, la Paix et la Liberté (ici en 2003, où Johnny n’omet pas de citer compositeur comme auteur), tout comme C’est écrit sur les murs « La littérature s’écrit aujourd’hui / S’écrit sur les murs / Un peu plus d’amour un peu moins d’argent / Un peu moins de sang écrit sur les murs » ; ou « Jésus-Christ …est un hippie », qui fit scandale à l’époque, avec retrait de l’album et même menace d’excommunication ; mais c’est avec ce Poème que Labro, avec l’interprétation de Johnny Hallyday sur la magnifique septième symphonie de Beethoven, atteint le sublime dans cette dystopie futuriste très cinématographique qui rappelle Soleil vert, ou encore Il y avait une ville de Nougaro.
Philippe Labro (27 août 1936 – 4 juin 2025), comme d’ailleurs Jacques Lanzmann qui a été le scénariste de plusieurs de ses films, a tout essayé. Pourvu que ça ait un rapport avec les Lettres. Reporter, journaliste, animateur radio et télévision (il y était encore présent en février 2025), écrivain (plus de vingt romans, dont Le petit garcon, autobiographique en 1990, et un ouvrage marquant sur sa dépression à la soixantaine après son départ de RTL, Tomber sept fois, se relever huit fois), réalisateur de télévision et de cinéma, de Tout peut arriver son premier long-métrage en 1969 où débute Fabrice Luchini, à Rive droite, rive gauche, en passant par L’héritier et L’alpagueur avec Belmondo, Sans mobile apparent avec Trintignant ou La crime avec, entre autres, Claude Brasseur.
Il a aussi écrit des chansons pour Eddy Mitchell (L’épopée du rock en 1967, ah, souvenirs souvenirs !) ou Jane Birkin en 1975 dans Lolita go home. Et donc, après Vie, écrit entièrement l’album suivant de Johnny Hallyday, Flagrant délit, avec Fils de personne et Il faut boire à la source, adaptations de titres américains, ou Oh ! Ma jolie Sarah, ici encore en 2016. Lui qui était fan des Etats-Unis qui l’ont inspiré toute sa vie, qui y a fait ses études supérieures grâce à une bourse, et parlait couramment anglais, qui a écrit L’étudiant étranger en 1986 (Prix Interallié) et Un été dans l’ouest en 1990, qui a écrit encore pour Johnny en 1982 Mon Amérique à moi « Mon Amérique à moi est modeste et tranquille / Elle me dit « Good morning » avec un grand sourire / Me sert du café chaud, des pommes à la vanille / M’invite pour passer Noël au Tennessee / Et pour faire du cheval dans la Ouest Virginie », qu’a-t-il pensé de la situation actuelle où les États-Unis ferment la porte aux étudiants étrangers et au monde ?
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