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D.U.O, le retour de deux Wriggles

Zerbib et Réjasse, efficace et probant duo (photo DR)

D.U.O, 3 juin 2011, festival Paroles et musiques à Saint-Etienne,

On les a connu revêtus de la rouge tenue des Wriggles, paraître de clowns pour chanson alors étonnamment nouvelle, dans le fond comme dans la forme, d’une efficacité dont on n’a pas encore fini de mesurer toutes les conséquences telluriques. Il y a six ans, Franck Zerbib et Antoine Réjasse ont quitté les copains pour la promesse de nouvelles aventures. Franck s’est essayé longtemps à la carrière de chanteur, sous son propre nom, avec, parmi ses musiciens, le fidèle Antoine. Pas mal de maquettes, un cd (A un poil près, où il pose nu sur la pochette) et l’amorce d’un fan-club. Mais la formule ne fut jamais tout à fait convaincante. Et nos deux amis, Antoine et Franck, remettent l’outil sur l’établi en créant D.U.O, tout simplement, comme une évidence longtemps cachée, additionnant leurs voix et leur expérience de la scène. Ils ont, là, visiblement trouvé la bonne formule, le juste dosage, l’élégante posologie.
Habitué sans doute à ce qui flashe, Zerbib est sapé comme un prince, chemise et veste d’un même tissu, larges marguerites que les filles effeuilleront plus tard, à la dédicace. Ah Le goût des filles !, ouï jadis chez les rouges, seule reprise de ce spectacle : « Une reprise de nous ! » « Elle a bon goût la peau des filles / De l’épaule aux genoux des genoux aux chevilles / On croque dans la chair de leurs fesses / Elles ont bon goût les filles et leurs caresses. » Tantôt l’un, tantôt l’autre, notre duo alterne : tous deux sont chanteurs, tous deux sont guitaristes. Qui plus est captivants, même si on sait, on sent que c’est encore perfectible.
On tentera – juste pour l’avoir fait – le parallèle entre Volo, lui aussi né de la cuisse des Wriggles, et ce D.U.O. L’un est plus cérébral, plus intérieur sans doute ; l’autre à l’évidence plus direct, plus accessible, qui plus est souvent drôle. Mais chacun des deux explore un univers proche, celui du quotidien et de ses menus et grands tracas, déprimes et amours inclus. Au quotidien, Franck nous chante ce gosse teigneux, haïssable, qui ne voit en sa mère que celle qui va lui payer ses caprices : « Je ne veux plus qu’on me gronde parce que tu n’as pas d’argent ». Il chante l’amour (« Elise a la bouche sucrée / Je m’y caramélise ») et déshabille ses actrices. Antoine et Franck nous entretiennent de l’amnésie par une chanson habile qui renverse les rôles, comme un alzheimer à l’envers. De vacances à la Grande Motte (« Si ça vous botte nous ça nous broute »). Et du temps qui passe, des repères de nos vies, de la séparation aussi… : « Toi tu veux tout qu’on garde / Et moi j’veux tout qu’on jette / Tu vois regardes / On n’arrête pas d’se prendre la tête ». C’est peut-être là le sommet de ce répertoire, des mots bouleversants de justesse, une grande chanson.
Les deux font constante promotion de la-chanson-française-à-texte-authentiquement-en-couleurs, tant que ça un devient un leitmotiv, un gimmick. Au-delà du comique de répétition, c’est quand même une déclaration d’intention, un postulat, leur réalité. Quand Antoine entonne Brassens et ses Oiseaux de passage, quand Franck cite Marc Ogeret, ils actent leur famille et leur devenir. Revers de la médaille, c’est pas demain la veille qu’ils passeront sur Inter ni se liront sur Les Inrocks.

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