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Pascal Rinaldi remonte ses Traces

rinaldi 001Quand je pense à ces légions de p’tits cons qui yaourtent dans le micro in english pour mieux soigner leur acné, pour chanter leurs moi et émoi juvéniles, pour faire comme tout le monde. In english au seul titre que leur langue – le français –, qu’ils conspuent et bradent, ne serait pas assez moderne et musicale… Quand je pense à eux, donc, il m’est agréable de vous entretenir de l’exact contraire : de ces chanteurs francophones qui traduisent en français des titres anglo-saxons, qui plus est – eux – avec talent.

Hugues Aufray avait sorti New Yorker en 2009 où il ressassait le Dylan qu’il sait faire, dans des adaptations honnêtes (de lui, parfois de Pierre Delanoé), avec le prétexte cette fois-ci de duos avec ses cadets de scène, ratissant large (Cabrel, Lavilliers, Souchon, Raphaël, Arno, Pep’s, Mitchell, Hallyday, même Didier Wampas, Jane Birkin ou encore Carla Bruni) pour mieux rafler la mise…

Francis Cabrel vient de nous sortir Vise le ciel (ou Bob Dylan revisité), où le chanteur d’Astaffort lorgne essentiellement sur des titres assez confidentiels de son confrère étasunien, son idole.

Le suisse Sarclo, lui, chante avec révérence, avec une tristesse d’avance, la mort de Dylan, prenant une option sur la playliste de ce jour funeste.

L’autre helvète (et esthète) Pascal Rinaldi remonte ses Traces non à l’origine du monde mais à quelques chansons qui lui ont donné l’envie de devenir à son tour chanteur. C’est outre-Manche et outre-Atlantique que sont ses racines. Il y a Dylan, certes, mais pas que et ni plus que Stevie Wonder, Crosby, Stills, Nash and Young, Cannet Heat, John Lennon, The Beatles, Léonard Cohen, America, Tom Waits, Randy Newman, Quincy Jones et Procol Harum. Seules de bêtes histoires de droits d’auteurs ont écourtée la liste (pour les mêmes raisons, aucun texte ne figure sur cet album sans livret). Entendu que Rinaldi chante ces chansons… en français, dans une traduction consciencieuse et inspirée qui ne doit rien à un logiciel sans âme : « En les adaptant en français, j’ai tenté respectueusement d’être au plus près du sens et du son des originaux, tout en essayant de leur apporter en français une rondeur qu’une traduction littérale n’aurait fait qu’affadir leur propos. » Les amateurs du genre apprécieront et retrouveront leurs petits ; les fans de Pascal Rinaldi se délecteront à nouveau de cette voix chaude et sensuelle dans un répertoire qui ne dépare pas des dix premiers albums. Et puis, après avoir créé et chanté Il faut qu’on s’touche, chanter J’espère ne pas tomber en amour vous (de Tom Waits – une des plus belles réussites de ces Traces –), c’est avoir de la suite dans les idées, dans ses chansons… Il n’était pas dit que Rinaldi sorte cet album, chansons sur lesquelles il travaillait depuis bien trois ans, pour le seul plaisir de le faire. A l’encourager à enregistrer ces Traces, ses amis ont eu gain de cause. Nous, nous avons sur la platine un petit bijou d’essence anglo-saxonne, en français dans le texte.

Pascal Rinaldi, Traces, 2012, Disques Office (Suisse). Le site de Pascal Rinaldi, c’est ici.

4 Réponses à Pascal Rinaldi remonte ses Traces

  1. Claude Fèvre/ Festiv'Art 22 janvier 2013 à 10 h 44 min

    Traduttore, traditore, « Traducteur, traître » nous le savons depuis si longtemps …et mon histoire – au moins 35 ans ! – d’élève, étudiante, puis prof se heurtant à cette gymnastique (et sans filet !) ne peut que le confirmer…mais qu’il est rassurant de savoir que notre langue continue de véhiculer, coûte que coûte les mots et les idées des autres pays…Bravo à tous ces troubadours qui s’y collent ! On nous l’envie cette langue française, il faut le rappeler !
    François CHENG poète chinois (membre de notre Académie française !) arrivé chez nous sans connaître un mot de français à l’âge de 19 ans, a fait le choix de notre langue pour écrire…tant il en est tombé amoureux…Un délicieux ouvrage (tout petit !) le raconte…
    http://www.lalettrevolee.net/article-27416944.html

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  2. Chris Land 22 janvier 2013 à 13 h 11 min

    Sans oublier le spectacle de Gilles Roucaute qui chante ses traductions en Français des chansons de Bruce Sprinsteen…

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  3. MIKAOUËL 23 janvier 2013 à 9 h 33 min

    Sans oublier non plus « Mes pompes en daim bleu » de Mikaouël, une version en français du célèbre « Blue Suede Shoes » d’Elvis Presley. http://youtu.be/IwSbGqtoA-M

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  4. edgar 23 janvier 2013 à 20 h 47 min

    Avec de si belles intentions, poursuivez : prenez un nom de domaine en .fr !

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