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Léopoldine HH, que la lumière soit

Léopoldine HH en trio à Venelles 2020 ©Alain Withier

Léopoldine HH en trio à Venelles 2020 ©Alain Withier

3 octobre 2020, les concerts de la MJC de Venelles, Léopoldine HH trio, Là ! Lumière ! (particulière), coplateau avec Bastien Lucas

Quelques déplacements d’instruments dehors et dedans, et nous voici prêts à accueillir Léopoldine HH et sa fine équipe, Michel Gilet à gauche et Charly Chanteur à droite. Le trio arrive d’Ivry où il vient de donner sa générale au Théâtre Antoine Vitez, en sortie de résidence. C’est donc l’arrivée d’une première dans une grande salle francilienne à une salle de proximité de province très sud, une MJC réputée fréquentée par des amateurs de chanson classique, qui vont pour le trio constituer en quelque sorte des happy few, avec quelques inquiétudes toutefois. Le public entrera-t-il dans le jeu ? On l’a déjà noté plusieurs fois, il est averti, curieux et ouvert à toutes les musiques pourvu qu’elle fussent bonnes…

Plateau central suspendu couvert de claviers et synthé en tout genre, guitares, babouches, violon, claviers par terre, c’est en cygne noir que déboule Léopoldine, qui a laissé au vestiaire son maillot de bain alsacien : haut pailleté, tutu de tulle noir romantique jusqu’à terre, et élégante glissade, portant comme une guitare son clavier portatif. Ses acolytes, en revanche, ont déjà adopté le mode loufoque, coiffures à pompons de couleurs ou bérêt à plume avec combi de mécano. « Où vont les sons que nous aimons (…) Dans une chanson » chantent-ils a cappella, avant que s’élève dans un superbe trio en canon leur chanson sur les notes de guitare, puis de clavier. « Où vont les rimes à retenir la déchirure et la blessure… Des lueurs de pénombre où tout disparaît  (…) Où vont les amours, où vont les jours , les avenirs pour me guérir… ».

Léopoldine détail ©Alain Withier

Léopoldine détail ©Alain Withier

C’est par solidarité, nous disent-ils, qu’ils se masquent de lunettes géantes pour interpréter la déjantée Psychotropique accompagnée d’une flûte traversière et surtout de bruyantes cymbales. L’histoire se construit autour d’Eistein courant après une particule de lumière, un photon. Musiques électroniques tourbillonnantes, sifflements, guirlande lumineuse dans le jupon accompagnent la course au photon « Je vais toucher le photon (….) Je deviens moi-même le photon » s’esclaffe Léopoldine.

Je vous épargne la théorie de la lumière, quelques mots surnagent, décharges de créateur, intuitions, est-ce que ça commencera un jour, bacchanaleLéopoldine a vite abandonné le jupon, laissant voir un short fendu sur collant noir, démarcation apparente et grosses baskets blanches à roulettes… le secret de la glissade initiale. Des notes légères de ukulele s’élèvent, annonçant un nouveau trio musicalement parfait, sur les belles introspections de l’auteur favori de Léopoldine, Gildas Milin : « Je suis incapable d’aimer, incapable de vivre sans projet (…) de contempler l’amour, la beauté (…) de me séparer de la haine, de l’avidité ». Avec de gracieuses envolées lyriques qui tournent soudain à la caricature.

Léopoldine HH trio Venelles 2020 ©Caroline Guibeaud

Léopoldine HH trio Venelles 2020 ©Caroline Guibeaud

Tout le spectacle est ainsi, comme si une sorte de pudeur empêchait de tendre à la seule perfection des textes et des musiques, et qu’il fallait absolument les cacher sous des artifices bariolés. « Respire la terre, l’univers, la mer », « Mets de la joie sur mon visage », « Eclaire-moi encore » chantés admirablement, s’accompagnent de grimaces ou de plaisanteries, et fusionnent en rock orgasmique « C’est le rythme de ma vie », un peu comme pouvait le faire Catherine Ringer. Le public sollicité, répondra « oui », ou « non, non, pas de limites » avant que le spectacle ne tourne au happening, rappelant les années 60 où l’assistance soixante-huitarde se serait laissée aller à la licence sexuelle et au LSD.

Le trio lui enverra donc des Cosmic kiss dans une musique ébouriffante de fête foraine grinçante, flottera mélancoliquement sur des musiques cosmiques, revisitera l’Etat d’être (unique et séparé) ou le fameux Zozo lala allemand (Ça va comme ci comme ça) revu par Topor, décoré d’une natte géante, issus de Blumen in Topf leur précédent album. Ici la lumière va de pair avec l’énergie. Charly justifiera même l’adoption de son patronyme chanteur, en interprétant avec une voix à la Barbara une improbable déclaration, des fragilités et des douceurs « Je suis nu et je meurs (…) Je meurs sans maître dans tes bras ». Une lumière… particulière.

Le site de Léopoldine HH, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, là.

En concert ce soir 15 octobre 2020 à Portes Les Valence au Train Théâtre, vendredi 16 octobre à Privas, mardi 1er décembre à Oberhausbergen.

Psychotropique clip officiel Image de prévisualisation YouTube

Zozo lala filmée à Venelles par Alain WithierImage de prévisualisation YouTube

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