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Farley, de quoi mettre en alerte

Guillaume Farley ©Youri Zakovitch

Guillaume Farley ©Youri Zakovitch

Dès que j’ose m’écarter de mes pistes trop balisées de la chanson, je prends des risques et forcément compte par paquets de dix les désillusions. Dans le lot des piles de disques en attente, il en sort cependant, régulièrement, des pas communs, des lumineux, des qui ont de quoi dire, de quoi (en)chanter. Farley est à l’évidence un de ceux-là.

FARLEY 2022 BLINDÉLongtemps bassiste pour des tas d’artistes de renom (forcément vous l’avez déjà vu et applaudi sur une scène, avec Gotainer, Black Joy, Gérôme Gallo, Michel Fugain, à la Star Academy même ; écouté sans trop le savoir sur des disques de Paco Sery, Juan Rozoff, Faudel, Tom & Joy, Sandra N’kaké ou Grand Corps Malade ; compositeur d’Amel Bent… la liste est longue comme un jour sans vin), il a franchi sur la tard le Rubicon de la chanson, histoire de capter pour lui seul les sunlights de la renommée. C’est en 2011 qu’il sortit son premier album, En guise de bonjour, reflet de ses expériences musicales. Nous avions salué cet album à sa sortie.

EN CONCERT Le 16 octobre 2021 Guillaume Farley revenait en trio au Petit-Duc à Aix-en-Provence, présentant son nouvel album enregistré mais pas encore sorti. J'étais restée sur un seul-et-multiple en scène vu dans le même lieu en 2018, où Guillaume assumait tout, monologues plein  d'humour, basse, chanson de création, mélancolique ou d'auto-dérision, maîtrise absolue des mots, de l'expression des sentiments et des sensations, et reprises  re-créatives.  Quelle surprise de le retrouver dans une pop électro funk très 80', tendance Gainsbourg, frimeur cynique semblant détaché de tout, juste intéressé par Une peau nouvelle. Pourtant c'est avec un clin d'œil à Brassens « J'avais l'air d'un ringue avec ma bague / Sous mon arbre » qu'on le retrouve Pour toujours  un faux rêveur. Comme s'il s'était blindé contre toutes les émotions qui pouvaient l'atteindre : « T'as tout fait pour te mettre à l'abri / Préservé du moindre ressenti / Puisque tu ne sais pas quoi en faire » en une ritournelle jolie de boîte à musique. Avec des jeux de mots à ouïr autant qu'à lire, concoctés en complicité avec Roch Havet. Il ne faut pourtant pas gratter très fort pour retrouver cette mélancolie touchante et les mots pour le dire dans ce Fantôme poignant. Avec David Hadjaj au clavier et Edouard Coquard à la batterie et à la machine, le réalisateur de l'album, il abordait la scène avec la chanson de Nicolas Jules, aveu de vulnérabilité et de tendre indulgence : « Tu peux me manger / Et mon cœur est à prendre / Comme un dessert ». Avec une batterie-battement de cœur plus organique, moins parfaite mais plus poignante que dans l'album. Un medley jazzy de ses anciennes chansons tant de 2011 que du très émouvant et spirituel J'attends un événement de 2016, retrouvant alors les mélodiques notes du piano. Déboulant sur ce nouveau titre, Ma perspective,  groovant en (superbe) saxophone californien, comme un roman photo qui ne peut s'empêcher de sonner juste malgré les volontaires clichés. Un juste mélange de chansons mélancoliques ou dansantes, spécial disco de la Chanson du micro, et cet hymne cybernétique humoristique mais si tendre à sa Tobias, sa basse, Mais grave.

EN CONCERT
Le 16 octobre 2021 Guillaume Farley revenait en trio au Petit-Duc à Aix-en-Provence, présentant son nouvel album enregistré mais pas encore sorti. J’étais restée sur un seul-et-multiple en scène vu dans le même lieu en 2018, où Guillaume assumait tout, monologues plein d’humour, basse, chanson de création, mélancolique ou d’auto-dérision, maîtrise absolue des mots, de l’expression des sentiments et des sensations, et reprises re-créatives.
Quelle surprise de le retrouver dans une pop électro funk très 80′, tendance Gainsbourg, frimeur cynique semblant détaché de tout, juste intéressé par Une peau nouvelle. Pourtant c’est avec un clin d’œil à Brassens « J’avais l’air d’un ringue avec ma bague / Sous mon arbre » qu’on le retrouve Pour toujours un faux rêveur. Comme s’il s’était Blindé contre toutes les émotions qui pouvaient l’atteindre : « T’as tout fait pour te mettre à l’abri / Préservé du moindre ressenti / Puisque tu ne sais pas quoi en faire » en une ritournelle de boîte à musique. Et des jeux de mots à ouïr autant qu’à lire, concoctés en complicité avec Roch Havet. Il ne faut pas gratter très fort pour retrouver cette mélancolie touchante et les mots pour le dire dans ce Fantôme poignant.
Avec David Hadjaj au clavier et Edouard Coquard à la batterie et à la machine, le réalisateur de l’album, il a abordé la scène avec la chanson de Nicolas Jules, aveu de vulnérabilité et de tendre indulgence : « Tu peux me manger / Et mon cœur est à prendre / Comme un dessert ». Une batterie-battement de cœur plus organique, moins parfaite mais plus poignante que dans l’album. Puis medley jazzy de ses anciennes chansons tant de 2011 que du très émouvant et spirituel J’attends un événement de 2016, retrouvant alors les mélodiques notes du piano. Déboulant sur ce nouveau titre, Ma perspective, groovant en (superbe) saxophone californien, comme un roman photo qui ne peut s’empêcher de sonner juste malgré les volontaires clichés. Un juste mélange de chansons mélancoliques ou dansantes, spécial disco de la Chanson du micro, et cet hymne cybernétique humoristique mais si tendre à sa Tobias, sa basse, Mais grave. Catherine LAUGIER

Dans l’hagiographie aimablement fournie par ses attachées de presse (merci Yasmine et Danaé), le « romantique » Farley y est qualifié de « céleste ménestrel, guerrier du groove, troubadour poétique, saltimbanque électrique, bouffon polyrythmique ». Point trop n’en faut, n’empêche que cet homme-là sait se faire remarquer, par des sujets aux angles de vue pas vus pas entendus, aux incises remarquables, avec cet art de capter l’oreille, de la retenir, de s’en faire complice. Il y avait déjà ces photos, de la pochette, du dos, du livret… que de la mise en scène et déjà des dramaturgies. Et ces textes et musiques en plans serrés, où le regard s’exprime, sans jamais cligner : « Même si c’est fini / Tu gardes un œil sur lui / Et ce s’ra pour toujours ». Même s’il « voi[t] tes photos / contre mon gré » il les voit, et ça le travaille. La vue, l’aspect, la perspective, une peau nouvelle, c’est gros plan sur le derme, le corps dont la sexualité d’un sax… « J’ai la chemise ouverte / Sur mon torse velu / De quoi mettre en alerte / La plage de Malibu ». Les mots sont à leur place, qui se jouent d’eux-mêmes, s’enlacent, se troublent : « Je dors en slip / Quand j’raidis, c’est prêt ».

N’écoutez pas ce disque sur votre auto-radio, cause à la magie de ses assauts. Préférez le canapé et le ventilo, propices à la suggestion : « J’veux pas d’rencontre / Juste être contre / Et faire peau neuve / Et encore fuir / Pour mieux guérir / Mon âme veuve ».

Ce disque physique et sensuel, écrit par Guillaume Farley (à l’exception de deux titres, l’un signé Nicolas Jules, l’autre en anglais signé Roch Havet), aux musiques alternant le tendre et le musclé, le ludique parfois (ainsi l’excellente chanson-titre, qui tente de percer le blindage), est d’un bout à l’autre un régal pour qui y entre sans entrave ni retenue.
Michel KEMPER

 

Farley, Blindé, Autruchon productions 2022. Le site de Guillaume Farley, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

« Ma perspective » Image de prévisualisation YouTube
« Pour toujours un faux rêveur » Image de prévisualisation YouTube

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