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Jean-Louis Murat, la victoire de la musique

Jean-Louis Murat (photo Christophe Dehousse)

Jean-Louis Murat (photos Christophe Dehousse)

Liège, Le Reflektor, 8 avril 2022,

 

Il y a toujours une certaine appréhension à aller applaudir Jean-Louis Murat. C’est que le fringant septuagénaire se trimballe une réputation d’ours mal léché tous azimuts, y compris parfois vis-à-vis de son public. On se prend donc à souhaiter que l’homme se soit levé d’un bon pied et ne nous fasse pas une démonstration des mauvais côtés de sa personnalité.

Était-il dans un bon jour ou l’âge l’a-t-il assagi ? Toujours est-il que le Murat qui se présente ce soir dans sa chemise grunge est presque d’humeur guillerette. Nous avons en effet eu droit à quelques sourires et à l’une ou l’autre répartie marmonnée entre deux chansons. Comme l’artiste n’a jamais été un grand bavard, prenons cela comme un signe ostentatoire de joie intense.

Oserions-nous prétendre avoir assisté ce soir à la prestation parfaite ? Ce serait exagéré, le principal écueil restant la difficulté à saisir distinctement les paroles des chansons. En cause, la voix pas suffisamment mise en évidence, mais surtout l’élocution de l’interprète, dont le chant plaintif consiste à manger la moitié des mots. Avouons pourtant que la gêne n’est que minime, les textes de Murat étant de toutes manières d’une complexité poétique telle qu’il est pratiquement impossible d’en saisir le sens à la première écoute. Lui-même nous l’a confessé d’ailleurs entre deux morceaux : « J’aime bien les chansons où on ne comprend rien. Si je veux comprendre quelque chose, je lis une notice ».

278367328_476013150931776_5298079673274016660_nSi le chanteur n’est donc pas exempt de reproches, le musicien Murat vole à cent coudées au-dessus du tout-venant. Il faut dire qu’il est excellement entouré : les fidèles Fred Jimenez à la basse et Denis Clavaizolle aux claviers, et le fiston Yann Clavaizolle à la batterie. Trois pointures, trois complices de longue date, qui nous offrent le meilleur. Le son des instruments est parfait, les arrangements idéaux. Négligeant les accents synthétiques des derniers albums, le quatuor s’est attaché à nous offrir une collection de chansons blues-rock avec des pointes de country du plus bel effet. Des chansons au rythme lent d’un fleuve majestueux et tranquille, qui nous emmènent au loin, dans les montagnes de son Auvergne chérie ou les grands espaces américains. Mais aussi quelques morceaux plus enlevés (Ma Babe, Hello you, Marylin et Marianne…), flirtant même avec la pop (Chacun sa façon). Une variété d’ambiance menant le concert crescendo au final éblouissant du Chemin des poneys, avant que le chanteur ne revienne nous offrir, accompagné du seul piano, une version dardée d’émotion de L’arc en ciel. Des mots empreints de mélancolie (Je suis devenu un coucher de soleil / Je parle comme les feuilles d’avril) pour permettre au public ravi de descendre lentement du nuage de bonheur sur lequel l’artiste l’avait emporté.

On peut légitimement avoir nombre de réticences sur Jean-Louis Murat. Ce vendredi, sur la scène liégeoise, en dernier songwriter français, il s’est pourtant avéré d’un professionnalisme sans faille et d’une bonhomie rafraîchissante. Les amateurs de blues-rock authentique seraient bien bêtes de passer à côté pour de mauvaises raisons.

Le site de Jean-Louis Murat, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

 

EN PREMIERE PARTIE

278096371_511678340424173_7721407777897191729_nPour ouvrir la soirée, Quentin Maquet, un presque-liégeois, officiant sous le nom de Bérode (le nom de famille de sa grand-mère, nous a-t-il révélé). Pas vraiment un inconnu, puisqu’il a officié durant des années comme chanteur du groupe Dalton Télégramme. Il se lance à présent dans un projet solo, accompagné par Rémi Rotsaert. Il ne change cependant pas tout à fait de style, puisqu’il s’agit toujours de chansons folk du meilleur aloi, que le chanteur présente avec humour et second degré. Un petit ajout électro vient inutilement parasiter deux titres, le duo de guitare remplissant largement sa mission à lui seul. Une affaire à suivre, sans aucun doute.

 

Jean-Louis Murat « Au Mont Sans-Souci » 1999 clip 2019 : Image de prévisualisation YouTube

Jean-Louis Murat Session live 7 titres de « La vraie vie de Buck Jones » 2021 : Image de prévisualisation YouTube

Bérode « Zippo » : Image de prévisualisation YouTube

2 Réponses à Jean-Louis Murat, la victoire de la musique

  1. babou 12 avril 2022 à 22 h 10 min

    Murat sort un album tous les ans : dans le dédale de ses compositions pas toujours réussies se détachent des perles disséminées ici et là. Ses plus beaux albums « Le manteau de pluie », « Charles et Léo, les fleurs du mal », « Dolores »…

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  2. pierrot 16 avril 2022 à 13 h 10 min

    J’ai participé au projet d’un bel hommage à Murat. « AURA AIME MURAT » 16 artistes qui le reprennent, dont Vanot, Gontard, Paugam, Bobin, Erik Arnaud, Pierre Schott… Jean-Louis l’a écouté en a été très touché, et a vraiment apprécié l’hommage, comme Télérama notamment. Dispo en Cd, vinyle et streaming…

    Répondre

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