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Jean-Michel Piton soulève la pierre

Jean-Michel Piton (photo Michel Boutet)

Jean-Michel Piton (photo Michel Boutet)

Que vaut la poésie face aux turbulences du monde, à la vanité de l’Homme qui toujours défie les éléments, à son irresponsabilité qui le fait toujours tout détruire ? Grains de sable ou grain de papier, les mots de Jean-Michel Piton, d’une grande élégance, aux formules qu’on lui envie faute de ne pas les avoir trouvées avant, se battent et s’ébattent sur son ring blanc de format 21 x 29,7, lice où glisse sa plume alerte. Et nous alerte à la manière d’une vigie.

« Toujours soulever la pierre / Voir ce qui se cache dessous / L’infinie variété des êtres / Qui ne sont qu’ébauchés, imparfaits ou en ruine ».

Jean-Michel Piton n’est pas plusieurs : il n’est qu’un, indivisible, mais au talent, à l’expression artistique et à l’intérêt démultipliés. Sous le label EPM étaient sortis il y a peu deux volumes d’un album de toute beauté, Musiques & Mots de l’Âme, passionnant florilège poétique, d’Éluard et de Cadou, de Baudelaire, de Richepin et d’autres encore. Mais c’est une autre face de Piton que voici : volcanique, rougeoyant, plus que jamais Piton de la Fournaise, en prise avec la folie du monde, l’actualité bien présente, le sordide présent, les craintes à venir.

Le temps du confinement a acéré plus encore l’acuité du poète, chaque événement charrié par l’actualité a mordu sa chair et chargé sa plume. A chaque plaie, chaque bâillon, Piton colère. Sans abdiquer la finesse de ses vers, la poésie pèse ici le poids de l’urgence et de l’indignation : « Si je sais et que je n’en dis rien / Je deviens complice de ces assassins ».

(pour commander cet album, cliquez sur le visuel)

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Par lui, la chanson retrouve un de ses statuts, une de ses fonctions : celle de gazette, de média, en des lignes autrement plus appliquées, impliquées, que cette presse qui préfère le futile à l’essentiel, qui comptabilise les drames comme on le ferait de simples anecdotes puis les oublie jusqu’aux suivants.

Avec empathie, Piton se penche sur des êtres à l’avenir incertain comme ce paysan inutile qui « meurt de jeune vieillesse », ou cette femme qui fuit la violence de son compagnon pour « juste sauver sa peau »…

Bien sûr, il n’en oublie ni la tendresse, ni l’amour. Ni les regrets ni l’envie. Comme par ce formidable J’en veux qu’il interprète enfin, avoir l’avoir confié aux récents albums de Francesca Solleville et de Marie d’Épizon.

A tous les titres, ce disque est mémorable. Les musiques et arrangements signés Piton et Niobé appellent de leurs notes le talent d’une dizaine de musiciens, qui, comme le chanteur, vont de calme à tempêtes.

Ce treizième album est à l’évidence un grand cru. On en retiendra le millésime, celui d’un après-confinement qui, paradoxalement, confine à la pure beauté.

 

Jean-Michel Piton, Soulever la pierre, Tonton la prod/EPM 2021. Le site de Jean-Michel Piton, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

 

« J’en veux » : Image de prévisualisation YouTube

« Perdu » : Image de prévisualisation YouTube

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