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L’ouïe Bertignac (le mur du son)

C’était il y a trois ans au festival Les Oreilles en pointe, au Quarto d’Unieux. Pour le coup, un soir où on s’en est pris plein les oreilles. Parfois il vaut mieux faire ample provision de bouchons d’oreilles…

Louis Bertignac (photo d'archives DR)

Archive. Comment, même s’il faut me mettre à dos toute une salle, relater fidèlement tel concert ? Comment dire ce mur du son (du bruit ?) béton, qui vous prend sur l’instant, nique vos oreilles, vous agresse comme jamais ? Comment est-ce possible qu’une personne (en l’occurrence Carla Bruni, pour l’essentiel des titres de Longtemps, le dernier album en date de Louis Bertignac) s’échine à écrire des textes, plutôt bien construits, si le son en concert est tel, infranchissable, qu’il ne laisse passer aucune phrase, aucune nuance, aucun sens si ce n’est celui, impressionnant et fort, de la musique. Parfois quelques mots, et encore, aux interstices des notes. A fond les enceintes, les manettes, les gamelles, c’est violent mais c’est fait pour ça. Parfois, le chanteur a la bonté de nous instruire, par quelques mots, de la chanson à venir : ça fait journal des malentendants mais c’est utile. Car « C’est du rock ! » nous dit Bertignac. Dont acte. En l’absence de bouchons d’oreilles, on quitte la salle, préférant de loin sa santé à une chanson de fait absente. On se rattrapera sur le disque…
Retour dans la salle, bien une heure après. Le concert est en cours. La tonalité est moindre, moins agressive. Moins électrique, façon de parler. Ça peut faire… Et ça fait. Bertignac a dû épuiser son répertoire et sa Bruni, le rockeur à la tignasse blanche se consacre désormais à visiter celui d’autrui. Là, il entame No woman no cry du Bob. Belle reprise. Viennent ensuite de savoureux titres des Beatles puis, pour « faire honneur » à son sweat-shirt à la rouge langue pendante, un titre des Rolling Stones. Ça et bien d’autre choses, toutes efficaces, toutes respectueuses. Qui plus est magiques, magnifiques. Rien n’est formaté, place aux instruments qui se le joue pure gourmandise, délectation. Pour le moins, Bertignac vit intensément sa musique. Son instrument n’est que le prolongement naturel de son corps : il semble ne faire aucun effort pour sortir de ces sons incroyables, rares. Quant il ne chante pas, sa tête est en transes, en une danse hallucinante. Ça dure, ça dure. Son complice et bassiste Cyril Denis partage avec lui les chansons ; derrière, le batteur poursuit son festival de baguettes… Ça dure. Quand et comment s’achève un concert de Bertignac ? Personne ne s’économise ici et c’est beau. C’est avec appétit et sans fin. Z’ont dû faire un partenariat avec Monsieur Duracell. Dans longtemps encore, ils nous feront, en final, au terme de bien trois heures de scène, un mini-répertoire Téléphone : La Bombe humaine, Un autre monde… Les quadras, les quinquas, les plus jeunes et les plus vieux sont aux anges, la salle est bondée et debout. Il est largement demain quand le concert se termine, repu, satisfait. Bertignac est un mec bien.
Retour. Dans l’auto-radio, on met Longtemps. Bel équilibre entre les textes et la musique, jolies chansons. Et audibles.

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