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Concèze 2014 (3/6) : le soleil que nos peaux aiment…

Michel Orso (photo

Michel Orso (photo Clic Clac Club, photo-club de Cormontreuil)

Soirée-charnière hier, puisque consacrée plus spécialement à la poésie, notamment par le biais du concours « Poésie en liberté » ouvert aux étudiants francophones par la Sorbonne, concours dont les poèmes lauréats étaient lus sur scène par d’éminents interprètes.

Difficile évidement de relater les émotions successives, mais indépendamment des textes en eux-mêmes, les différents modes d’interprétation et de lecture étaient vraiment intéressants à découvrir et à suivre. De quoi relancer le débat sur l’importance fondamentale de l’interprétation. De quoi s’apercevoir que la poésie, lue ou déclamée, ne se raconte, ne se décrit, que très difficilement : elle se vit, elle s’écoule, elle s’écoute sur place et il semble quasi impossible de faire ressentir l’ambiance et les sentiments que l’on pourrait vivre par exemple durant un concert. C’est pourquoi, n’écoutant que mon courage qui ne me dit rien qui vaille, je n’essayerai même pas, et d’abord, j’écris ce que je veux, na !

XX 'photo Mathieu Olingue)

Gatshen’s : Gaëlle et Pytshens (photo Mathieu Olingue)

Premier concert avec Gatshen’s, duo de chanson colorée en noir et blanc : elle, c’est Gaëlle Cotte, que nombre de nos Enlecteurs connaissent déjà fort bien pour ses projets solo. Lui, c’est Pytshens Kambilo, dont les doigts agiles semblent par instant transmuter la guitare en kora. Eux, c’est donc le mélange harmonieux de deux belles voix au fil de jeux vocaux quasi tribaux, son timbre à elle, presque animal, presque animiste, se faisant tout à tour chatte ou tigresse. D’étonnants morceaux, mêlant français et lingala, souvent empreints, au travers des différents rythmes, d’une sourde mélancolie enjouée. C’est possible, si… L’ensemble est très joli, mais, ressenti purement personnel, il m’a semblé cependant que l’émotion n était peut-être pas autant au rendez-vous qu’elle aurait pût l’être…

Emily Marsh (photo d'archives Norbert Gabriel)

Emilie Marsh (photo d’archives Norbert Gabriel)

Entrée de rock-star ensuite pour Emilie Marsh, avec une machine à fumée noyant la scène (et les premiers rangs…) dans une ambiance électrique et crépusculaire. Une Emilie Marsh que nous suivons depuis quelques lurettes et qui nous offre ce soir sur scène le résultat d’une évolution artistique bouillonnante, basculant tel un besoin irrépressible versant rock de sa montagne personnelle. Une nouvelle Emilie Marsh, donc, plus rock, plus sensuelle, plus sautillante, plus sombre aussi, que l’on devine libérée, délivrée d’un format purement chanson devenu trop petit ou trop rigide pour elle. Fruit d’une vraie évolution personnelle, véritable catharsis, elle est ce soir sans doute enfin elle-même, crânement campée le sourire aux lèvres, hiératique et féminine, sa guitare électrique harnachant fièrement ses hanches androgynes… Les références s’imposent d’elles-mêmes, et bien entendu du côté des prêtresses du rock que sont Chrissie Hynde, Sharleen Spiteri ou, bien sûr, Patti Smith. Non, décidément, capiteuse flamme tu n’es pas de notre galaxie, terrestre extra en succube violente… « C’était mademoiselle, maintenant c’est Madame ! ».

Restons pour conclure dans un tout autre registre d’extraterrestre, avec la prestation de Michel Orso, dont j’avoue sans fausse honte avoir appris l’existence hier même… Né en même temps que les congés payés (comptez sur vos doigts…), auteur d’Angélique, tube intersidéral en 1966, et pilier des fameuses tournées Age tendre et Têtes de bois, clone improbable entre Claude, François, Valéry et les autres. Je suggère humblement la mise en vente d’un t-shirt du genre : « J’y étais, j’ai survécu ». Un magnifique sourire-Stéradent, une énergie de tous les diables, une bande-orchestre catastrophique et kitsch au possible et au final, un public partagé mais en délire (« Quel public !!! »). Michel Orso, 78 tours et puis s’en va… En résumé, « très ringard, mais très pro », comme le commentait à mes côtés dans la salle un chanteur talentueux qui restera évidemment anonyme pour peu que le chèque, d’un montant des plus substantiels, arrive à l’adresse qui lui sera communiquée dès lors qu’il se sera reconnu. Il serait vraiment dommage de flinguer dans l’œuf une carrière aussi prometteuse ! Les gens sont méchants…

Et demain est un autre jour.

 

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16 Réponses à Concèze 2014 (3/6) : le soleil que nos peaux aiment…

  1. Norbert Gabriel 16 août 2014 à 14 h 44 min

    Cher Patriiiiiiiiiiiick, ne soyez donc pas aussi chafouin envers quelqu’un qui met le public en délire… Ou bien, dois-je comprendre qu’il y a une once de jalousie qui émerge ??
    A part ça, tout va bien, Emilie Marsh a tout pour devenir une rock Star, et Gaëlle Cotte est une diva… Je ne connais pas encore son partenaire, mais je ne doute pas de la qualité de leur duo.. Et l’extrait présenté ça fait très envie.
    PS pour la photo d’archives, c’est pas faux, mais il y un lien c’était pour le présentation du festival au Vingtième Théâtre, d’où deux des musiciens de l’ensemble classique…

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  2. Claude Fèvre / Festiv'Art 16 août 2014 à 14 h 58 min

    Pourra-t-on m’expliquer ce que signifie dans la programmation ce retour, au finish des soirées, de nos stars (éphémères) des années lointaines ? Je ne suis pas certaine que j’aurais apprécié… pour ma part le côté « âge tendre » me tente assez peu (c’est un euphémisme)… j’avoue avoir du mal avec cette nostalgie là sur laquelle surfent certains… et ça fait des sous en veux-tu en voilà ! Je préfère d’une part garder la virginité (hé, hé) de mes 15 ans et opter résolument pour la jeune génération… c’est une notion qui fait la place à beaucoup de monde vu mon âge avancé…
    Avant tout, j’avoue que je me précipite sur les chroniques jubilatoires de Patriiiiiiiiiiiiiiick… qui démontrent, s’il en était encore besoin, qu’au delà du propos une chronique est avant tout un exercice de plume… et celle-là a un sacré panache !! Je me régale… apparemment je ne suis pas seule !

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    • Michel Kemper 16 août 2014 à 15 h 10 min

      Claude, c’est ça qui fait de Concèze un festival à nul autre pareil. Associer en ordre de Marsh Gatshen’s et Michel Orso, Alain Aurenche et Jean-François Mickaël et d’autres combinaisons toutes aussi impossibles. Moi, ça me change tellement du sérieux de rigueur à un autre festival où j’ai vu il y a pas longtemps Ferré en scène, où le public est pour partie une secte de fanatiques hurlant leur haine à qui ne partage pas leurs goûts. Concèze est un bonheur, un ilot de pure tolérance : ça doit être une des vertus de la framboise, dont on fait culture extensive là-bas. Faudrait en boire tous les jours du côté de Barjac et d’Ivry.

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    • Norbert Gabriel 16 août 2014 à 15 h 21 min

      C’est pas explicable, faut le vivre, la preuve, le public est en liesse, serait-ce que dans la région on a une potion apéritive euphoristante, ou alors tout simplement, il y a un public pas bégueule qui peut communier aussi bien aux délices raffinés de Gaëlle Cotte, qu’aux pâtisseries hyper sucrées de l’âge tendre… Genre Jolie Candy, dont le refrain revient tout fringant, même si j’ai oublié le nom du chanteur…
      PS dans ces histoires de framboise et de potion, y a pas que de la framboise, comme dirait un des Tontons…

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  3. sylvie lascaux 16 août 2014 à 15 h 36 min

    Hier soir… bravo aux jeunes lycéens pour leurs textes, même si pour moi ce n’est pas toujours de la poésie. Bien interprétés par les comédiens sauf… Matila qui en fait des tonnes ! Puis vient Stéphane Bataillon… alors là c’est la cata ! Pénible à écouter car ce sont des mots qui s’enchaînent et non pas de la poésie et mal écrit en plus ! Aucune originalité ! Autour de moi tout le public en avait ras le bol et guettait la fin du recueil… Heureusement Émilie Marsh et Gatshen’s, que nous ne connaissions pas, ont mis l’ambiance. Mais alors la cerise sur le gâteau c’était Michel Orso ! Pitoyable ! Ridicule ! Au fond de la salle tout le monde mourrait de rire et quand il a dit de se lever… ouf on a pu en profiter pour sortir… Mais en tous cas bravo au festival et à son équipe qui fait un sacré boulot pour offrir de belles soirées. Au moins que chaque spectateur achète un petit quelque chose à la sortie car des festivals comme ça gratuit cela ne court pas la campagne. Alors on vous pardonne pour Michel Orso… qui entre parenthèses a piqué la musique des Lacs du Connemara

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  4. Claude Fèvre / Festiv'Art 16 août 2014 à 16 h 17 min

    Ah ! Voilà …C’est exactement le témoignage que j’attendais et ce que j’imaginais…Je te crois un peu rêveur sur le coup, mon ami Michel !
    Je n’osais pas le dire de cette façon, puisque je n’y étais pas, mais ce doit être assez insupportable …et j’en connais une qui se serait placée près de la sortie !!
    Et puis, enfin une information qui, me semble-t-il , n’a pas été donnée par notre dévoué rédacteur, ce festival est GRATUIT !! Mais il faut le dire tout de suite !!!!!!!!
    Pour avoir œuvré à cette dimension de feu mon festival et en avoir entendu des vertes et des pas mûres sur la question, moi je dis BRAVO !!!
    J’ai eu la conviction que c’était là le meilleur moyen de faire connaître la Chanson et ma petite expérience des autres festivals me l’a amplement démontré.
    Nous avions un public vu nulle part ailleurs…un vrai public populaire arraché aux écrans ! J’imagine que c’est un peu la même chose à Concèze…d’où les délires de fin de soirée aussi !

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    • Michel Kemper 17 août 2014 à 8 h 08 min

      Il y a deux ans, à Concèze, j’avais pris grand plaisir (c’est peut être pas tout à fait le mot) à voir Jean-François Mickaël : y’a des choses de mon enfance qui remontaient par lui. Ceci dit, c’était assez pathétique. Mais quand il a chanté « Chouans », quand même… La preuve que c’est supportable, Claude, je suis encore là pour te le raconter…

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  5. Leo Artaud 16 août 2014 à 17 h 09 min

    Ce Concèze m’a l’air des qui chantent bien ! Et, visiblement, traversé par un courant éclectique issu d’énergie mixte alternative et conventionnelle ! Faut qu’j'y vais dés l’an 15 !

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  6. Michel TRIHOREAU 17 août 2014 à 7 h 53 min

    Vous n’êtes pas raisonnables, les amis. Vous devriez cesser les propos et nœuds. Orso doit être effondré et vous allez vous attirer les insultes de son fan-club.

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  7. Michel Kemper 17 août 2014 à 8 h 11 min

    Un peu en relation avec ce sujet, un vieux billet de NosEnchanteurs, sur les tournées Age tendre et têtes de bois, hospice des idoles déchues : http://www.nosenchanteurs.eu/index.php/2009/09/30/lhospice-des-idoles-dechues/

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    • Norbert Gabriel 17 août 2014 à 10 h 00 min

      C’est pas ce qui me branche au premier abord, mais c’est grâce à cette tournée qu’on a eu l’occasion de voir Escudéro à la télé un dimanche.. Ensuite, je me souviens vaguement d’un reportage assez complet sur ces tournées, j’ai retenu un détail intéressant, lors de la première, qui avait été montée assez vite, genre one shot, c’était l’orchestre de Michèle Torr (qui tournait beaucoup) qui a assuré tous les accompagnements, et tout le monde chantait pour de bon. Peut-être que pour certains c’était la première fois.. (Bon, je rigole….) mais si ça a fonctionné, et si ça fonctionne, c’est aussi pour ça, c’est du spectacle vivant, il semble que les artistes se marrent bien entre eux, avec cet esprit de tournée, et peut-être que ça se ressent aussi en scène. Si j’en ai l’occasion, entre un Forum Léo Ferré, et un Connétable, j’irais peut-être y faire un tour, voir tous ces jeunes (de 1970) ça changera de Barjac, et… non rien… D’ailleurs moi-même, pour l’âge tendre, c’était quand déjà??

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  8. Claude Fèvre / Festiv'Art 17 août 2014 à 9 h 58 min

    Le ton de nos échanges est léger et franchement je trouve ça salutaire !
    L’an passé à mêmes dates j’étais au festival diligenté par la municipalité de Montluçon, gratuit lui aussi, éclectique lui aussi… mais certains concerts étaient tout de même assez… insupportables … ! Bon, pas de quoi me terrasser… je partais discrètement à la fin d’une chanson. C’est tout ! Le grand avantage des concerts gratuits, en plein air !!!
    J’y ai revu les Pauvres Martins, Strange Enquête et… Jérémie Bossone… et découvert Buridane … en somme de délicieux moments dont NosEnchanteurs a gardé trace… mais chroniques qui n’ont pas dû « enchanter » les organisateurs. Aucun retour !! Tiens, cette remarque en suggère une autre : je constate que les organisateurs de ces « petits » festivals soit ne voient pas l’intérêt des chroniques sur le web, soit voudraient que nous soyons béats devant leur programmation… car je ne peux pas dire que je sois incitée à y revenir pour « couvrir » avec l’effort que cela suppose… Être chaque matin devant son clavier dès le petit déjeuner dégluti ! Je serais curieuse de savoir comment Patrick est perçu par l’équipe de Concèze… Bon, allez, c’est un peu de la cuisine maison tout ça…

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    • Norbert Gabriel 17 août 2014 à 11 h 28 min

      Le monde change, et certains ne le voient pas bouger… Même en faisant le constat que la presse papier est moribonde en matière de chanson, on reste bloqué sur des schémas obsolètes. L’autre problème des « petits festivals » c’est me semble-t-il, un choix clientéliste très localisé, et dans cette approche, le garde champêtre avec tambour serait le plus efficace, et pittoresque. En revanche, si on regarde un peu ce que font les Francos de La Rochelle, leur communication web est remarquable… Ce n’est pas une question de moyens, mais d’état d’esprit. Au début, en 1985-95, les Francos se sont appuyées sur un club Francos qui publiait une revue de 15/20 pages, trimestrielle, et ça a créé un lien qui perdure avec les festivaliers. Ce serait encore plus facile aujourd’hui avec le web si les « acteurs » des ces festivals avaient l’idée de vivre avec leur temps… Il y en a, mais ce n’est pas la majorité du genre…

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  9. Patrick Engel 17 août 2014 à 10 h 58 min

    Eh non, Claude, le petit déjeuner pas même dégluti, en ce qui me concerne. Mais ça, c’est parce que l’équipe du festival de Concèze me prive de toute nourriture, ainsi que de toute considération, quand ce ne sont pas les enfants du village qui me jettent des pierres. Cela dit, j’écris ces lignes les pieds dans la piscine, ça compense…

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  10. Daniel des bois 17 août 2014 à 12 h 35 min

    Drôle. Sur cette photo on dirait presque Mouloudji !

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  11. Franck Halimi 17 août 2014 à 12 h 36 min

    Orso fleurit là où Mouloud git, je vous le concèze…

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