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Benjamin Biolay : Trenet style fin de nuit

011-4ba7614Une toute autre proposition pour un Trenet inattendu : celui, jazzy de fin de nuit, de Benjamin Biolay. A ouïr par curiosité, et plus si affinité…

Á écouter Le Grand café, Que reste-t’il de nos amours, L’âme des poètes et quelques autres encore on dirait du Biolay imitant Gainsbourg qui chante Trenet. Ce n’est donc pas une copie, ou si ça l’est c’est par lointain ricochet.

On dit que Charles Trenet est (probablement) l’inventeur de la chanson contemporaine. En bon contemporain, Benjamin Biolay l’a donc fait sien. A force de faire ses gammes au piano sur Trenet, pour s’amuser, pour s’échauffer, le voilà qu’il rassemble douze titres du fou chanté qui, c’est vrai, n’est guère reprisé, dont l’œuvre s’estompe dans un relatif oubli.

Seule pièce originale de ce disque, La chanson du faussaire, de Biolay (inclus des propos de Trenet lui-même, comme pour authentifier la démarche), comme un clin d’œil complice, qui ne dépare pas du reste, qu’on pourrait croire du natif de Narbonne. Les complices de Biolay l’ont cru, d’autres se feront avoir par ce faux qui, avouons-le, porte bien son titre.

Ambiance jazzy, feutrée, romantique et fatiguée, de fin de nuit, deux de tension guère plus, Biolay se la joue crooner et ce n’est pas désagréable. Mais il faut aimer. Ceux qui, attirés par le projet, aimeraient retrouver l’âme et l’exubérance du poète en seront pour leur frais. S’il y a d’la joie, elle ne s’exprime pas de la même façon que le troubadour zazou au feutre mou. Biolay fait de ce matériau de premier choix que sont les chansons de Trenet un tout autre produit, autre ressenti, pas inintéressant du reste, mais différent, un peu désincarné tout de même, presque distant.

Biolay chante, pianote, violone, trompette et trombone. Le reste se partage entre Nicolas Fiszman (guitares, basse, piano) et Denis Benarrosh (batterie et percussions), ces deux-là co-signant l’opus, ce qui est rare mais semble attester du plaisir et de la connivence, de « ce temps précieux, hors de tout calcul » qui président à ce Trenet.

Quitte à prendre, cette actu « Biolay » vaut mieux que ce à quoi la presse people le condamne aujourd’hui, le vouant au purgatoire pour avoir quitté (le/la) Paradis. Même si cela reste dans la rubrique « reprise » qui semble être désormais l’essentiel de ce que la chanson produit et promeut, à quelque niveau que ce soit, majors comme autoproduits. Comme quoi il y a quand même un blême dans la chanson, une crise : perte de créativité ou besoin pressant de simplement survivre, on ne fait plus que reproduire, avec plus ou moins de distance, plus ou moins de talent. Au moins Biolay a fait autre chose.

 

Benjamin Biolay, Nicolas Fiszman et Denis Benarrosh, Trenet, Riviera/Barclay/Universal 2015. Le site de Benjamin Biolay, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. (Cet article a été préalablement publié sur le site WeLoveMusic).

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6 Réponses à Benjamin Biolay : Trenet style fin de nuit

  1. Danièle Sala 13 novembre 2015 à 10 h 45 min

    On peut aimer ces reprises par Benjamin Biolay pour les raisons évoquées ci-dessus…Ou pas . Pour ma part, je préfère de loin Trenet repris par un autre fou chantant, Jacques Higelin .

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  2. Pol de GROEVE 13 novembre 2015 à 13 h 31 min

    Dans un de ses interview, Biolay avait raconté qu’il avait horreur de l’humour dans la chanson et qu’il ne fallait jamais chercher une trace de second degré dans son œuvre.
    C’est donc avec curiosité que j’avais pris connaissance de ce disque de reprises de Trenet. Comment allait-il éviter la fantaisie de l’artiste ?
    Résultat : bien joué de sa part ! Biolay n’a repris aucun titre amusant, se contentant des chansons plus mélancoliques du maître. Bien sûr, cela donne un aperçu tronqué de l’œuvre de Trenet (comme s’il n’était pas aussi un rigolo !) mais ça a le mérite de la cohérence avec l’œuvre de l’artiste repreneur.
    Biolay énerve beaucoup de monde mais on ne peut lui dénier le fait de savoir ce qu’il fait et où il va, sans se soucier des ventes qui tournent. On peut appeler cela « intégrité », non ?

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    • Norbert Gabriel 14 novembre 2015 à 17 h 15 min

      Oui… ou non…. Cette tentative de repeindre Trenet avec d’autres couleurs me semble assez consternante, comme une sorte de clone de Gainsbourg faisant une sombre imitation de Trenet sans beaucoup de recul… Trenet a des chansons sombres? Higelin l’a très bien montré sans faire du lugubre désincarné… Il y a pas mal de choses de Biolay que j’aime bien, mais là, vous avez compris que je n’aime pas du tout.

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  3. Patrick Engel 13 novembre 2015 à 15 h 35 min

    Ah qu’il est Bio, le débit de Lay…

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    • Norbert Gabriel 14 novembre 2015 à 17 h 18 min

      … ou qu’il est laid ce débit de Biolay , quand y a pas d’joie dans le jeu…

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  4. catherine Laugier 14 novembre 2015 à 15 h 22 min

    Oui, c’est agréable, mélancolique, lent, caressant. Un petit côté Jean Sablon, très vintage. Ou Salvador pour la Chanson du faussaire. L’analyse de Pol est très juste. Mais si le but est de montrer que Trenet n’est pas démodé, il n’est pas atteint.
    On aurait pu souligner son côté subversif, le surréalisme des paroles, l’art de dissimuler le désespoir sous des rythmes à danser. Ou la modernité de la musique.
    En même temps que Trenet, il y avait Tino Rossi. Deux conceptions de la chanson.
    Et la comparaison avec Higelin me va bien, même esprit frappeur !

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