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Ça Garance pas mal à Paris

Garance (photo DR)

Garance (photo DR)

Garance, 24 janvier 2018, Théâtre de l’Essaïon à Paris,

 

Croyez-le, quoi de mieux, chers Enlecteurs, en cette morne et glaciale soirée de janvier que d’aller se lover bien confortablement entre les mots chaudement pétillants de la belle Garance (ce n’est pas un jugement, juste une constatation !). Belle et rebelle, donc, posée là comme une évidence ou une équation mystérieuse, jeune pousse sous les vieilles pierres de l’accueillante cave médiévale voutée du Théâtre de l’Essaïon. Garance qui était précisément, il y a quelques jours, en première partie d’Amélie-les-crayons sur les planches du Café de la Danse. En ce soir d’hiver parisien, tout de noir vêtue avec une classe folle, elle s’avance bien campée sur scène, juchée sur ses talons hauts, les pieds sur terre et la tête bien faite dans les étoiles. Mutine, espiègle et spirituelle, sa guitare en bataille délivrera tout du long de la soirée notes et mots au fil de riffs affutés qui touchent droit au cœur, sans coup férir. Dans une imparable formule dépouillée guitare/voix, la gouaille aux lèvres avec une diction irréprochable, et à sa bouche incarnat des émotions coquelicots en cascade qui nous ferait perdre les pétales… Il faut dire que cette jeune femme bien de son temps cache bien son jeu pour qui la découvrirait : pasionaria moderne fièrement harnachée de sa guitare acoustique à six coups, cette activiste de la chanson a bien des choses à dire et à bien dire. Instaurant une vraie connivence avec le public, avec toujours l’œil qui frise, elle est aussi féminine que féministe, juste une femme libre, en fait, à l’image de certaine incontournable ainée dans le milieu de la chanson-qui-ne-prend-pas-les-gens-pour-ce-qu’ils-ne-sont-pas… De la chanson engagée, donc, en ce sens qu’elle est terriblement ancrée dans la société, mais toujours avec ce petit côté aérien qui fait passer bien des pilules amères, de la chanson faussement légère qui fait aussi réfléchir. Une très belle façon de voir l’atmosphère du monde et d’en parler, une véritable gourmandise de l’oreille pour les enfants du paradigme que nous sommes tous un peu… Après quelques phrases de Benoite Groult, elle nous gratifie d’un texte issu d’un atelier d’écriture, texte plein d’émotion traitant de la privation du droit d’écrire, jolie mise en abyme s’il en est. Et ce tout en sobriété, dans le noir quasi complet, éclairée seulement par l’unique flamme-bijou d’une bougie donnant au tableau en clair-obscur de faux airs de peinture de maitre du XVIIIème siècle. Un spectacle entre cour et Chardin, donc. Au premier rang, sur le côté, perché sur sa chaise XXL, un p’tit bout de chou de quelques années ouvre, hypnotisé, de grands yeux ronds comme des pleines lunes brunes. Sans doute le premier concert de sa vie, moment important s’il en est. On pouvait plus mal tomber… Viennent ensuite Zagreb, dans lequel Garance règle crument quelques comptes, énervée qu’elle est par la colère, et puis Prends-moi, interprété a capella avec quelques percussions corporelles. Un frisson passe, badin, d’échine en échine dans la salle conquise… En invitée du soir, elle reçoit ensuite la chanteuse Clou pour un joli duo au détour duquel la guitare semble se faire kora africaine. Il se murmurerait qu’un certain Benoit Dorémus pourrait la rejoindre la semaine prochaine, mais chuuuuuut… La Bérénice de Racine (en est-il seulement une autre ?) s’invite ensuite sur scène, le temps d’une célèbre tirade : « Ah, cruel, est-il temps de me le déclarer […] Hélas, je me suis crue aimée… ». Et puis, et puis, attendu et espéré, vient le brûlot poignant Jour de poisse (j’n’écrirai pas de chanson sur toi), indispensable et magnifique manifeste contre les priapiques indigestes… Noir. Avant le retour vers la lumière en douceur avec Ta tasse de thé, petite merveille d’émotion épurée, chantée sous les yeux embués de Mireille, la mascotte que vous découvrirez lors de votre prochaine venue dans ce bel endroit. En effet, dans l’attente impatiente du troisième album prévu courant 2018, Garance jouera pour vous au Théâtre de l’Essaïon tous les mercredis à 19h45 jusqu’au 21 février, courrez-y ! Et demain est un autre jour…

 

Le site de Garance, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là. Image de prévisualisation YouTube

Une réponse à Ça Garance pas mal à Paris

  1. Franck Halimi 27 janvier 2018 à 18 h 56 min

    Le « entre cour et Chardin » m’a cueilli, Patrick Engel !
    Un papier qui donne envie de plonger dans la Garance…

    Répondre

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