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Fête de l’Humavortée

L'Huma, à La Courneuve (photo DR)

L’Huma, devant la grande scène, à La Courneuve (photo DR)

A la Fête de L’Humanité, depuis toujours, on s’y sent bien. C’est sans doute un des rares lieux qui défend les valeurs que nous soutenons depuis toujours sur NosEnchanteurs, autour de la chanson, du spectacle vivant de la culture sous tous ses aspects. Au travers nos reportages, depuis de nombreuses années, nous n’avons jamais caché notre sympathie pour les courants de pensées qui animent la Fête de L’Humanité (à titre d’exemples, voir nos articles de 2017 et de 2016). Chaque année les artistes que nous aimons viennent soutenir cette fête, à la fois pour y rencontrer un public chaleureux mais aussi comme un acte militant. Ils viennent se produire sur les petites scènes contre un simple défraiement. Et, même pour les têtes d’affiche, sur la grande scène, les cachets sont parfois négociés à la baisse. Le village du livre accueille des auteurs dont nous chroniquons bien souvent les ouvrages en lien avec la chanson. EPM l’éditeur phonographique spécialisé chanson française qui a distribué ou produit des artistes comme Léo Ferré, Anne Sylvestre, Michèle Bernard, Chanson Plus Bifluorée et bien d’autres… y tient stand.

Enfin la Fête de L’Humanité c’est un peu notre famille de coeur et d’esprit. Il se trouve qu’en famille la vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille et, cette année, la crise est à son comble. Nous avons vécu une Fête de L’Humanité des plus chaotique compte tenu des conditions de traitement des photo-journalistes par l’organisation presse de la Fête.

TROP C’EST TROP ! Notre travail devient de plus en plus compliqué. Obtenir les accréditations photos pour les concerts tient du parcours du combattant. De managements en labels, de maisons de prod, en tourneurs… le dédale nous donne ce « privilège » de rencontrer parfois ces petits chefaillons zélés qui méprisent les photographes en les faisant devenir dingues. Leur boulot n’est il pas de contribuer à valoriser l’image des artistes dont ils s’occupent ? Ne nous y trompons pas, nous ne sommes pas des paparazzis, nous ne nous cachons pas dans les poubelles pour voler le dernier scoop graveleux. Notre travail, nous le réalisons devant les scènes avec beaucoup de respect et d’amour pour les artistes. Nous essayons de faire les plus belles images possibles. C’est uniquement l’esprit de partage qui nous anime, pour le public, et bien souvent pour des clopinettes puisqu’il est bien connu que, maintenant, avec les smartphones, tout le monde est photographe pro… Il n’empêche que pour bon nombre d’entre nous cela reste un métier qui normalement devrait permettre de vivre décemment.

A la Fête de L’Huma, traditionnellement, les choses étaient simples. Nous étions accrédités pour les trois premiers titres de chaque concert. Le contrat était sans doute un peu frustrant puisque les plus belles images nous les réalisons en général quand le concert a pris vie, mais soit, c’était clair et respectueux du travail de chacun. Cette année il faut croire que le virus a gagné la Courneuve puisque la fête a accrédité 70 photographes pour finalement afficher des listes très restrictives comportant seulement 6 ou 10 élus au dernier moment avant les concerts. Autant dire qu’une grande partie des photographes, parfois venant de très loin, est présent trois jours pour rien ou presque. Ce n’est que mépris et flagrant manque de respect. Quand on interroge des organisateurs et le service presse, la réponse est limpide  : « c’est pas nous, c’est pour la sécurité », « c’est pas nous, ce sont les prods qui nous imposent ça », « c’est pas nous, c’est pas nous… » C’est qui alors ? Ce n’est certainement pas du fait des artistes : eux apprécient notre travail et sont souvent très reconnaissants. Peut être ne sont-ils pas informés de cette situation ? Qu’ils devraient s’en inquiéter ?

C’est la mort dans l’âme que nous renonçons à écrire, cette année, un compte-rendu sur la Fête de L’Huma. Nous y avons fait pourtant de bien belles rencontres mais nous parlerons des artistes vus et rencontrés à cette Fête dans un autre cadre. Il n’est pas dans notre intention de les pénaliser ; bien au contraire, nous déployons toute notre énergie à les soutenir, à parler de leurs concerts et albums. Il faut parfois dire les choses. Nous regrettons que ce petit îlot de résistance précieux qu’est la Fête de L’Humanité se soit laissé gagner, cette année, par cette folie ambiante que nous combattons. Nous faisons appel à l’intelligence collective (organisateurs, service de presse, productions, labels, tourneurs, artistes…) pour que nous n’ayons plus à vivre une Fête de L’Humanité aussi délirante. La raison et la sérénité devraient l’emporter. Longue vie à la Fête de L’Humanité, à l’année prochaine… Ou pas.

8 Réponses à Fête de l’Humavortée

  1. Michel Kemper 23 septembre 2018 à 15 h 19 min

    L’exercice de notre activité, principalement pour les photographies mais aussi, parfois, pour les rédacteurs, se détériore constamment. Nous ne pouvons que déplorer l’irresponsabilité de « professionnels » en charge d’artistes qui rendent notre tâche chaque jour plus difficile que la veille, à croire qu’ils le font exprès. Ce qui n’est évidemment pas l’intérêt des artistes, comme le dit si bien Vincent Capraro. Encore faut-il que ceux-ci réagissent et ne laissent pas se développer plus encore de telles attitudes dans leur entourage professionnel.
    Michel Kemper/NosEnchanteurs

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  2. Laurent Schneider 23 septembre 2018 à 15 h 26 min

    Bravo pour ton coup de gueule !!

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  3. Franck Halimi 23 septembre 2018 à 15 h 27 min

    Excellent papier et juste coup de gueule.

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  4. Daumas richard 24 septembre 2018 à 9 h 37 min

    C’est quand même un peu fort de glorifier la fête de l’huma d’un côté, en général, et de négliger celle de 2018 tout en lui réservant un article généreux, même critique. Comprends pas la démarche.

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    • Michel Kemper 24 septembre 2018 à 12 h 56 min

      Où est le problème ? On peut penser le plus grand bien, pour des tas de raisons, politiques ou non, de la Fête de L’Humanité, tout en dénonçant les conditions qui désormais sont faites au reporters photographes pourtant accrédités par cette même Fête de L’Humanité.

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  5. Sandrine Cabadi 25 septembre 2018 à 10 h 10 min

    Ceci dit, il est fort possible que les producteurs, managers et autres, en soient responsables. Pour la petite anecdote, l’Huma avait contacté Sting pour lui demander de venir jouer sur la grande scène. Il était d’accord et voulait même venir gratuitement. Seulement il a un contrat d’exclusivité avec un producteur qui a réclamé 300 000 $ à l’Huma… Sting n’est pas venu…

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  6. lagodas 26 septembre 2018 à 17 h 45 min

    Il conviendrait peut-être de se poser la question de l’incompatibilité entre la chanson que nous aimons et souvent si bien défendue dans ces lignes, et l’artillerie des parcs à bestiaux pour culture de masse (même travailleuses) où l’humain se noie. La fête de l’huma, je n’y vais plus depuis le jour où j’ai vu le public applaudir l’écran géant au lieu de l’artiste qu’il apercevait à côté. Désolé pour le journaliste qui cette année a senti le rouleau compresseur lui passer sur les pieds et bon courage pour la suite!

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    • Michel Davesnes 21 février 2020 à 2 h 22 min

      Je trouve dommage que l’auteur de cet article ne vous ait pas répondu car vous pointez bien la contradiction qu’il y a à défendre la chanson de qualité, qu’on trouve ailleurs que dans les foires à bestiaux, tout en déplorant les conditions qui sont faites aux spectateurs et aux professionnels de l’image dans ces foires à bestiaux. Ça fait un moment que la fonction première de la Fête de l’Huma est de boucher les trous du déficit du journal des camarades.

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