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Boule, Roux, d’amour, de rêve et d’envolée

Boule et Monsieur Roux (photos d'archive Anne-Marie Panigada)

Boule et Monsieur Roux (photos d’archive Anne-Marie Panigada)

18 octobre 2018, Bicéphale, Le Petit-Duc à Aix-en-Provence,

 

Comment, c’est maintenant que tu nous parles de Boule et de Roux ? Boule, lui qui est toujours en retard, même pour arriver sur scène, me pardonnera sûrement : des circonstances complètement indépendantes de ma volonté m’ont empêchée d’écrire plus tôt cet article… Bref, c’est Monsieur Roux (Erwan) qui a démarré tout seul le concert, avec sa chemise à carreaux, ses lacets rouges, beau-gosse sous les cheveux argent (« Ah si j’étais grand et beau », chantait–il à ses débuts, on dirait bien qu’il y est arrivé), sa voix douce et bien placée, du genre à dire suavement des horreurs sans qu’on s’en rende compte, et ses interrogations « La vie fait ce qu’elle veut et nous on fait ce qu’on peut ». Et breton, donc si l’on s’en tient aux préjugés tenaces, têtu.

Du fond  des coulisses Boule, sa chemises rouge et sa guitare électrique, le rejoint pour le dernier accord.
Même s’il a l’air blagueur, parfois bougon, Cédrik est un mélancolique qui cache son empathie sous la dérision. Il est normand, ce qui occasionne comme chacun sait d’amères discussions sur la situation géographique de notre fleuron naturel et culturel national, le Mont Saint-Michel.
La difficulté des normands à se décider doit entraîner chez lui une certaine propension à ne pas respecter les horaires. Tous ceux qui partent à l’heure où ils devraient être arrivés, pour qui « Aujourd’hui c’est demain la veille » se reconnaîtront…Tout comme ce trio qui débarque avec une demi-heure de retard juste au moment où Boule prononce : «Je prends le temps d’être en retard / Si tout le monde en faisait autant / On arriverait tous en même temps ».

Les deux amis – ça fait plus de dix ans qu’ils se croisent, se rencontrent, jouent de conserve, et plus récemment, font des concerts en duo pour se générer des vacances lucratives – ont de grandes valeurs en commun :  principalement le souci de ne pas perdre sa vie à la gagner, quitte à slalomer entre les clous, tout en étant bien conscients de notre fin prochaine. « On va tous crever youpi youpi » dit Roux. « Tout le monde y meurt à la fin » fait reprendre Boule en final !
On le voit bien lors des échanges de chanson, qui leur font nostalgies communes, celle de Roux vieille de dix ans,  reprise par Boule, terriblement d’actualité : « Et je regarderai de haut / Tous mes anciens idéaux / Et tous mes rêves inutiles / Et je voterai utile ». Celle de Boule, reprise par Erwan avec la même tendresse, conte fantastique pour une Mamie envolée.
Il se partagent aussi la même verve satirique. Roux fustige les humains qui se comportent comme des animaux : « Parfois quand passe un étranger / Petit chien-chien bien dressé / Tu hurles au loup, à l’immigré / T’as peur qu’on te pique ta pâtée ». Boule se gausse d’une compagne trop portée sur Les pizzas.  Et tout le monde, même le public, se retrouve en weekend en Mayenne pour une cumbia neurasthénique.
Mais c’est bien cette  tendresse que l’on  a peur de montrer qui les rapproche. Ecoutez cette non demande en mariage d’Erwan « Je ferai mon nid sans brindille / Je ferai mon nid juste avec toi » qui calme la  peur de mourir « Pourvu que ce soit avant toi », ou cette chanson d’amour suicidaire mais festive, où « il pleut des cordes…mais pour me pendre (..) à ton cou ». Et chez Boule, ce joli concept, l’Appareil volant imitant l’oiseau naturel (A.V.I.O.N), qui nous annonce un prochain doux album teinté d’absurde.

Leurs voix tout en contraste, rugueuse, nasale mais douce chez Boule, qui siffle aussi divinement, suave et retenue chez Roux, s’accordent  pourtant à merveille pour une chanson qui souligne nos contradictions autant que les leurs, de bicéphales bipolaires.
Ces deux mômes en délire qui n’ont pas vu passer le temps, comme le dit Boule, sont deux tendres anars, plus proches du petit bouffon de la cité harcelé, souffre-douleur (…) dont le p’tit nom c’est enculé, que du propriétaire, marchand de sommeil qui ne dit pas son nom. Préférant prendre le large pour vivre dans la lune à l’écart, et comme le chante Boule, voir la vie comme un cycle éternel : « Atome par atome, je me recycle en plein de petit riens du tout, je m’éparpille partout ». Emotion. Merci les amis.

Jeudi 13 décembre 2018 Boule sera avec Nicolas Jules à L’Auguste Théâtre à Paris, c’est à 20 heures.

Pour écouter Monsieur Roux c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Le site de Boule c’est ici ; pour l’écouter, là. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est ici

« Le bouffon de la cité », El Alamein Paris mars 2018 Image de prévisualisation YouTube

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