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Les bonnes touches de Louis Chedid

Louis Chedid, photo d'archives Vincent Capraro

Louis Chedid, photo d’archives Vincent Capraro

Par Philippe Emery,

Louis Chedid est comme les meilleurs crus qui se bonifient en vieillissant. Après  l’album Tout ce qu’on veut dans la vie, éclaircie dans la pénombre du confinement, il nous offre avec En noires et blanches une sorte de best of enchanté par le piano seul d’Yvan Cassar, l’arrangeur des opus ultimes de Nougaro et Hallyday. Ces chansons qu’on a longtemps rangées, un peu vite, dans le rayon variétés, voire variétoche un peu toc, sont ici revisitées, nettoyées, épurées, rajeunies, nature, rendues à l’os de leurs jolies mélodies et à la légèreté de leurs rythmes et de leurs paroles qui savent émouvoir sur des sujets parfois graves. Il est vrai que Romain Didier (Dans ce piano tout noir) ou Randy Newman (Songbook, vol. 1) ont su élever au rang de grand art ce type d’album piano-voix solo (sans Cassar). Mais revenons à notre Chedid, doux comme un mouton. 

Après Vivre (Arno avec Sofiane Pamar, un vrai coup de cœur), et Amours & pianos (Nicoletta, avec Johan Dalgaard et le regretté Jean-Jacques Genevard) la collection s’enrichit avec En noires et blanches, où Louis Chedid prend le pari de chanter des chansons conçues au départ à la guitare sur le piano d'Yvan Cassar. Quinze titres de la fin des années 70 à maintenant nous font redécouvrir l'incroyable actualité de Louis Chedid - Le chacha de l'insécurité a été écrit en 1983 - sa sensibilité aussi, avec cette Les absents ont toujours tort, écrite en hommage à Patrick Dewaere. Hold-up, la chanson qui m'avait pétrifiée à l'Olympia en vedette anglaise de Nicole Croisille, manque à l'appel, trop cinématographique pour le piano-voix (Ainsi soit-il devient ainsi le livre de photos qu'on feuillette plutôt que le film « caméra zoome arrière » du départ), mais on redécouvre la délicatesse de Ces mots sont pour toi, et tout Chedid se résume à ce T'as beau pas être beau, (… Monde cinglé, J’t’ai dans la peau, J’t’aime, t’aime, t’aime), 1978 et pas une ride. Une vision affûtée sous une tonne de tendresse.  Catherine LAUGIER

Après Vivre (Arno avec Sofiane Pamar, un vrai coup de cœur), et Amours & pianos (Nicoletta, avec Johan Dalgaard et le regretté Jean-Jacques Genevard) la collection s’enrichit avec En noires et blanches, où Louis Chedid prend le pari de chanter des chansons conçues au départ à la guitare sur le piano d’Yvan Cassar. Quinze titres de la fin des années 70 à maintenant nous font redécouvrir l’incroyable actualité de Louis Chedid – Le chacha de l’insécurité a été écrit en 1983 – sa sensibilité aussi, avec cette Les absents ont toujours tort, écrite en hommage à Patrick Dewaere. Hold-up, la chanson qui m’avait pétrifiée à l’Olympia en vedette anglaise de Nicole Croisille, manque à l’appel, trop cinématographique pour le piano-voix (Ainsi soit-il devient ainsi le livre de photos qu’on feuillette plutôt que le film « caméra zoome arrière » du départ), mais on redécouvre la délicatesse de Ces mots sont pour toi, et tout Chedid se résume à ce T’as beau pas être beau, (… Monde cinglé, J’t’ai dans la peau, J’t’aime, t’aime, t’aime), 1978 et pas une ride. Une vision affûtée sous une tonne de tendresse.
Catherine LAUGIER

Ça commence  avec Si seul sans vous, seul inédit de l’album, belle déclaration d’amour au public retrouvé de l’après Covid. Ainsi soit-il perd, c’est vrai, un peu de son énergie cinématographique initiale pour gagner en sérénité. Le chanteur a d’abord rêvé d’être cinéaste, en s’essayant au montage, et (Je me suis fais) La belle illustre parfaitement, aussi, cette écriture en cinémascope.

Tu peux compter sur moi et Ne m’oubliez pas se répondent un peu, dans un registre plus intime, comme Tout ce qu’on veut dans la vie (c’est d’être aimé)  trouve son complément dans On ne dit jamais assez aux gens qu’on aime qu’on les aime, hymnes à la tendresse et aux (bons) sentiments. Ces mots sont pour toi surfe avec mélancolie sur les amours mortes et Bouc Bel Air sur la nostalgie des plaisirs simples de l’enfance dans un Sud éternel. Tandis que Danseur mondain donne à Chedid un petit air proustien et, dans la voix, des accents à la Alain Chamfort.

Avec Le Chacha de l’insécurité ou Anne ma sœur Anne, prémonitoires en ces temps de retour des vagues brunes, le papa de « M » fait montre de tout son talent pour évoquer les sujets graves avec une élégante légèreté, tandis que T’as beau pas être beau  met une touche d’espoir cadencé sur le tableau sombre d’un monde de plus en plus fou. Le très pur Les absents ont toujours tort  évoque avec tact le deuil de ceux ou celles qu’on aime. 

God save the swing conclut ces cinquante minutes de bonheur simple avec un hymne à la joie bien plus réjouissant que les God save the Queen, ou King à l’honneur ces temps-ci. Dans l’air du temps qui passe, l’air de rien, l’air de ne pas y toucher, Louis Chedid rejoint les Souchon ou  Renaud dans notre panthéon de la chanson française contemporaine. En mode mineur. 
 
-Philippe EMERY

 

Louis Chedid, En noires et blanches, Parce que-La collection, [PIAS] 2022. La page facebook de Louis Chedid, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, là.
La tournée de l’album commence le 5 octobre 2022 à Lille.

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Ces mots sont pour toi, audio Image de prévisualisation YouTube

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