Tri Yann, bis repetita

Tri Yann et l’ensemble vocal Marie-Nodier (photo non créditée)
On croyait le récit de Tri Yann définitivement clos avec le concert ultime de septembre 2021 à la Cité des congrès de Nantes, celui de leur cinquante ans d’activité puis, peu après, par la disparition de Jean-Paul Corbineau, le « chanteur de charme » du trio d’origine, en décembre 2022.
Peut-être pas, témoin ce nouvel album qui arrive à nos oreilles. Nouveau ? Pas tout à fait : que des titres issus des trois premières décennies du groupe, de ces titre mythiques tels Le Mariage insolite de Marie la bretonne, Si mors à mort, Le Soleil est noir, Princes qu’en mains tenez ou, bien sûr, Le Loup, le renard et la belette et La Jument de Michaud. Que des classiques, des faciles à se mettre en voix. Car c’est bien ça ce nouvel opus : un ensemble vocal de trente-deux choristes (même pas breton, mais d’un petit village jurassien ! ) qui reprend ce répertoire, avec la participation du groupe Tri Yann au complet, son trio en tête. Le trio ? Jean-Louis Jossic, Jean Chocun et Christophe Peloil, ce dernier par ailleurs violoniste. Notons que cet enregistrement voit au générique le retour de Bernard Baudriller, le quatrième du trio (à l’époque au chant et à la contrebasse) qui avait quitté ses copains en 1986 pour retourner dans l’enseignement musical.
Cet album et, à la suite, des concerts ! Est-ce la renaissance de ce groupe emblématique de l’Ouest ?
Et ce présent album, précisément ? C’est de l’appliqué, du bien fait, autant qu’on peut le faire avec presque quarante voix, pas forcément simultanément mais… Le chant choral a son attrait et les chansons sélectionnées s’y prêtent bien. On peut le recommander, et pas forcément qu’aux inconditionnels.
Il est probable, évident même, que dans cinquante ans ou plus, on chante encore Tri Yann comme splendide expression du peuple breton. Nos Jean de Nantes ont mis en valeur, travaillé et ajouter (à) la tradition bretonne, et encouragé l’éclosion de pas mal d’autres formations, ce qui n’est pas rien. C’est un acquis pour très longtemps. Ce disque-là, ce choral (qui n’est d’ailleurs pas inédit chez Tri Yann, après celui, La Tradition symphonique 2, de 2004 avec l’ensemble vocal de Nantes, après aussi La Belle enchantée de 2016, ultime – à ce jour – album studio du groupe), est dans la logique, le bon sens. Qui aime chanter, à plus forte raison s’il réside entre Quimper et Nantes (et, à l’évidence, bien plus loin), ne peut qu’adopter un tel répertoire, en solo, en ligue, en groupe, en procession.
Alors, renaissance ou non ? Pas un « grand retour », pour Jean Chocun, un des « trois Jean de Nantes », mais « une petite émergence ». L’avenir nous dira ce qu’il en est, si nos Tri Yann rempilent en vétérans qu’ils sont de la chanson bretonne. Ce présent CD est un signe, un bel encouragement.
Tri Yann & l’Ensemble vocal Marie Nodier, Aztec Musique/[l’intégral] 2025. Le site de Tri Yann, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’eux, c’est là.
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