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Zachary Richard, sa langue, ses combats

1642753Sur la pochette, pieds nus et chapeau de paille, dans le golfe du Saint-Laurent, près du rocher des oiseaux, il mime ce fou de Bassan qu’il célèbre par sa chanson-titre. Vingtième album que ce Fou depuis le fameux Bayou des mystères de 1976. Une moitié américain, l’autre farouchement acadien, Zachary Richard, ce natif de Louisiane fut, souvenez-vous, l’auteur de Travaillez c’est trop dur, en 1977. A soixante-quatre ans, l’homme est resté fidèle à son art, à ses bayous. On peut l’avoir quitté il y a pas mal de temps qu’on le retrouve pareil. Zachary est animal migrateur, sans cesse entre Paris, Montréal et sa Louisiane. Ce francophone militant, pour qui notre langue est permanent combat (ça change des p’tits cons de chez nous pour qui le must est de gazouiller english), investit de nouveau le sol français. Par ce précieux album, par une tournée (en mars dernier et bientôt encore*).

La chanson-titre rend hommage à la nature et à cet oiseau, le Fou de Bassan (à la suite de la marée noire d’il y a quatre ans, un 20 avril, dans le golfe du Mexique), dont le territoire de nidification est le Québec. Et la Louisiane pour refuge d’hiver. Par cette chanson, Richard lance un « cri d’alarme contre l’inconscience de l’homme. » Par toutes ses chansons, Zachary Richard est une forme de résistance. Tant que des hommes comme lui feront barrage de leur art contre ce monde qui se tue à petit feu, à grand dérèglement climatique, cédant sa culture au plus offrant, se reniant chaque jour plus encore, tant que le chant d’un tel fou pourra contenir des digues…

Ce disque nous parle, nous chante, de choses naturelles, de la nature, de la vie, de l’amour. De cet oiseau fou, de l’orignal, des hirondelles… Et du vent qui toujours s’insinue dans ses vers. Celui qui souffle sur son pays, celui qui l’emporte vers d’autres cieux et porte son chant : « Quand le vent souffles sous tes ailes / Un vent du nord pour t’emmener en Louisiane / Je resterais toujours fidèle / Et j’espère te revoir un beau jour… »

Cet album est carte d’identité d’un homme résolu, de sa région natale qu’il quitte souvent pour y revenir toujours, de ses combats. D’une voix qu’on connaît, portée tant pas son entrain que par son accent qui roule ses « r ». Et d’une musique pareille, enthousiasmante, vivifiante, notes ensoleillées qui dardent nos désirs d’ailleurs.

Le grand retour de ce lointain cousin est une bénédiction pour les amateurs de chanson que nous sommes. Faisons que ces chansons quittent notre cercle trop restreint pour aller aussi toucher la conscience universelle.

Zachary Richard, Le fou, Sony music 2014. Le site de Zachary Richard, c’est là.

* De retour en France à l’automne : 9/10 MCL – Gauchy (02), 10/10 La Luciole – Alençon (61), 11/10 Festival L’Estival – St Germain en Laye (78), 17/10 Festival Avignon Blues – Avignon (84), 18/10 Festival Fiesta des Suds – Marseille (13).

 http://www.dailymotion.com/video/x11abeq

 

4 Réponses à Zachary Richard, sa langue, ses combats

  1. Babeth 18 mai 2014 à 11 h 30 min

    grand plaisir que de retrouver ce fou-là !
    juste une précision, il me semble que « travailler c’est trop dur » et un trad cajun et que Zacharie n’en n’est pas l’auteur, mais plutôt le premier à l’avoir fait connaître du public…

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  2. Danièle Sala 18 mai 2014 à 12 h 17 min

    Zacharie Richard est l’auteur du texte additionnel et des arrangements musicaux de cette chanson du répertoire traditionnel Cajun . ( Le travail en chansons) .

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  3. Odile 18 mai 2014 à 23 h 39 min

    « Ça change des petits cons de chez nous pour qui le must est de gazouiller english » ( fin de citation).
    Je n’aurai pas employé cet adjectif!
    Car je pense que si on veut éviter les polémiques, comme cela arrive asses souvent il n’est pas nécessaire d’en rajouter.
    Ceci dit Mr Kemper et avec tout le respect que je vous dois,
    merci pour votre article sur ce fou chantant qui a beaucoup de talent.

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    • Norbert Gabriel 19 mai 2014 à 17 h 38 min

      C’est pas faux, mais comment qualifier le petit c… ocoon qui déclaré: » La première fois que j’ai écouté du Brel ou du Gainsbourg, j’ai trouvé ça bizarre, carrément laid »
      C’est du Mark (avec un K , comme dans Klermont-Ferrand) Daumail de Cocoon.. qui chante en anglais, on m’a traduit ses textes… Conclusion? Quand on n’a rien à dire, on le dit en anglais… » Vous avez dit bizarre ??

      Répondre

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