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La Baronne, tout d’une grande !

Ça c’est un bon vieux papier, de décembre 1997 (au Majestic de Firminy) c’est dire ! Sylvie Cobo, dite « La Baronne », une chanteuse « locale », triomphait alors sur les scènes de Rhône-Alpes. Étrangement, le « journaliste chanson » que j’étais déjà ne l’avait pas encore épinglée à mon catalogue. Chose faite. Quelques années après, Sylvie quitta la Loire, quitta la France, pour rejoindre son amoureux au Québec. Deux disques là-bas, sous son vrai blaze et puis plus de nouvelles. La rumeur la disait même avoir abandonné la chanson, être devenue bûcheronne. La chanteuse bûchait sans doute autrement puisque La Baronne va nous faire en novembre prochain son retour au pays, lors de deux soirées des Oreilles en pointe. Occasion s’il en est de revenir sur cette splendide artiste.

Archive. Si j’étais directeur artistique dans une de ces multinationales du disque, je signerais un contrat, là, tout de suite, sur un bout de table, sur un timbre-poste même, pour être sûr de l’avoir, prestigieuse, à mon catalogue. Et de ne pas me la faire piquer par un autre.
Si j’étais un chanteur à succès, je ne prendrais pas La Baronne en première partie de mon Olympia de peur d’être déjà oublié et congédié lors de mon entrée en scène. Car le showbiz est très cruel…
Si j’étais l’organisateur de cette soirée, je la reprendrais pour la prochaine saison, parce que c’est évident. Mais en sachant, vu l’ampleur de la rumeur, qu’il faudrait penser à une plus grande salle.
Si j’étais un programmateur intelligent, sensible et avisé à la radio ou à la télé… Mais, suis-je bête, c’est un poste de travail qui n’existe pas !

Qu’Emmanuel de Bonneville, le pianiste, ne m’en tienne pas rigueur : même si La Baronne est l’exact nom du duo qui l’associe à Sylvie Cobo, c’est bien cette dernière qui, sur scène, est La Baronne, fougueuse et majestueuse, lionne à crinière rousse, instinctive, prodigieuse, déjà très grande. On a comparé cette dame à de nombreux artistes. Mais c’est bien au-delà ! Elle est la rencontre et la fusion de quelques grandes voix de la chanson. D’abord de Danielle Messia, chanteuse trop vite disparue, dont on pouvait prédire la plus grande des carrières. Le timbré est le même, la fragilité autant que l’assurance de la voix. Il y a aussi évidemment un peu de Mama Béa, quand le corps de La Baronne se met en transe et arrache de ces sons étranges et beaux ; il y a du Stella Vander et du Magma dans la voix et dans la recherche d’une langue qui n’existe pas. Il y a, de manière appuyée, du Nina Hagen et, parfois, tout en douceur, des choses et la façon de les chanter qui font songer à Angélique Ionatos, à Noa aussi. Il y a la force de toutes ces chanteuses andalouses et puis, il y a la structure nonchalante et prégnante de Kent, à tel point qu’on se demande parfois si La Baronne ne serait pas Kent au féminin. Convoquer sur un article tout le gratin de la chanson fait plaisir, surtout si c’est pour affirmer une telle chanteuse. Sylvie Cobo écrit les textes qu’elle interprète. Des trucs simples, voire simplistes, mais qui se baladent bien entre nos oreilles. Même s’il serait sans doute judicieux pour elle de se trouver un grand parolier (pour l’avenir), son répertoire s’écoute. Et ses mots font parler son corps qu’elle utilise comme une fantastique caisse de résonance qu’elle frappe pour en tirer sons et percussions. Femme-orchestre, chanteuse et batteuse, qui dit que son corps est un tambour. C’est une gamine à l’air frondeur qui se joue de vous le temps d’un spectacle, et qui joue avec vous, fière de vous montrer ce qu’elle sait faire. Et si elle chante aussi en espagnol, c’est que ça lui procure des sourires, des airs malins, une candeur étonnante autant que la puissance d’une femme mûre et sûre de soi, qui n’aime et n’appelle que «les histoires d’amour compliquées». Elle a l’aisance de la jeunesse, le talent et l’avenir. Sa place est faite sur une scène internationale qui n’attend qu’elle. Bon vent !

Écoute de quelques titres récents de Sylvie Cobo. La Baronne, samedi 6 et dimanche 7 novembre 2010 au Quarto d’Unieux (le 6 en première partie de Clarika).

Une réponse à La Baronne, tout d’une grande !

  1. josiane massardier 7 novembre 2010 à 19 h 56 min

    Je reviens enthousiasmée par le délicieux spectacle de la Baronne au Quarto. Voix chaleureuse, puissance, des textes
    qui nous touchent ou nous amusent et une présence sur scène exceptionnelle. Merci pour ce moment de plaisir.
    Toutes mes félicitations aussi à son pianiste, virtuose.
    Belle continuation à l’excellent duo.

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