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La chica, envoûtante Circé

La Chica Photo d'archive 2017 ©La Chica Belleville

La Chica (photo d’archive 2017 ©La Chica Belleville)

La Chica Belleville, 17 février 2018, Le petit-Duc, Aix-en-Provence,



Sophie Fustec est née à Paris, à Belleville d’une maman vénézulienne et d’un papa français. Baignée d’une double culture, elle l’est également de musique avec le violon, puis le piano au conservatoire, écoutant tant les musiques traditionnelles de son pays maternel que les Beatles, Radiohead ou Debussy. Ingénieur du son, formée au jazz, on la voit accompagner des artistes de la scène actuelle tels Christophe Maé ou Pauline Croze, ou au sein du quatuor 3SomeSisters, en collaboration avec Yaël Naïm. Depuis 2013 elle a lancé son propre projet, La Chica Belleville, où elle marie influences traditionnelles et urbaines, acoustiques et électro, classiques et pop, autour de claviers, piano, synthé analogiques, pads, stomp box et baguettes, samplant des rythmiques folkloriques, des extraits parlés de discours, s’autosamplant et utilisant sa voix comme le premier des instruments.

Les amoureux des textes seront frustrés, car elle ne chante pas en français, ses textes lui venant naturellement en espagnol ou en anglais, langues qu’elle n’hésite pas à mélanger. C’est donc à une musique recréant des atmosphères abstraites mais poétiques et chaleureuses  qu’il faut s’attendre, où nous saisissons au passage quelques mots, corazon, cuerpo, miedo (la peur), sadness (la tristesse). La musique, les sonorités, les rythmes tribaux et profonds, évoquant des influences latines tout autant que l’afrobeat, l’expressivité de la chanteuse suffisent cependant à générer une émotion capable de captiver le public.

Car c’est d’abord à une grand messe électro que nous convie la Chica ce soir au Petit Duc, debout devant son clavier rouge et son pad. Telle Bjork, son chant s’élève, répétant ses incantations envoûtantes en une puissante danse sacrée… Les ondes électroniques déferlent et la voix conquérante proclame ! La voix très scandée mêle anglais et espagnol sur des rythmes presque africains, suggérant une transe mystique.

Lorsqu’elle dédie au Vénézuela une chanson  a cappella, pas une mouche ne vole dans le public avant que certains ne se hasardent à répéter le refrain. Elle enchaîne avec sa chanson phare, Oasis, et ses nappes aquatiques, qu’elle bissera en rappel. Rythmée de sons légers de baguette loopés, elle y mêle les variations de son principal instrument, sa voix, tour à tour rauque et aérienne, à l’acoustique et au synthé, en une mélodie chaude et enveloppante.

Le parcours alterne la mélancolie d’une chanson traditionnelle sur la solitude de l’homme,  au festif d’un chant sur la mort, qui n’est pas triste dans les civilisations d’Amérique du sud : on y boit (du rhum !) et on y danse sur des rythmes endiablés. In mémory.

Après nous avoir annoncé la fin du spectacle (stupeur !) la Chica se dirigera vers le piano à queue du Petit-Duc « pour se faire plaisir », dit-elle, et tester ses futures chansons, accompagnée du pad pour faire la transition dans le premier morceau. Une ode à Tu boca, ta bouche, tout en rythme lent et scansion, terriblement envoûtante, précède  une histoire d’amour et de mort où deux amants se laissent rentrer doucement dans l’eau, « Come inside / By your side », en vocalises aériennes sur des nappes déferlantes de notes très debussiennes.

La sirène nous conduit dans ses rêves éveillés, et donne les versions acoustiques d’une de ses rares chansons optimistes, Vale la pena (pas besoin de traduire), puis à nouveau, Oasis. Oserions-nous dire que la partie acoustique du spectacle nous a autant envoûtés que la partie électro ? En tout cas cette Chica là n’a rien perdu de ses qualités de pianiste, et nous attendons avec impatience son futur album. Merci l’enchanteresse.

 

Le site de La Chica Belleville, c’est ici. En concert le 24 mars 2018 à L’Aghja à Ajaccio et le 26 mai au Festival Les sons du Lub à Beaumont de Pertuis(Vaucluse)

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