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Vis à vies, rire sur un air d’agonie

Vis à vies (photo d'archives Thomas Bader)

Vis à vies (photo d’archives Thomas Bader)

Vis à vies, 4 juillet 2015 à  Simiane-Collongue,

 

Myriam Daups, jeune femme brune, chignon relevé, minceur élégante, stylée avec sa robe graphique sur fond noir. Juchée sur ses escarpins qu’elle remplace de temps en temps par des souliers de danseuse andalouse pour nous faire un numéro de claquettes époustouflant. Elle joue quelques accords sur sa guitare électrique, frotte son archet sur un violon,  gratte un ukulélé et claviérise s’il le faut. Stéphane Dahan joue de la guitare électrique. Il lui arrive de l’échanger contre une basse électrique ; Fabrice Thompson percute à la batterie.

Voix claire et bien posée, Myriam sourit tout le temps, même avec ces sujets sur notre planète enfiévrée, La faim du monde, la fin du monde. Même pour nous dire « Mon île s’enfonce dans l’eau », c’est à Vanuatu, qui n’en a plus que pour trente ans. Même pour nous parler de l’Amazonie qui agonise à Manaus, Amagonie, en duo avec son compagnon sur une entêtante mélodie. Charmante et charmeuse, Myriam use de sa voix caressante et de ses manières de féline.

Gérard Dahan, lui, est assis, en retrait de sa belle, l’accompagnant à la guitare acoustique. Il a une voix chaude, qui parfois prend des accents d’Amstrong, plus souvent encore de Nino Ferrer. Il joue aussi du ukulélé baryton. C’est l’aîné de la série, ou une petite guitare si l’on veut. Gérard compose, tous deux écrivent ou interprètent aussi quelques textes amis.

Ça swingue de toute part, on passe de la mélodie mélancolique à l’impro endiablée. Des sujets plus légers nous reposent. Problèmes de couples, du snobisme imposé des nouvelles cultures ou technologies. « Elle habite à Paris et j’comprends plus c’qu’elle dit ». Occasion de nous faire une impro de  jazz manouche de toute beauté.

Aux grandes causes écologiques se rajoute l’intérêt pour ceux qui sont autres, Samy enfant de l’Algérie, pourtant né ici, dont l’école représente toute sa vie. L’étranger, le différent, T’es qui toi. Celle qui est De l’autre côté, pas vraiment folle, pas vraiment vieille, chantée doucement sur une mélodie presque orientale. Et puis le mendiant qui se recroqueville, Pas vraiment un bandit, celui qui au ras du sol ne voit plus que des chaussures. Celui qui tend la main, « cette main qui offrait des fleurs le jour de la fête des mères ». Émouvante, Myriam la chante accroupie, presque à genoux, pour se relever à la fin dans l’espoir d’un nouveau départ. Là, on y croit. Jolie performance de comédienne.

Un petit côté Boris Vian mâtiné de Michel Legrand, dans cette prémonition, « Un jour on se tuera », couteau pour lui, poison pour elle ! Elle rit aux éclats, de ce rire que certains hommes ont envie d’étouffer dans la gorge trop exposée de leur femme fatale ! Tout doit finir par une explosion de joie (?) où l’on s’éparpillera aux quatre coins du monde. « La planète rira sur un air d’agonie (…) c’est quand qu’on s’aimera ? »

Myriam mêle aussi des chansons plus anciennes, qui touchent à des thèmes intimesDans Un monde pour les filles elle  questionne féminité et féminisme. Les garçons, le jeu de rôle imposé aux mâles.

Les chansons sont longues, les mots jouent à se percuter ou à voguer sur Les courants d’air qui soufflent les idées, les amours, sur un mélancolique solo de trompette au rythme de la Bossa. Toujours Marcher contre le vent, au sens figuré, pour sauver ce qui peut l’être, au sens propre, lofer au vent vers des îles lointaines.

 

Myriam et Gérard sont aussi les repreneurs de ce Théâtre et Chansons que nous fréquentons régulièrement à Aix-en-Provence, qui est devenu Le Petit Duc. Mais ceci est une autre histoire… Leur site, c’est ici.

Interview sur France 3 pour le concert aux 3 baudets en 2013 Image de prévisualisation YouTube

 

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