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Festival Pays d’Aix 2019. Sapho donne du vent à Barbara

Sapho photo FCF Pays d'Aix

Sapho photo pour FCF Pays d’Aix

8 octobre, Aix-en-Provence, Conservatoire Darius Milhaud, auditorium Campra,

 

« J’ai longtemps tergiversé, hésité, à reprendre Barbara. Elle me semblait si proche. Qu’est-ce que j’allais apporter ?»

Pourtant il semblait évident que Sapho reprenne Barbara. La « Barbara ethnique », telle qu’on là un moment surnommée, est de la race de ces divas insoumises, à la personnalité théâtrale, qui déclenche les passions. Il ne s’agit plus pourtant de faire ressortir sa punkitude ou sa révolte en cris, en « Barbarie », du nom de son titre presque éponyme.
Si elle a incarné déjà des femmes libres et rebelles telles Janis Joplin ou Oum Kalthoum, ici c’est l’écriture de Barbara, la douceur et l’élégance de son combat qui l’obsèdent depuis longtemps. Et aussi son humour fin et pourtant ravageur, pas toujours connu du grand public, semé au sein de la mélancolie. Son 
Joyeux Noël en prend une verve à la Marie-Paule Belle !

Sapho & l'orchestre conservatoire FCF Aix ©Fr. Cauwel

Sapho & l’orchestre conservatoire FCF Aix ©Fr. Cauwel

Malgré sa propre personnalité baroque, elle a donc préféré une mise en scène sobre, en piano voix, sans excès ni vibratos excessifs. Le plus expressionniste de ces titres, le plus « Barbara », alternant murmures, brisures et cris, sera sans doute cette Solitude à qui elle semble parler, assise sur le canapé au coin de la scène. Mais pour le reste elle utilise sa voix, plus ronde, plus naturelle que sur son album, et jusqu’à ses fragilités, en se ménageant des envolées sur des notes finales qui enthousiasment le public – ah cette île aux mimosaaas !

Bien sûr, elle reste impériale, vêtue de noir, chignon relevé, quelques mèches retombant en friselis, tenant sur le bras ou du bout de la main un long voile crème irisé, retenu au poignet par une couronne de roses, qui lui permet des effets à la Isadora Duncan.
Le jeu de scène reste discret cependant, celui de sa main droite qui reste libre, quelques pas sur la scène qu’elle arpente, parfois le repos sur un canapé, drapé lui aussi.

 Les chansons sont présentées simplement. Le choix s’est porté aussi bien sur les plus connues, Dis quand reviendras-tu, Vienne, Nantes, Gottingen, sobre et élégant, Ma plus belle histoire d’amour c’est vous, chantée comme il se doit avec le public, Marienbad, théâtrale, que d’autres plus rares, telle cette très enlevée Chapeau bas, et en rappels les émouvantes Petite cantate (1) et Drouot qui ne figurent pas sur l’album. 

Sapho chante Barbara L'album 2018

Sapho chante Barbara L’album 2018

Sans douter un peu inquiète au début, car elle a conçu l’album pour une forme épurée, piano-voix, sans accompagnement d’orchestre pour couvrir l’accord parfait entre elle et son pianiste – d’origine aixoise -dont nous vous avons souvent parlé, Etienne Champollion, elle se détend au fur et à mesure du concert et se laisse envahir totalement par ses chansons. C’est aussi [Son] enfance qu’elle revit : « les maisons fleuries sous les roses », mais « Il ne faut jamais revenir / aux temps cachés des souvenirs […] J’ai froid, j’ai peur, le soir se penche / Pourquoi suis-je venue ici / où mon passé me crucifie? »
L’orchestre à cordes du conservatoire, violons – altos – violoncelles et une contrebasse, onze très jeunes instrumentistes talentueux, sept jeunes filles et quatre garçons, dirigé par jean Philippe Dambreville – comme lors du concert si réussi avec Monsieur Lune deux ans plus tôt – n’arrive que sur la troisième chanson. Lorsque il en est besoin, sur
Vienne par exemple, les arrangements de Florent Gauthier font tourner les souvenirs « Sur trois temps de valse lointaine », et sur l’Ile aux mimosas, monter des aurores boréales.
L’aigle noir,
que Sapho ne souhaite pas chanter, sera présent en milieu de concert, un orchestral en pleurs très subtilement dissonants, distillant la mélancolie.

L’orchestre laisse dialoguer seuls le piano et la voix sur les chansons plus intimes, comme ce Pierre, qu’elle appelle tout doucement, si légère, si heureuse, ti la la, ti la la, « Oh Pierre, Pierre ». La comptine Au bois de Saint-Amand ( « Y a un arbre, pigeon vole » précède une déchirant Perlimpimpin où Sapho donne toute sa mesure : « Vivre / Avec tendresse / Vivre / Et donner / Avec ivresse ! » . 
Dix-sept chansons quand l’album n’en comporte que douze, une salle comble et comblée qui n’en finit pas d’applaudir ce concert généreux…

 

Le site de Sapho, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, là.

Sapho est en tournée de concerts le 12 et le 13, puis du 19 au 20 novembre 2019 à La dame de Canton à Paris, autres dates sur son site.

(1) La Petite cantate se justifie particulièrement ici, elle est dédiée à la pianiste de Barbara, fiancée à Serge Lama, victime d’un accident de voiture à Aix qui lui coûta la vie ainsi qu’au conducteur de la voiture, et laissa Serge polytraumatisé. 

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