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Tohu Bohu, chanson force 7

TOHU BOHU 2020 Tumulte rectangleSous le nom de Tohu Bohu, nous retrouvons le duo que nous avions apprécié à Avignon le 24 juillet 2017 dans un spectacle poétique intense, « Exodes », sur une musique voyageuse, Emmanuel Valeur à la musique et Olivier Morin aux textes.

Quinze titres héritiers de ce spectacle, jouant habilement avec les mots pour nous faire sourire d’abord, réfléchir, voire nous indigner ensuite. On y retrouve l’engagement et l’impertinence d’Olivier Morin, qui poursuit dans ses textes la métaphore filée, vraie jubilation intellectuelle. C’est ici de la chanson, que les textes soient slamés ou chantés, où la voix chaude, rocailleuse, d’Olivier Morin réplique à celle de Valeur, un peu écorchée également, décalée, presque moqueuse, dans un dialogue alerte : un reggae puissant à la Gainsbourg, « C’est l’Odyssée de Lady C / Et les lacets de son corset / Comme un roman dédicacé / À l’Angleterre trop corsetée », ou en miroir un slow balancé, Le coup du Test amant : « Tu veux savoir c’qu’il y a derrière / Glisser un œil dans les coulisses / Laisser ta place de spectatrice / Et sauter enfin la barrière ».

La musique, variée, élaborée, va du jazz à l’électro, où peuvent se poser des mots héritiers de Villon, en cette Ballade des vendus : « mais virez Dieu, qui ne sait rien résoudre », dans une collision impressionnante, étonnamment puissante. Aux faux dieux d’ailleurs Morin s’attaque gaiement, préférant Le bon Diable : « Si j’étais le bon Diable, il pass’rait aux aveux / J’lui dirais que la terre ça s’fait pas en six jours ( …) J’lui dirais que la guerre, ça commence à bien faire ». Surprenant le badaud par son Fils de Joseph et de Marie qui n’est autre que Léo (Ferré) « On dit qu’il n’a ni Dieu ni maître / Ça fait bizarre, on est surpris / Surtout pour ceux qui l’ont vu naître ».  Et plaignant le Pauvre Mokhtar : « toi le croyant, toi le ravi / Y’a pas de filles au paradis ».

L’environnement musical ne s’interdit rien, jusqu’au traitement de voix subtil dans Coming out, Coming en août. Rejetés en mer a un fond oriental, et la voix de Morin taille dans les vers, implacable, épouvantée par le drame. La fille d’Ebène fouille les bennes sur un rythme africain où les mots dansent dans les flammes de la décharge. Tandis qu’une plainte venue d’un autre temps, de tout temps, de tout lieu, envoûtante, soutient la langue poétique et fleurie des Louves de Septembre, parties d’Ukraine, d’Afrique ou d’Asie : « Elles ont les yeux ailleurs et la fourrure câline / Les griffes argentées la taille pour l’archet  ».

C’est aux gens, à tous ceux qui subissent ce monde du fric, de l’avenir à court terme, que s’adresse d’abord le duo. Aux animaux aussi, La baleine blanche, avec sa vision saisissante : «Ton glacier bleu pleure à minuit / Mon permafrost a des ennuis ». Pointant les coupables, le PDG, les politiques. Il faut écouter l’actualité tellement décoiffante du Blues de l’infirmière, ou plus encore cette époustouflante chanson fleuve, Trop c’est trop, une vraie revue de presse, hautement satirique et pourtant tristement réaliste.

Tout le tumulte de notre monde en folie découpé au scalpel, tricoté de mots et de notes, dans une fresque éblouissante, à partager, à faire connaître. Ce serait dommage que ça reste confidentiel.

 

Tohu Bohu, Tumulte, sur toutes les plateformes (2020).

La page facebook de Tohu Bohu, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’Olivier Morin et d’Emmanuel Valeur, là

La fille d’ébène Image de prévisualisation YouTube
Le blues de l’infirmière Image de prévisualisation YouTube

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