Safia Nolin, une soirée de folk sombre mais rieuse

Safia Nolin en duo à Tourcoing, Photos ©Marc Schaefer

16 avril 2025, Tourcoing, Le Grand Mix

Pour la tournée européenne de l’album UFO Religion, sorti en octobre 2024, Safia Nolin accompagnée de son complice Marc-André Labelle a posé voix et guitare sur la scène du club du Grand Mix à Tourcoing. Ambiance feutrée avec lumière tamisée tout le long du spectacle, projection en arrière-plan d’un petit rectangle de fenêtre sur un coin de nature, qui prend toujours plus de place pour remplir à la fin tout l’espace de projection. Pour accompagner cette évolution, d’autres projections comme le mot WOKE, une main en ombre et autres ambiances parfois très sombres même si, pour finir, c’est ce feu de camp qui crépite qu’on retiendra. L’atmosphère conduit même l’assemblée à s’asseoir par terre dès la troisième chanson. Ce concert très folk, guitares-voix accompagné de quelques sons de nature, s’y prête très bien malgré quelques perditions à mon sens de guitares saturées.

Est-ce une volonté artistique de se mettre dans un univers un peu décalé malgré le côté naturel de l’instant partagé ? Safia Nolin et son équipe nous plongent avec ce spectacle dans le dépouillement de la réalisation en huit jours de l’album, dans un chalet en Estrie, au sud du Québec à la frontière canado-américaine. Sympathique duo complice en acoustique, désormais toujours plus décontracté sur scène. Safia Nolin, dans sa légendaire spontanéité, en profite pour nous rappeler que nous sommes tous imparfaits, telle elle-même, bataillant avec « son chandail de France coincé dans sa guitare » (sans que le public ne s’en aperçoive !).

La religion présente dans le titre de la tournée prend une place imprévue lors des interventions finales spontanées entre les dernières chansons de Safia Nolin. Elle ne nous parle pas d’extraterrestres, mais bien plutôt de l’Apocalypse, dès le début du concert, avec son titre La fin du monde. Elle invite l’assemblée à aller (re)lire la Bible et ce dernier livre très surprenant pour ne pas dire « incompréhensible avec toutes ses symboliques », qu’elle cite en vrac. Un vrai one-woman-show à l’accent québécois qui rend ces instants savoureux.

Pour cet album et ce concert, Safia Nolin semble avoir un besoin de ralentir, de revenir à une production plus minimaliste et de partager ses émotions. Par exemple avec cette chanson Pizzaghetti pour son chien : « J’aurais toutes les raisons de m’haïr / Mais toi, tu es là et tu me crois ». Son Claps (de fin) exprime combien c’est difficile d’être parfois artiste : « Tu pouvais voir la Lune dans le fond de l’eau / J’aurais voulu te soulever sur mon dos / Mais j’étais trop liquide ».

Voilà une personnalité extra et pleinement terrestre qu’on aura plaisir à revoir…

La page facebook de Safia Nolin, c’est ici. En tournée en Europe jusqu’au 26 avril 2025 avant de reprendre le 9 mai la route des salles et des festivals du Québec.

Pizzaghetti :