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Francesca Solleville, anthologique

C’est un pan entier de la vie d’une dame, d’une grande dame, une excitée, une révoltée, une artiste, une citoyenne qui ose la parole, qui s’empare du chant. Et ça tient en un coffret panoramique de cinq cédés, survol d’un quart de siècle, le poing levé, le propos digne que la voix aide à porter au plus loin, dans l’oreille de l’opprimé sans doute, du torturé, du laissé pour compte. C’est un porte-voix, de poètes d’abord (Louis Aragon, Mac Orlan, Pierre Seghers, Pablo Neruda, Paul Fort, Luc Bérimont…), d’autres noms d’importance de la chanson (Bruant, Brel, Louki, Hélène Martin, Serizier, Brua, Ferré, Verdier…). Je n’ose m’imaginer la vie de Francesca Solleville, son parcours de combattante, les obstacles dressés devant elle, les pièges, les cabales, les coups fourrés. Je ne connais en fait que cette dame qui toujours chante, faisant des auteurs d’aujourd’hui comme anthologie en temps réel de la chanson. Parce que c’est une évidence, parce que Francesca a su trouver les mots, on lui a rendu la propriété de sa voix, de son passé enregistré, d’une part de la mémoire du siècle passé, celle qu’elle a incarné, véhiculé. De ces noirs poings tendus à Mexico, en 1969, au Vietnam des mêmes années. De La Petite juive de Maurice Fanon à Je ne suis qu’un cri de Jean Ferrat. Ce quintuple album est un témoignage, certes. Tout autant qu’une réalité, un plaisir d’oreille. Je ne connaissais d’elle auparavant qu’un poster au crayonné nerveux d’Ernest Pignon-Ernest sur les murs de ma ville, dazibao muet mais étonnement parlant qui, déjà, affichait le respect. Et toujours imaginé son chant sans jamais l’avoir écouté. Je le sais depuis ce chant majeur. Plus encore avec ce disque en cinq volets, cinq galettes, une centaine de titres. Solleville est à la hauteur de ce que j’attendais, plus belle encore, généreuse à souhait. Je ne serai pas si athée que je la canoniserai sur le champ, là, sur le champ de ses batailles, sur l’autel de cette lutte, jamais achevée, pour la simple dignité.

Francesca Solleville, Venge la vie, coffret de cinq cédés, 2009, EPM/Universal

Solleville sera en concert à la Salle des Rancy à Lyon les 22 et 23 ,janvier 2010.

Une réponse à Francesca Solleville, anthologique

  1. Danièle 4 juin 2013 à 13 h 37 min

    Mais canon-isons Michel, un p’tit coup de rouge ? elle le mérite, cette grande dame de la chanson . à votre santé Fransesca qui ne mettez , vous non plus jamais une goutte d’eau dans votre vin rouge . Et si vous n’avez pas encore ce précieux coffret, à vos disquaires de toute urgence .

    Répondre

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