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Jean Ferrat, 1930-2010

Jean Ferrat (photo Irmeli Jung, détail de la pochette du cd Ferrat 95 – 16 nouveaux poèmes d'Aragon)

« De plaines en forêts de vallons en collines / Du printemps qui va naître à tes mortes saisons /De ce que j’ai vécu à ce que j’imagine… » La montagne d’Ardèche a dû un moment frissonner, faisant une courte pause dans cette rituelle lutte entre hiver et printemps. La mer qui baigne Saint-Jean Cap Ferrat a certainement tangué un instant, confus souvenir d’embruns, étrange émotion d’emprunt. A Saint-Ouen, sa môme a tenté de retenir ses larmes, en vain, de vraies larmes qui ne sont ni de starlettes ni de crocodiles, ni télévisuelles ni calculées. Aujourd’hui, comme on vend encore le journal au matin d’un dimanche, la France, sa France, ira voter, avec toujours l’espoir, même maigre, de lendemains qui chantent. Pas avec lui, plus avec lui. Mais pas sans lui, pas avec l’air de rien. Jean Ferrat est mort ce samedi, fatigué de la vie, sans désir de connaître d’autres demains, d’autres printemps. Il faisait silence depuis nombre d’années, largement de quoi nous habituer à sa retraite et conjuguer son œuvre au passé. Un passé présent, un peu en chacun de nous, comme une part de nous. On sait depuis belle lurette la place que l’histoire de la chanson lui réserve, importante, indispensable. Citer quelques de ses chansons c’est les citer presque toutes, des classiques du genre, des chefs d’œuvre souvent, à peine usées par des orchestrations qui parfois accusent les morsures du temps. L’ermite s’en est allé, j’imagine la peine de Francesca et d’Isabelle, de tout plein de modestes gens aussi qu’il réchauffait de ses chansons à la manière d’un feu de bois. La place d’Antraigues est déjà orpheline de ce joueur de pétanque, la vie reprendra avec une absence qui simplement pèsera, comme un pincement au cœur, une tristesse éternelle. On s’y habituera. Car, quand même, que la montagne est belle. Comment peut-on s’imaginer…

4 Réponses à Jean Ferrat, 1930-2010

  1. Odile Fasy 14 mars 2010 à 10 h 15 min

    Merci Michel, pour ce bel hommage à notre Jean Ferrat que nous continuerons d’écouter et de chanter avec beaucoup de respect…
    Odile

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  2. carole 14 mars 2010 à 11 h 27 min

    « Que serais je sans toi qui vint à ma rencontre, que serais je sans toi qu’un coeur au bois dormant… » Merci Jean pour tout l’amour et l’émotion que seuls les poètes et merveilleux artistes de ton envergure réussissent à faire passer à travers leurs chansons et leurs mélodies.

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  3. monsieur poli 15 mars 2010 à 11 h 03 min

    Un très très bel hommage que tu fais ici à un très très bel artiste. Faute de justice dans ce monde, c’est un peu de justesse . Allez Continuons…
    G.POLI

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  4. gerard 23 mars 2010 à 10 h 58 min

    Voilà un des plus beaux hommages dans la multitude des articles écrits ici ou là sur Jean Ferrat, souvent par des « admirateurs » qui parfois l’ignoraient encore la veille de sa mort… Un bien bel hommage, sobre et plein d’émotion… Bravo et merci.

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