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Saez : poète écorché, album panthéon

Le-Manifeste-L-Oiseau-Liberte-Prelude-Acte-IIJe l’avoue, je n’aimais pas Saez.

Je le trouvais prétentieux, à prononcer ses « é » comme des « è ». Avec son accent qui me paraissait pédant. Un chanteur pour ado bobo révolté devant sa TV.

Puis il y a quinze jours, Marie, 20 ans, m’a fait écouter son dernier album, Le manifeste.

La claque. La monumentale claque !

C’est Le chant des partisans qui résonnait… L’internationale qui ressurgissait… La Marseillaise en poésie. Des hymnes, des prières, des chants de révoltes. A chaque écoute, envie de me lever, le poing dressé ou les mains jointes en prière, envie de communier et d’embrasser ma terre, mon pays, ses enfants.

Une œuvre qui se dresse sur les tisons de la haine, une barricade contre la barbarie, un album qui donne envie de prendre la main de son voisin, et d’aimer.

Outre les mots qui poignent, Saez se fait accompagner d’un piano et de chœurs (très justement dosés…) qui donnent à ses chansons des airs de révolution, les appellent. L’envie forte nous prend de nous lever et de chanter à l’unisson.

A travers ce double album lumineux, Saez rend un vibrant hommage aux victimes de la barbarie terroriste (« De tous les horizons, puis de tous les prénoms /Ils s’appelaient amour, s’appelaient l’horizon /Ils s’appelaient Jacques Brel, puis, je crois, Barbara /Ils s’appelaient le ciel, ils s’appelaient pourquoi / Toujours ici sommeille l’horreur au creux du bois »), aussi aux poètes, aux sens et aux valeurs qui ont fait un pays. L’artiste est blessé dans son âme : il trouve les mots et la sobriété qui s’imposent pour de telles évocations (« Mon pays je t’écris comme une lettre morte / pour te dire le chagrin oui qui frappe à la porte / Moi l’ouvrier des mots / Moi le peuple misère / Pour te dire mes sanglots / Quand je vois notre Terre »)… Il est révolté et crie, dénonce et s’insurge. Dans la chanson « Mon terroriste » (« Il taille des pipes à la finance / J’crois qu’il est plutôt roi de la France / Le terroriste »), le poète-chanteur dresse un portrait implacable d’un monde où les puissants, enorgueillis de leurs actions boursières, outrecuidants, démantèlent les solidarités et la fraternité. Il n’est pas celui qu’on croit, le terroriste…

Je n’aimais pas Saez. Cette découverte d’un album-panthéon, d’un poète écorché, et d’émotions non feinte m’a conquis.

Je pars à la découverte du reste de sa discographie… Merci Marie !

 

Saez, Le manifeste, L’oiseau liberté, 2016. Le site de Saez (en fait sa tournée 2017), c’est ici.

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2 Réponses à Saez : poète écorché, album panthéon

  1. Lanatrix Alain 5 février 2017 à 12 h 17 min

    Merci pour ces deux titres, très bien écrits et très bien interprétés qui donnent envie d’en découvrir d’autres

    Répondre
  2. vincent 21 février 2017 à 15 h 34 min

    Oui c’est bien écrit mais tellement démagogique !
    Que les amateurs de « mon terroriste » songent à ceux qui ont perdu des proches dans les attentats …. On a même l’impression qu’elle contredit complètement la chanson précédente « les enfants paradis » !

    Répondre

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