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L’air de la Benaise dans le jardin sonore de Yannick Jaulin

Yannick Jaulin (photo Le Monde by Laura)

Yannick Jaulin (photo Le Monde by Laura)

Rescapé d’une multitude d’autres annulations, réputé « éventuel », durant le confinement, le festival Le Nombril du monde est devenu bien réel. Il bat son plein ce week-end à Pougne-Hérisson. Tous les deux ans, le village aux trois cents et un peu plus d’habitants ouvre son espace rural pour devenir ce nombril du monde. Pas moins, alors que de possibles autres centres ne manquent pas sur nos cartes géographiques et dans nos têtes.

Voilà trente ans que ce festival d’humeur loufoque, et souvent surréaliste au regard des intitulés du cru, repousse les horizons du raisonnable pour ceux des légendes. Celle qui content le destin des humains et celui de leurs mots, de leur langues, outils de tant d’imaginaires. D’hier à aujourd’hui.

Aux manettes d’un rendez-vous estival où le défi complet est « d’y croire pour le voir » (une formule traduite du latin, s’il vous plait), voilà Yannick Jaulin. Conteur, comédien (son dernier spectacle a été nommé aux Molières 2020 dans la catégorie « seul.e en scène ») et musicien, né un peu plus loin, en Vendée. « C’était un soir d’après spectacle en 1986. Je suis arrivé ici, et le lieu m’a saisi dans sa magie ». Et réciproquement. Le Saltimbanque, souvent sur les chemins, y a fondé une compagnie, Le Beau Monde ? (avec point d’interrogation), et commencé à creuser dans le granit local, celui d’un chiron, les bases ambitieuses de l’ombilicologie, une science qui tente de faire sortir les histoires du nombril. Un tout à l’égo au service de l’universel, bien plus sérieux qu’il y parait. Le besoin de croire ne faiblit pas. Quitte à être dévoyé par charlatans et démagogues.

Rien de tout cela en ces lieux où le mot d’ordre est celui de la benaise, résumé du bien-être et de la satisfaction. Le contraire de malaise. Et le nom tiré de la parlanjhe du poitevin saintongeais de l’Ouest de la France, promu par Yannick Jaulin, est désormais à l’affiche d’un festival.

Jaulin et les bénévoles en clôture de la chandelle (photos Corentin Leblanc)

Jaulin  en clôture de la chandelle (photo Corentin Leblanc)

Qui dit benaise ou benaiserie dit joyeux en paroles et en musique et chansons. Chaque édition du Nombril offre son lot de découverte d’images, de machines, de jeux et de sons. Rien d’étonnant de la part de Yannick Jaulin qui débuta sur scène dans un groupe de rock made in Vendée-Poitou chantant en langues du pays. Amateur à ses heures du groupe de post-punk britannique les Sleaford Mods, le comédien sait réunir sa troupe dont un certain nombre de musiciens l’accompagnent dans ses spectacles. Pour cet été 2020 place à ses côtés au multi-instrumentiste Alain Larribet surnommé le berger. Dans un autre registre voici une tragédie rock sous forme de son et lumière revisité, dédié à saint Pou (un mystique très local) déjouant comme son nom l’indique la peur. Sans oublier un parcours sonore inédit pour les trente ans du Nombril. Enfin, Pierre-Yves Prothais se propose d’évoquer l’eau dans ses partitions peaufinées lors du confinement. En nocturne, l’accordéoniste d’origine libanaise, Sébastien Bertrand évoquera le drame survenu à Beyrouth.

Le Nombril 2020 se déroule à guichets fermés. Pas plus de 500 participants par jour. Au lieu des 3 000 à 5 000 en temps normal. Pour défier virus et autres dangers. Pour ceux qui n’ont pu faire le voyage, il faut savoir que le jardin et son site sont ouverts durant l’année. On peut y déguster un bon jus de pommes de Gâtine et entendre le souffle de fabuleuses histoires. Derrière les masques désormais obligatoires se dessinent le monde de demain. Sans rire !

 

Le site du Nombril du monde, c’est ici ; voir le récent reportage très complet du magazine Bis, sur France 3, c’est là. Le site de Yannick Jaulin, c’est ici.

Extrait du spectacle « Causer d’amour » Image de prévisualisation YouTube

« Yannick Jaulin parle de son amour du patois » Image de prévisualisation YouTube

 

2 Réponses à L’air de la Benaise dans le jardin sonore de Yannick Jaulin

  1. Jean Pierre GLEIZE BOURRAS 15 août 2020 à 12 h 21 min

    Bonjour Michel.
    Quel bonheur d’écouter Yannick Jaulin et de le voir.
    Ce regard pétillant, malicieux,fraternel. Et cette culture…
    Merci à Robert Migliorini.
    Jaulin Enchanteur Conteur.Je suis scotché sur You Tube

    Répondre
  2. Aire-Azul 17 août 2020 à 3 h 11 min

    Un personnage très touchant,que j’avais eu la chance d’écouter, il y a bien longtemps déjà, dans une petite ville, au pied des Pyrénées.

    https://www.ladepeche.fr/article/2001/05/02/177911-yannick-jaulin-ballade-au-cimetiere.html

    Répondre

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