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Louis Arti, la voix de l’Homme

Pochette Ophélie Etienne, photo Geneviève Beauzée

Pochette Ophélie Etienne, photo Geneviève Beauzée

Louis Arti, c’est avant tout une voix reconnaissable à la première note, qui ne change pas avec le temps, une identité unique même si elle peut parfois nous évoquer Gilles Vigneault ou Dick Annegarn. Un cri qui pousse sa voie hors des rails, celui d’un homme  révolté, qui ne s’habituera jamais à l’injustice, malgré le temps qui passe. Il peut même en faire un rap, Ça ne peut pas être vous. Mais une voix qui roule aussi en tendresse, capable de doucement boire ses propres mots pour vous en faire liqueur caressante, gouleyante, qui se retient avant d’éclater en liberté.

Homme marqué par le drame de la guerre d’Algérie où son père fut assassiné (1), mineur, ouvrier, voyageur, écrivain, auteur de théâtre et de poésie, peintre, auteur, musicien et chanteur, quatre vinyles et autant de CD, sa musique va du blues au rock en passant par le jazz et des rythmes latins. Louis Arti est homme à ne pas se contenter d’un seul domaine, d’une seule opinion, d’un seul style. Son écriture est riche de ses expériences de vie et surtout de ses rencontres humaines. Chaque chanson comme dans l’album précédent, est dédiée à un ami, à qui l’a inspiré, à des inconnus, à des disparus, à tous ceux qui l’entourent artistiquement, Michel Gaudioso, Jean-Baptiste Ayoub… A Frank Thomas, l’homme de paroles qui lui mit la main à la plume, aux écrivains (Erri de Luca…), aux chanteurs, auteurs et musiciens disparus (Atahualpa Yupanqui, Félix Leclerc…) ou présents (Gilles Servat), aux poètes, aux chansonniers, cette Parole prosaïque ou poétique « L’iris priait pour qu’un bourdon / Aille jusqu’au fond / De son haleine », obscène ou douce, « immortelle mais jamais sacrée ».

Aux femmes, à la sienne, sa déesse, sa muse, aux artistes, aux militantes, aux comédiennes mythiques du cinéma, ces chansons d’amour, ces mots baroques « Les baisers noirs / Le rouge à neige / Le corps armoire / L’amour en liège » ou génialement lapidaires  « Je t’avouerais / Mon œuvre d’art / C‘est de t’aimer ». Mais aussi une lamentation empathique qui s’évade en poésie « Et puis quand le soleil traverse tous les atomes / Pour ouvrir la fleur bleue qui pousse dans ta main » sur un rythme slave. Cette chanson de 1997 reste d’actualité brûlante : « L ‘espérance est une idée passagère  / Un contrôle de l’interdit / Par tous les préfets Poubelle ». Autre chanson  revisitée, Je t’aime, c’est dit, de 1987. Inédites et chansons récentes sont enregistrées dans une percutante  version épurée sur la seule guitare de Louis Arti, qui fait rythme et résonne de sa force dramatique autant que mélodique. Chaque pincement de corde souligne le mot dans une incroyable densité, mais sait aussi accompagner La java al Forno dédiée au soldat des lasagnes inconnues, hommage à cette convivialité qui nous fait tant défaut en ce moment. Ou souligner le temps qui passe et la Mémoire d’étoiles qu’il adresse tant à Albert Einstein qu’à tous les enfants de l’espace et à Stanley Kubrick.

Tendresse et humour pour ces petits poucets qui au corner mettent la tête, ces enfants jongleurs d’avenir, portant Les maillots de Fernand, hommage à tous les bénévoles qui les accompagnent, et à Christophe Trégret son directeur artistique, fan de ballon rond. Arti ne manque pas d’y placer cette pensée récurrente : « Maintenant qu’on sait que l’homme est une femme altérée / Si les enfants créaient la grâce qui lui manque ». Car Arti ne cesse de s’accuser d’être Le maladroit de l’homme, lui qui est si respectueux des femmes,  ni de s’excuser de son âge, lui qui est peut-être le plus jeune d’entre nous, vieux seulement de quelques milliers d’années d’humanité.  Se sent-il ce poète semblable à L’albatros de Baudelaire, parfois prince des nuées, et  si maladroit au sol ? Laissons-lui la conclusion : « Faut que ça vive / Que vive la vie / Faut repérer la poésie ».

Louis Arti, C’est une parole, treize titres, Lafolie Record, 2020

(1) raconté dans son livre puis dans la pièce Le sable d’El Halia

Le site de Louis Arti, c’est ici. Pour se procurer l’album, c’est là. Ce que NosEnchanteurs  a déjà dit de louis Arti, ici.

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Une réponse à Louis Arti, la voix de l’Homme

  1. Gallet 27 novembre 2020 à 8 h 35 min

    On n’a pas perdu Louis ! OUI, Il nous faut l’écouter ce disque magnifique. On peut aussi aider sa diffusion en achetant un des tableaux éclatants de couleurs qu’il a peints dans cette intention. (voir Louis Arti Créations)

    Répondre

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