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Le koraïste Ballaké Sissoko s’accorde à partager

(photo © Benoit.Peverelli)

Ballaké Sissoko (photo © Benoit.Peverelli)

L’album Djourou (La corde en langue bambara), porte bien son titre : assurer les liens entre un artiste d’Afrique de l’Ouest et le reste du monde. Depuis ses années de jeunesse où il a été formé notamment aux côtés de son père, lui aussi virtuose de la harpe-luth à vingt-deux cordes des djélis, le malien Ballaké Sissoko a décidé de voyager avec sa kora. Avec bonheur. Il y a déjà quelques années, par exemple, il rencontre lors d’un festival de jazz le violoncelliste Vincent Ségal engagé lui aussi dans diverses expériences musicales. Réunis sur le registre de la corde sensible, ils ont donné des albums épatants (Chamber Music et Musique de nuit) où leur sens de l’improvisation a imposé leurs talents partagés.

Ballaké Sissoko associe le solo méditatif et fluide de la kora à des rencontres musicales. Voilà donc Djourou où le natif de Bamako concrétise avec ses invités des dialogues ouverts sur l’ailleurs. Une réussite qui marque une fois encore le parcours d’un des maîtres actuels de la kora. Deux titres instrumentaux en solo, dont une évocation du village natal de son père, rendent une fois encore hommage au virtuose. Il convie ensuite sur cet album des artistes avec qui il dialogue musicalement. Ainsi le slameur Oxmo Puccino qui offre un texte qui met à l’honneur les mains, le toucher, en cette période d’éloignement pour cause de gestes sanitaires : « Frotter les mains », celles qui assurent l’humaine condition et celles de l’instrumentiste à cordes. « J’ai demandé aux gens de bien frotter les mains / Sinon le rythme se perd /Les vibrations se séparent / C’est là que la vie repart ».

DjourouAccompagnateur jadis dans le registre chansons de Jean-Louis Aubert et Carla Bruni, Ballaké Sissoko trouve le ton juste avec Camille pour Kora, un duo tout en finesse pour une lettre d’amour à la kora. Quant à Arthur Teboul de Feu !Chatterton, décidément incontournable ces temps-ci, il a écrit le titre le plus long (9 minutes 20) de l’album Un vêtement pour la lune. La kora de Ballaké Sissoko habille sur mesure ce contre poétique nocturne et surréaliste.

Invitant à passer d’une rive à l’autre des émotions l’album permet de retrouver des familiers de Ballaké Sissoko. Comme Vincent Ségal et le clarinettiste Patrick Messina qui inventent un jeu sur la symphonie fantastique au bord du fleuve Niger; Piers Faccini (Kadidja) où l’italo-britannique chante en Bambara une ballade planante. Tout en nuances comme à son habitude. Ou encore la gambienne Sona Jobarth, une des koraïste du moment ; Salif Keita offre un Guelen aérien et sociétal.

Une suite à ce Djourou est déjà prévu avec cette fois-ci des invités anglo-saxons. Comme le dit le proverbe africain « C’est quand les oiseaux volent ensemble qu’on entend le battement de leurs ailes. ». Le voyage continue.

 

Ballaké Sissoko, Djourou, album No Format !/PIAS/Idol 2021. Le site de Ballaké Sissoko, c’est ici.

Repères
1967 Naissance à Bamako du fils du musicien Djelimady Sissoko (Ensemble instrumental du Mali).
1999 Album Nouvelles cordes anciennes avec Toumani Diabaté.
2000 Création du groupe « Mandé Tabolo »
2008 Projet 3MA avec Driss El Malouimi et Rajery et en 2017 Anarouz
2009 Chamber Music album avec le violoncelliste Vincent Ségal. Victoire du jazz du meilleur album international.
2015 Musique de nuit avec Vincent Ségal.
2021. Aux côté de David Walters pour l’album « Nocturne »

Ballake Sissoko et la chanteuse Camille : Image de prévisualisation YouTube

Ballake Sissoko et Oxmo Puccino : Image de prévisualisation YouTube

Ballake Sissoko et Arthur Teboul de Feu! Chatterton : Image de prévisualisation YouTube

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