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Henri Gougaud, rien que pour le plaisir !

Henri Gougaud (photo non créditée)

Henri Gougaud (photo non créditée)

On peut ne le connaître que pour le conteur – fameux – qu’il est. Ou pour le romancier – prolixe – qu’il est aussi. Le label EPM nous propose de le redécouvrir pour cette autre corde à son arc qu’est la chanson : il fut parolier chanté par des Gréco, Ferrat (une vingtaine de chansons, certaines frontalement politiques), Reggiani, Solleville, Ogeret ou Les Frères Jacques, Christine Sèvres aussi ; il fut lui-même chanteur, interprète de ses propres textes qui, si ce n’est l’orchestration et encore, n’ont guère pris de rides. Voici Henri Gougaud à son tour coffré en un séduisant boîtier de six cédés rassemblant l’intégrale de ses chansons. 111 titres, enregistrés entre 1960 et 1976, 45 et 33 tours inclus. Pour qui sait l’apprécier, ce trésor est inestimable d’autant plus que, vous vous en doutez bien, les vinyles d’origines sont introuvables depuis belle lurette.

Ce coffret ne sera sans doute pas récompensé d’un disque d’or mais est une pièce de choix pour les amateurs de chanson soucieux de se constituer une discothèque riche d’inventivité, de talent et d’émotion : Gougaud coche toutes les cases.

gougaud 2Qui d’ailleurs est Henri Gougaud ? À lire Wikipedia, sa biographie tient en peu de lignes : « Henri (Noël) Gougaud, né le 7 juillet 1936 à Villemoustaussou (Aude), est un écrivain, un poète, un conteur et un chanteur français mais aussi occitan [...] En 1962, il part pour Paris où, au bout de six mois, il est engagé au cabaret La Colombe dans lequel il chante ses propres textes. Il devient notamment parolier pour Juliette Gréco, Jean Ferrat et Marc Ogeret. Producteur de radio, romancier et conteur, il dirige également les collections La Mémoire des sources et Contes des sages aux éditions du Seuil. » C’est vite résumer la vie d’un homme, qui plus est d’un tel créateur, une incontournable figure de la Rive Gauche, notamment du cabaret L’Écluse (celui dont le nom reste lié à Barbara), aussi de premières parties des music-halls et de tournées, notamment avec Georges Brassens, anarchiste comme lui. Son répertoire va de la comptine à la chronique, du réalisme au surréalisme. Avec une plume critique, parfois acerbe, sur la société, qui fait de certaines de ses chansons des regards pertinents posés sur notre monde et son évolution. Il est en cela pièce d’Histoire contemporaine.

La réédition d’une telle œuvre ne changera évidemment rien à la chanson : elle nous apporte seulement un souffle bienvenu, souvenir de titres de belle facture, parfois un rien surannés : « C’était un temps d’un autre rythme, et si la naïveté révolutionnaire de certaines peut aujourd’hui prêter à sourire, que ce sourire soit indulgent. Je ne les regrette pas. J’ai cru à ce que je disais » précise Gougaud dans le livret du coffret.

Occitan, Gougaud est. Et chante donc parfois dans sa langue d’origine : neuf titres y sont chantés dans sa langue natale, tous tirés de l’album Lo Pastre de Peraulas de 1974. C’est quand la chanson poétique qu’il défendait a semblé tirer sa révérence dans le milieu des années soixante-dix que Gougaud s’est soustrait du milieu de la chanson, réservant toute son énergie et sa créativité à la littérature, au conte et aux productions radiophoniques.

Ovni de l’actuelle production discographique, ce coffret a tout vous enchanter. Emballez-le, emballez-vous.

Signalons que le titre de ce coffret, J’ai pas fini mon rêve, est aussi celui d’un livre d’Henri Gougaud, publié en 2020 aux éditions Albin Michel.

 

Henri Gougaud, J’ai pas fini mon rêve, coffret 5 CD EPM 2023. Le site d’Henri Gougaud, c’est ici. ; pour commander le coffret, c’est là. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, ici.

 

« Ma femme » : Image de prévisualisation YouTube

« La Boièr » : Image de prévisualisation YouTube

« Avoir cent ans » : Image de prévisualisation YouTube

 

 

4 Réponses à Henri Gougaud, rien que pour le plaisir !

  1. Trihoreau 10 décembre 2023 à 17 h 15 min

    C’était en 1964, en première partie de Brassens à Bobino. J’avais été subjugué par « L’Elysée », « Carcassonne », « Midi au Moulin »… Quatre ans plus tard je trainais à Paris vers Saint-Michel et je découvre qu’il passe à L’Ecluse. Il jouait au billard électrique, à la Boule d’Or tout près. Avec un pote nous allons le voir, échanger quelques mots et il nous invite au cabaret. Là, c’est « Béton armé », « Au Vietnam »… J’ai achetés tous ses disques par la suite, puis ses livres…
    Je ne l’ai jamais revu depuis L’Ecluse, mais c’est comme un copain virtuel !

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  2. babou 10 décembre 2023 à 21 h 34 min

    Enfin, l’oeuvre discographique de GOUGAUD rééditée. De la belle ouvrage, des chansons ciselées, engagées avec intelligence et humanité. A découvrir ou à redécouvrir.
    Lire aussi son grand roman « Les sept plumes de l’aigle »

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  3. Gallet 12 décembre 2023 à 13 h 19 min

    Souvenirs souvenirs…il fut un temps où existaient une Ecole Normale d’Instituteurs, une autre d’Institutrices… si si , avec un foyer où se produisaient Henri Gougaud accompagné par Bertola, Jean Sommer…. pas bien loin une MJC ou je voyais Jehan Jonas, plus tard une Fédération des Oeuvres Laïques qui faisait tourner Catherine Sauvage … si … si …J’ai même lu un journal ,Télérama ,avec une rubrique chansons .

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  4. Joël Luguern 15 décembre 2023 à 15 h 23 min

    Oui, comme le dit justement Gallet, il fut un temps où existaient des MJC, des Foyers culturels et autres salles de spectacle où la chanson pouvait être applaudie par un public d’amateurs et/ou de découvreurs de talents divers. Il cite Jean Sommer, Henri Gougaud, Jehan Jonas.
    On pourrait mentionner aussi Anne Vanderlove, Jacques Bertin, Jean-Max Brua, Pia Colombo, Georges Chelon, Francesca Solleville et des dizaines et des dizaines d’autres. lls vivaient tous de leur art, probablement pas richement car le prix des billets d’entrée restait raisonnable, néanmoins ils en vivaient
    car, vu le nombre de salles, ils tournaient beaucoup.
    Tout cela était il y a fort longtemps, avant 1981 pour être précis. Avant que Jack Lang ne supprime le soutien à ces modestes salles qui faisaient le tissu et la diversité de la chanson française, afin de se concentrer sur la construction, dans toute la France, de Zénith et autres immenses salles pour y célébrer les « grands créateurs ». Jaques Bertin a très bien décrit tout cela dans son livre « Chante toujours, tu m’intéresses ! »

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