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Festival Bernard-Dimey 2013 : Jeanne Garraud, l’envol d’un oiseau

Jeanne Garraud (photos d'archives Chantal Bou-Hanna)

Jeanne Garraud (photos d’archives Chantal Bou-Hanna)

Jeudi 9 mai Centre Culturel de Nogent,

Elle est légère, Jeanne, aérienne… C’est une image facile, j’avoue, quand on sait que son dernier album est titré Des oiseaux par milliers. Tout en elle m’a mis du rêve en tête. La voir en scène est un pur instant de rêverie, un voyage, une échappée belle que je voudrais pouvoir prolonger longtemps. Ces lignes m’en offrent le privilège. J’aimerais qu’elles vous offrent aussi un peu de cet envol.

Le piano n’y est pas pour rien. J’avoue garder une prédilection pour ces artistes qui se prêtent à ce dépouillement du solo piano-voix. Et je pense à d’autres Jeanne qui nous offrent cette chance là… Jeanne Cherhal bien sûr, Jeanne Plante aussi…

La voici donc, longs cheveux ramassés simplement en arrière, frange sage, jupette de toile jean et bottines de cuir fauve. Elle plante son regard sur nous, plaisante un peu du rendez-vous manqué avec ce festival l’an passé et nous offre sa première chanson et quelle chanson pour ouvrir un concert ! « Le rocking chair… je suis le rocking chair et je balance la chair de vos culs et de vos cœurs. » Mes idées galopent du rocking-chair de Barbara à celui de Jeanne Moreau dans Jules et Jim. Jolie famille, non ?

Dans la superbe maîtrise de ses compositions et de son talent pianistique – on devine les heures de travail pour en arriver là – de quoi parle-t-elle Jeanne ? Du bonheur, de cette quête insensée qui nous habite tous  « cet astre sauvage… ce fauve indompté… cet oiseau sauvage… » quand il est si simple pourtant de le trouver dans les petites choses, le pas grand-chose. Bien sûr, elle est femme, Jeanne, jusqu’au bout de ses bottines qui dansent, jusqu’au bout de ses mains qui valsent, balancent au-dessus du clavier dans une chorégraphie bien à elle. Alors, ses chansons disent aussi, souvent, cette part féminine de l’amour, l’amour de celle qui a mis des « œillères et du fard aux paupières / je veux que tu me vois / je suis un nénuphar / qui flotte sur le monde… » l’amour de celle qui n’en pleut plus d’attendre, « Je ne m’enflamme plus du silence / j’aime le bois plein de sa sève », la femme d’intérieur aussi qui sait parler aux fleurs, mais pas aux hommes, celle qui a tant de place entre les bras « Elle n’a plus l’amant / elle n’a plus l’amour » et qui fera de cet espace là, de ce chagrin là, un envol : « C’est le début pour elle / Elle part pour l’équateur. » Ce titre là, Bikini, est sans aucun doute l’un des moments de magie pure de ce concert. La voix de Jeanne nous soulève dans ses  volutes avant  qu’elle ne pose ses mots, dits plus que chantés.

_DSC1181 -1600x1200-Elle pourrait bien finir par m’emporter dans son monde, Jeanne, dans son territoire de  mots, insolites, oniriques, comme ce personnage de coiffeuse – une chanson pas tout à fait terminée, a-t-elle confié – celle « qui lave les cheveux longs des dames, longs comme l’ennui » et qui, dans leurs bavardages incessants, finit par suivre le long cheminement de l’eau dans les égouts… « Je remonterai le Gange » Partir, partir ! Les chansons de Jeanne sont une invitation au voyage, au moment fatidique où l’on se pose la question : « Qu’ai-je fait de ma vie ? » Nous sommes des fantômes, « On traverse tout », mais au final « On s’en fout du moment qu’on a dans le creux de la paume, un p’tit truc qui bat… »

J’aurais pu dire aussi toute la fantaisie, l’humour de Jeanne qui sait tout aussi bien jouer de ce registre là, celui de son nez en trompette ! Mais j’ai juste envie de conclure ainsi :

Belle Jeanne, chère Jeanne, merci pour m’avoir offert le sentiment renouvelé que la Chanson n’est décidément pas un art mineur.  

Le myspace de Jeanne Garraud, c’est ici. NosEnchanteurs a publié à ce jour pas mal de billets sur Jeanne Garraud. Pour les consulter, c’est ici. Il y a deux ans à Alors, Chante !, à Montauban. Si cette vidéo n’est pas d’une irréprochable qualité, elle restitue néanmoins quelque chose de magique. Et c’est tout Jeanne Garraud, ça ! : http://www.dailymotion.com/video/xj4pfa

 

Une réponse à Festival Bernard-Dimey 2013 : Jeanne Garraud, l’envol d’un oiseau

  1. Danièle Sala 17 octobre 2013 à 23 h 47 min

    Encore un bel article que j’avais raté ! je suis Jeanne Garraud depuis que je l’ai découverte, sur  » Nos Enchanteurs » , même qu’en Mai 2012 , je ne savais pas qu’elle était la fille de Rémo Gary ! Et ben, elle a de qui tenir la Jeanne !

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