Chants Ouverts 2025. Melissmell, de mèche avec l’explosif

Melissmell (photo d’archives Vincent Capraro)
26 avril 2025, festival Chants Ouverts, mairie de Saint-Vincent-de-Durfort,
Si jamais sortait un jour une anthologie de cette chanson boudée par les médias, sorte d’autre salon des refusé-e-s, Melissmell y côtoierait ses sœurs dans la même typographie, le même corps, la même impression : les Magny et Ribeiro auxquelles, forcément, elle fait songer, à qui elle se rattache naturellement, organiquement, viscéralement. Melissmell est une boule de feu, qui chante l’indignation et appelle à la révolte. Typiquement l’artiste qu’on ne saurait ni ne voudrait médiatiser, toujours de mèche avec l’explosif, en charnelle union avec l’insurrection. Si le terme d’insoumis-e n’avait été préempté, on le dirait d’elle, d’évidence.
Là, elle nous prépare son cinquième album, prévu pour la rentrée (1), toujours dans la même veine, rouge sang, noir comme l’ébène, féministe et révolutionnaire. Grande faveur, ce soir, avant-première ou confidence, elle nous en livre le contenu, accompagnée avec brio au piano par Julien Drive. Toujours avec cette voix qui sort de ses gongs, toujours limite, tant qu’on se dit qu’elle se l’esquinte à trop gueuler, que le vocal finira dans les cordes, qu’on en a peur pour elle.
En hommage à Olympe (De Gouges), elle chante sur « Les mères, les filles et les sœurs / Ni dominantes ni dominées… » Le ton est donné, majeur, majestueux, qui jamais ne s’estompera, ne faiblira : « Je peux servir la cause avec mon stylo / J’ai le verbe haut / Il va sans dire que j’ai sur le cœur / encore des hymnes à écrire / Encore des doigts d’honneur ». Et, sur les violences faites aux femmes : « Je te dois des désespoirs / Et tellement de coups bas… »

A Saint-Vincent de Durfort (photo Thierry Chapon)
Le reste ne sera que révolte et révolution. Un peu à la manière d’un Moustaki, « Chantons-là, sans même la nommer ». Quand on suit l’actualité de ce monde qui sombre dans la folie et la brutalité, on peut encore se demander ce à quoi servent de telles chansons. La chanteuse le sait sans doute, comme nous, mais « On sait le prix de l’utopie, ami / Et si on crève tant pis ». Vu cette conscience collective que les puissances réactionnaires travaillent sans cesse à détruire, Melissmell aura pour longtemps, éternellement, du grain à moudre. Nous aussi, ne serait-ce que pour se protéger du pire : « On peut encore éviter la Bérézina », chante-t-elle avec ce qu’il reste d’espoir.
Une reprise, une seule, qui va si bien à l’ardéchoise et révoltée qu’elle est : Ma France. C’est vrai que, plus encore que l’ermite d’Antraigues, Melissmell n’est qu’un cri. Un grand cri, longue plainte qui déchire le silence. Sur sa France encore, celle gangrenée par le RN : « Ma France / Tu me fatigues / Avant tu avais du style, de l’audace »… C’était avant.
Un seul moment du récital déserte le combat, un peu à la manière du repos de la guerrière. Une chanson consacrée à son jeune garçon, ici en coulisses, sur l’inconditionnel amour d’une mère à son enfant : « J’ai tant rêvé, j’ai tant aimé / Que je t’ai imaginé ». Doux instants d’intimité..
C’est sur son rappel de toujours que Melissmell quitte la petite scène de cette maison du peuple, Aux armes, cocktail survitaminé avec de vrais morceaux de La Marseillaise et de L’Internationale, que chacun se devrait de boire plus souvent. A votre santé !
(1) Olympe, sortie le 17 octobre 2025.
Le site de Melissmell, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
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