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Simplement Souchon

Archive. Un papier qui date, encore.  Mais tel est Souchon. Cette fois-ci quelque peu différent car «acoustique», un autre Souchon qui, sans bruit, distillait sa petite musique. C’était au Firmament à Firminy.

Alain Souchon (photo DR)

La chanson est une grande forêt faite d’essences multiples. Plurielles, le terme est très en vogue. D’une majorité d’arbres dont on ne fait que bois de cagettes, d’allumettes ou de pâte à papier. On plante du résineux, ça pousse vite, en direct live à la télé, taux de rentabilité assuré. Mais L5 ou Star académy, y’a du bouleau assurément… Et de ces arbres remarquables, tous différents, vraie futaie bien affûtée faite de cèdres et d’amandiers, d’ormes, de séquoias, de micocouliers, de chanteurs de charme, de chênes qui sont tout sauf des glands, de buis qui sans bruit mais avec mélodie vient à nos oreilles, d’artistes qui nous touchent quand ils sont cyprès de nous. Souchon est de ceux-là, vénérable souche d’une chanson régénérée qui nous parle, plus que toute autre, mieux peut être, de nous, de nos petites vies, de notre « soif d’idéal / attirée par les étoiles, les voiles / que des choses pas commerciales ».

Alain Souchon était sur la scène du Firmament, un Souchon autre, acoustique, un Simplement Souchon. Souchon acoustique, ça rime avec moustique et c’est piquant. Avec élastique aussi, ceux qu’on trouve Sous les jupes des filles. Qui piquent aussi, mais différemment. Avec magique surtout. Le P’tit chanteur était hier au soir dans une p’tite ville en p’tite formation. Tout ça fait un grand moment de la scène, plus que dans un palais aux spectacles dédiés. Là, Souchon prend sa pleine dimension, plus en phase sans doute, non avec son évident talent, mais avec l’intimité, la fragilité de ses chansons en demi-teinte. Depuis le temps qu’il chante, il a de quoi nous présenter un collier de tubes – que des perles -, de faire effet bœuf, de faire des trucs qui vous estomaquent. Pas là. Dans cette autre formule, dans un rapport différent, il s’attarde sur des textes moins en vue de son œuvre, dans une chanson qui confine à la presque épure, sans effets de manches inutiles, sans renfort de techniques de son et d’éclairage. Comme un Souchon éloigné de son statut de star, revenu à l’essence même de son artisanat. Que des choses pas commerciales… Tiens, on ne parlera même pas de concert, qui évoque la puissance, mais de récital, qui inspire la retenue. Comme si l’Alain chantait un baiser osé, un moment tendre qu’il peut désormais se permettre à notre encontre. Mais, pour faire un bon spectacle, il faut un feed-back, l’émetteur (Souchon) et le récepteur (les spectateurs). Ce fut long pour le public d’hier au soir de se mettre sur la fréquence, certes inédite, d’un Souchon différent. Une pleine heure où rien ne vibrait si ce n’est la poésie du chanteur et ses petites phrases, pas importantes et si fondamentales au bout du compte. Il n’avait en face de lui qu’un public simplement respectueux, aux courtois applaudissements. Dommage, la chanson est si belle sans décibels. Déchirants, bouleversants parfois, les mots de Souchon tombaient un peu k.o. dans une salle gênée, visiblement dans une autre attente. Pour finalement atteindre, au soir du récital, le cœur de cible, l’âme du public alors formatée à l’aventure «acoustique» de l’artiste. La foule redevenait ce qu’elle est selon Souchon : sentimentale.

Le site d’Alain Souchon.

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