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La Baronne, toujours impériale

La Baronne

La Baronne

26 octobre 2019, Théâtre MJC Couzon, Rive-de-Gier,

 

C’est à quelques centaines de mètres de là, dans cette même rue Antoine-Marrel, qu’elle débuta il y a trente deux ans, alors au sein du groupe Rimmel, qui se cherchait une chanteuse. Dans le lieu où Factory avait répété avant eux, c’est dire. En 1995, Sylvie Cobo créait La Baronne, avec le pianiste Emmanuel de Bonneville, et allait devenir, au moins dans la région, une vedette enviée, un phénomène d’une rare puissance. Elle fut « découverte du Printemps de Bourges » en 1997. On fredonnait sans cesse ses P’tits bars. Puis elle disparut de nos radars, happée par un impérieux amour qui la fit devenir Québécoise. A Montréal, si on connaît Sylvie Cobo (un album sous son vrai nom, paru en 2005 ; des spectacles jeune public ; le duo PohuCobo entre folk, électroacoustique et rock), on ne sait rien de La Baronne. Une fois l’an, Cobo nous revient dans l’Hexagone, ravive la flamme, réveille le volcan et, ici et là, reprend son titre de noblesse pour de rares, très rares concerts.

La revoici en terre ripagérienne, dans son chez elle d’avant, devant un public d’amis et de voisins, avec son fidèle pianiste Teddy Gauliat-Pitois, qu’elle retrouve à chaque nouvelle tournée. Récital particulier, forcément plus intime : on se doute que ça va être bien. Ça le sera.

Ça fait pile vingt ans que je le chroniquais pour la première fois, concert magique, mythique, au Majestic de Firminy, à guichet fermé. Deux décennies après, force est de constater qu’elle n’a pas changé, même énergie, même crinière rousse, même voix que seules partagent les sirènes : « Debout sur les roches, je chante ». La même, dis-je. Avec des chansons de ses débuts (Les p’tits bars, la chose est entendue, mais aussi Nuits, d’après un texte de Robert Desnos), d’autres plus récentes, qu’elles aient été gravées sous le nom de La Baronne, de Sylvie Cobo et de PohuCoho : en fait, la chanteuse nous fait compile de tout ce qu’elle est, ce qu’elle fut et sera, debout devant le micro ou assise à sa batterie. Elle vit sa vie comme au cinéma, peint des galaxies en pièces détachées, traduit Cohen en espagnol…

Quand La Baronne vous chante une chanson d’amour, à la baguette il va de soi, tout entre en résonance, tout fait corps, tout fait sens, en convoquant tous les sens. Sa voix est magique qui charrie les sentiments et vous emporte dans leur sillage : « Si je m’efface à contre cœur / Quand tu marches à contre-courant / Je t’ai aimé à contre courage ».

Mais Cobo ne chante pas que les affres et les excès de l’amour. Elle s’invite sans ménagement aux affaires du Monde et chante les colères qui en découlent, ses désespoirs et révoltes. Elle met en vers tant une zadiste de Toronto au retour d’une manifestation et de violences policières (on a les mêmes en France !) que la statue de la Liberté : « Je suis l’espoir et la raison / Des arrivants des bateaux-remorque […] Je suis une statue qui fabule / La nuit je lis dans ma bulle / Un conte de fée ridicule / La liberté pour les nuls ». Chanteuse par grande intermittence, La Baronne peut tout se permettre, dire tout haut ce qu’on chante tout bas, sans entrave, sans contrainte, libre.

Si elle chante Montréal, elle chante aussi, et aussi bien, avec amour et distance, avec sa dimension sociale, cette commune de Rive-de-Gier qui la vit naître (sur des paroles de Patrick Duchesne) : il sera dit que la ville voisine de Saint-Étienne ne sera pas la seule, dans ce département, à avoir sa chanson mythique.

Avec La Baronne c’est tout jazz, tout rock, ça furie, ça câline, tout est probant, tout excelle dans un tour de chant irréprochable. Tout y est nécessaire, tout y est Utile et le chante : « À ceux qui m’aimeront / Et à ceux qui m’aimaient / Je veux être utile / À vivre et à chanter / Ah, la, la, la / La, la… ».

 

Le facebook de La Baronne, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

Cette séquence vidéo a 21 ans mais, si ce n’est la répertoire qui n’est pas exactement le même, rien n’a changé, ni la fougue ni le talent :

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