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Michel Jonasz, le fleuve tranquille…

Michel Jonasz (photo Stéphanie Viver tirée de la page facebook du chanteur)

Michel Jonasz (photo Stéphanie Viver tirée de la page facebook du chanteur)

La musique est la meilleure machine à traverser le temps qui soit. Il suffit souvent de quelques notes pour que nous remontions le fil des années, qu’il s’agisse d’un ancien morceau jouant à la madeleine proustienne, ou d’une chanson nouvelle dont le style évoque irrésistiblement une époque révolue.

Il en est ainsi du nouvel album de Michel Jonasz, à l’intitulé issu d’un atlas, La Méouge, le Rhône, la Durance, qui nous arrive après un silence discographique de huit ans. Ce n’est pas faire injure à son auteur que de dire que cet opus nous renvoie aux années 80, celles où il connut ses plus grandes réussites, tant artistiques que publiques. Pourrait-il d’ailleurs en être autrement lorsque que l’on sait que ses deux maîtres d’œuvre sont les fidèles Jean-Yves D’Angelo et Manu Katché, déjà dans l’aventure des classiques Tristesse et Unis vers l’uni ? Les amoureux de la grande époque seront donc aux anges.

L’album s’ouvre sur On était bien tous les deux. Immédiatement, la machine à nostalgie se met en branle : intro aux synthés, si caractéristique de sa manière, chant évoquant une mélopée plaintive, texte mélancolique à souhait… Rien de neuf sous le soleil, certes, mais l’impression vivifiante de retrouver un vieil ami un peu perdu de vue. Puis, comme au bon vieux temps, on enchaîne avec un morceau funky, Baby c’est la crise, avec son Fender Rhodes, sa basse ronflante, ses chœurs… Un air de Groove Baby Groove ou d’Extralucide. Que du plaisir, même si l’articulation du chanteur a un peu de plomb dans l’aile et que la voix a perdu son velouté d’antan.

618cycBa6bL._SL1500_Il serait toutefois injuste de limiter ce nouvel album à une revisite des heures de gloire de Michel Jonasz. Celui-ci, hors ses deux vieux complices et Michel Gaucher de passage sur trois  morceaux, a renouvelé le cheptel de ses musiciens. Ce sont ainsi les excellents Hervé Brault à la guitare et Jérôme Regard à la basse/contrebasse qui lui font l’honneur de l’accompagner sur la majorité des titres, tandis qu’un orchestre à cordes classieux s’en vient ça et là rehausser l’atmosphère. Cette fine équipe s’est alliée pour varier les ambiances, allant d’un folk assez inattendu chez notre bluesman (Le bonheur frappe à la porte, qu’on pourrait croire écrite par Guy Béart) à une mélopée orientale (Sombre est la nuit, qui bénéficie de l’apport de la chanteuse algérienne Zaho), d’un parlé-chanté façon slam (la chanson titre aux 3 cours d’eau) à une ballade virant au country-rock au son de l’harmonica virtuose de Greg Zlap (Traverser la mer à la nage), avec un détour par le soleil brésilien (Nuits tropicales).

Bien sûr, comme toujours chez Jonasz, l’amour reste la principale source d’inspiration. Amour nostalgique (On était bien tous les deux, tu t’en rappelles / Toi et moi, rien d’autre au milieu, sauf l’essentiel), amour en déliquescence (On disait qu’on s’aimera toujours / Mais baby c’est la crise), amour passionnel (J’pourrais traverser la mer à la nage / Pour un seul de tes baisers), amour défunt (Qui s’est effacé de la photographie le premier / Lequel a disparu du cadre par surprise ?)… Mais aussi amour éternel, avec probablement la plus belle chanson du disque, La maison de retraite, sommet de tendresse et de délicatesse (On s’ra jamais trop vieux / Pour s’écrire des poèmes / Pour se dire que l’on s’aime / Se r’garder dans les yeux). Pour le reste, La Méouge, le Rhône et la Durance mêle préoccupations écologiques et spiritualité, Le bonheur frappe à la porte nous exhorte à l’optimisme, Océan donne dans le romantisme grandiloquent…

L’album s’achève en beauté avec Planète bleue, prière pour une humanité à retrouver (Il faut faire honneur à ce que nous sommes / Et ce qui fait l’Homme, c’est la main tendue), avec son final tout en puissance porté par une nappe de synthés, la batterie royale et une guitare tranchante. Tiens, ça rappelle Unis vers l’uni, non ? C’est ça qui est bon !

 

Michel Jonasz, La Méouge, le Rhône, la Durance, MJM/Sony, 2019. Le site de Michel Jonasz, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

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