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Guy Thomas, 1934-2020

Guy Thomas et Jean Ferrat

Guy Thomas et Jean Ferrat

« Ah qu’il vienne au moins, le temps des cerises / Avant de claquer sur mon tambourin / Avant que j’aie pu boucler mes valises / Et qu’on m’ait poussé dans le dernier train ».
Cette chanson, Les cerisiers, clôture l’album Je ne suis qu’un cri de Jean Ferrat (1985). Un disque aux textes entièrement écrits par Guy Thomas. Ce poète et parolier prolifique, épicurien et révolté par la bêtise du monde, vient de nous quitter à l’âge de 85 ans.
Le poète insolent naît en Belgique en 1934, fils d’un père bourguignon et d’une mère wallonne. Il est très vite remarqué par ses illustres pairs à travers des publications dans diverses revues poétiques : Léo Ferré, François Mauriac, Georges Brassens et Jean Rostand. Il devient ensuite professeur de français et d’histoire géographie dans le Jura, à Champagnole, dans un lycée professionnel. À partir de 1960, il rencontre François Cavanna qui publie ses goualantes dans Hara-Kiri et Charlie Hebdo. « En 1969, explique le site officiel du poète, la publication de son premier recueil Vers boiteux pour un aveugle est remarquée par la presse, en particulier par le Monde et le Canard Enchaîné. C’est le critique de cet hebdomadaire qui lui recommande d’envoyer sa plaquette à Jean Ferrat. Celui-ci la lit par miracle, en tire une première chanson : ce sera La leçon buissonnière. »
je ne suis qu'un criContrairement à d’autres grands paroliers de la chanson, Guy Thomas est peu connu, mais ses chansons restent de la belle ouvrage, de l’orfèvrerie, et surtout, selon moi, de la chanson au vitriol et à la botte de Nevers bien placée et polémique. J’en veux pour preuve des textes comme Le bruit des bottes, Berceuse pour un petit loupiot, La porte à droite, Le singe, L’âne, Vipères lubriques, Caserne. Sa vie de prof auprès de jeunes qui vivent dans des conditions difficiles, il l’évoque forcément dans Viens mon frelot, La leçon buissonnière et Petit. L’amour coquin est très présent : Pardonnez-moi Mademoiselle, Concessions, Le chef de gare est amoureux, Le Kilimandjaro
Francesca Solleville a enregistré des textes de Guy Thomas que Ferrat lui-même a mis en musique : Je ne suis qu’un cri (présent sur son disque deux ans avant celui de Ferrat), Adultère, mais aussi un bijou d’écriture qu’elle chante avec émotion : Une écolière au tableau noir. Citons également, parmi les interprètes de Thomas, Isabelle Aubret, Les nomades, Zouzou Thomas et, parmi les compositeurs interprètes, Claude Antonini, Jean-Marie Vivier. En 2016 sort un CD inédit, Rue des Coquelicots, contient quinze chansons originales, inédites, de Guy Thomas pour les paroles et de Jocelyne Tremblay pour les musiques. Elles sont interprétées par les artistes québécois Pierrot Fournier et Christiane Asselin. Tout récemment, il était encore sur scène et sortait un CD de textes dits, Poèmes sans sucre ajouté.
Allez, pour ne pas perdre la main, servons-nous ce fameux vin de paille accompagné de pâté de jonquilles et chantons, avec Jean-Marie Vivier, ce couplet de Guy Thomas qui résonne bien en ce moment (vidéo ci-dessous) :  
Moi qui frise la soixantaine
Qu’on va retirer du boulot
Avec une retraite à peine
De quoi crevoter comme il faut
Moi le refus de vos hospices
Il me suffit d’un oreiller
Le bouquet des femmes complices
Et le bouquet de l’amitié
Je n’ veux pas de vos ragougnasses
Je mettrai mes crachats fielleux
Dans les gamelles dégueulasses
Où vous faites manger les vieux
 
Le site de Guy Thomas, c’est ici. Lire le témoignage de Guy Thomas sur Ferrat sur la revue Je Chante

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Je ne suis qu’un cri, par Jean Ferrat, dans un émission de Bernard Pivot :Image de prévisualisation YouTube

Une réponse à Guy Thomas, 1934-2020

  1. Pierre LACOMBE 19 janvier 2020 à 18 h 17 min

    Ce soir là, mon amie Gisèle m’informe de la venue de Guy Thomas à Oussières pour le concert du cher et regretté Jean-Marc le Bihan. Les spectateurs arrivent, se saluent avant que Guy entre dans ce salon avec son épouse. Ce monsieur que je n’avais jamais eu le bonheur de rencontrer est bien là, en toute simplicité et toute humilité. Plus de deux heures plus tard, timidement je m’approche de Guy et nous échangeons. Ses mots coulent dans une sagesse infinie et je les abreuve avec grande intention. La soirée se poursuit. Quelque peu fatigué, Guy se retire et je garderai, dans ma mémoire, ce court moment que j’aurais aimé prolonger. Aujourd’hui, je pense aux siens qui sont fort tristes d’avoir perdu un mari, un père et plus encore ! Guy, peux tu saluer tous ceux qu’on a su apprécier grâce à tes mots ?

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