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Redéfinir notre géographie musicale

Philippe Séranne (photo collection personnelle Philippe Séranne)

Philippe Séranne (photo collection personnelle Philippe Séranne)

Il y a quelques jours, Philippe Séranne, troubadour à vélo, achevait un tour très local de concerts dans des lieux communs, des lieux « non désignés de concert » de ses Alpes du sud d’adoption.

Peu connu des scènes nationales, l’auteur-compositeur-interprète à la folie douce et à la douce fureur n’a en effet pas attendu cette chère Covid pour remettre en question nos habitudes de sorties musicales : « poète politique, provocateur et anticonformiste, il emmène son piano dans les fermes, les trains, les usines, les assemblées citoyennes et les lacs pour y slamer le pouvoir, l’argent, l’amour, la mort »… le tout à vélo !

Moi-même, habitante provinciale, ai pu ainsi bénéficier d’un de ces concerts prévisiblement impromptus, entre deux parois grandioses des Alpes de Haute-Provence, le son d’un jardinier sarclant sa terre non loin de notre chapiteau. À l’abri de la nuit d’automne doucement tombante et devant nos nez masqués : le piano-vélo, 100 kg de bois et de cordes, peinturluré de vert printemps par une de ses auditrices d’antan posé sur son piédestal cyclesque.

Philippe Séranne, commencé solo, n’y est d’ailleurs plus tout seul : ce soir-là, le piano se mêle à un tambourin, rencontre musicienne d’un jour. Deux jours après, le voilà qu’il s’enrichit des mots d’une écrivaine du coin (à Saint-Géniez, en duo avec Johanna Gleise).

N’y aurait-il pas une piste de sortie à y voir en ces temps peu guillerets ? Une voie autre que virtuelle, des Zoom-attitudes et Youtube à la chaîne ? Du rapport humain masqué mais bien connecté, en chair, en os et en voix ?

Attention, je ne dis point ici qu’il suffit de prendre la clé des champs, justifiant en passant le délire gouvernemental arrêté sur ses syntagmes rassurants de « mesures anti-covid », « gestes barrières » et autres pilules du soir. Ni d’ailleurs ne renie le joli Web et ses multiples possibilités. Non, je trouve simplement cette autre manière de faire passer la chanson digne d’intérêt.

Au lieu d’un repli déprimant sur le moins, une exploration augmentée de sa géographie locale. Pour continuer à faire pousser chansons — à faire circuler mots, idées, énergies; finalement peut-être bien mieux que dans le schéma consommateur de la grande salle obscure.

 

Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Philippe Séranne, avec et sans piano, c’est ici et .

En guise d’illustration musicale, Philippe Séranne reprenant en chanson les mots réconfortants de Pierre Henri (Vankerrebrouck), lui qui s’était baptisé « comique de salubrité publique ». Indispensable en ces temps difficiles. Il faut que l’on s’aimeImage de prévisualisation YouTube

 

 

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